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Face aux candidats à la présidentielle, les chefs d’entreprises ont présenté trois priorités incontournables
©MIGUEL MEDINA / AFP

Atlantico Business

La compétitivité, les impôts de production et l’intéressement sont les trois champs de bataille sur lesquels les chefs d’entreprise ont décidé de se battre et ils commencent peut- être à être entendus par les candidats à la présidentielle

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Fini le temps où un candidat à la présidentielle fustigeait les grands patrons et exploiteurs. Oublié le temps pas si éloigné où un candidat se faisait élire en expliquant que son ennemi était la finance. 

Le grand oral des candidats à la présidentielle, organisé par le Medef, n’aura peut-être pas été inutile. Au départ, les patrons n’étaient pas chauds de se plier à cet exercice, parce qu’ils pensaient n’avoir que des coups à prendre dans un festival de démagogie. 

En fait, le ton a été bien différent : du débat certes, des propositions, mais assez peu d’oukases. On n’en est pas encore en France à construire un compromis mais tout se passe comme si chacun en avait envie. 

Envie de solutions pragmatiques, face aux grands défis dont tout le monde ou presque reconnait l’urgence : la transition numérique, la transition énergétique, l’apport nécessaire - pour presque tous - du nucléaire, l’amélioration du pouvoir d’achat, la relocalisation industrielle, et même la répartition meilleure des richesses. 

Et quand même le candidat communiste réclame un choc de demande par l’augmentation des bas salaires, mais demande en même temps un choc d’offre - sinon pas d’investissement, pas d’innovation et pas d’emplois industriels - on croit rêver ! Ce discours pragmatique a ainsi été tenu par tous les candidats présents.

Au terme de cette journée de confrontation qui aura eu le mérite de faire dialoguer des acteurs qui parlent assez rarement ensemble, les chefs d’entreprises en ont profité pour rappeler les priorités qu‘ils estiment incontournables et sur lesquelles on n’a pas entendu trop de critiques ou d’oppositions. 

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La première, c’est évidemment la compétitivité. En gros, on fabrique en France des produits encore trop rares et évidemment trop chers. Passons sur l’industrie du luxe, parce que la qualité et le prix du produit sont des leviers marketing très puissants et ont fait de la France un leader mondial. Mais pour le reste, nous sommes gravement déficitaires et dépendants de l’étranger. Le déficit commercial est abyssal, c’est le plus profond de tous les pays européens et cette situation rend pratiquement impossible une majoration de la demande dont l’essentiel se retrouve engouffrée dans des produits d’importation. La meilleure compétitivité est la clef du rééquilibrage de la balance commerciale, de la réindustrialisation, de la création d’emplois, de l’attractivité, des prix de l’énergie. Alors cette compétitivité améliorée passe par la mise au niveau européen des taxes et des charges bien sûr, et donc par une baisse des dépenses publiques et sociales, mais aussi par une efficacité plus grande des systèmes d’éducation ou de santé.

La deuxième priorité des chefs d’entreprise, c’est la baisse des impôts de production. Les chefs d’entreprise reconnaissent que le niveau des impôts sur le revenu, les bénéfices et le capital sont revenu en France à la moyenne européenne. En revanche, sur les impôts de production, c’est à dire des impôts qui sont assis sur l’activité ou même souvent sur la promesse d’activité, sont quatre fois plus lourds qu’en Allemagne. C’est le principal handicap pour la compétitivité, puisqu’ils représentent un prélèvement de 100 milliards d’euros par an.  Les entreprises les plus lourdement touchées sont les entreprises industrielles de taille intermédiaire, les ETI et les PME. Selon une étude réalisée par le think tank, l’institut Montaigne, les impôts de production représentent 14% de la valeur ajoutée dans ce type d’entreprise.

Au niveau national, toute catégorie d’entreprises confondues, les impôts de production représentent 5,3% du PIB, il n’y a que la Suède qui fasse plus lourd avec 10% du PIB. Sinon, l‘Espagne est à 2,1%, la Belgique 1,1%, l‘Allemagne 0,4 % mais en valeur absolue, la France est première de la classe avec 120 milliards. L‘Allemagne n’est qu’à 27 milliards. 

Ces impôts de production pèsent sur l’attractivité, la concurrence internationale, l’emploi et évidemment sur le pouvoir d’achat. 

Tous les candidats sont d’accord avec la nécessité de baisser les impôts de production, y compris chez le futur candidat Macron qui a déjà allégé de 10 milliards la facture. Le problème auquel le patronat est très sensible est de savoir comment financer ces allègements. Parce que si on supprime les impôts de production pour les remplacer par une nouvelle taxe, le coup sera nul. La clef, c’est évidement la baisse conjointe des dépenses publiques. On touche là au maillon faible de tous les programmes. 

La troisième priorité porte sur l’intéressement et la participation. C’est pour beaucoup de patrons la clef du pouvoir d’achat, un rééquilibrage du partage de la valeur, et une contribution à l’amélioration du climat social. 

Les systèmes d’intéressement et de participation installés par le Général de Gaulle et progressivement améliorés au cours des années, restent encore trop compliqués à mobiliser et trop fiscalisés. La loi Pacte, défendue par Bruno Le Maire en 2019, qui a facilité la pratique de la participation, a boosté l’accès à ces systèmes. Mais selon les grands acteurs de l’épargne salariale, si 51% des salariés du secteur privé non agricole ont accès à la participation, la part des bénéficiaires est ridicule dans les petites et moyennes entreprises, 13% dans les entreprises de moins de 10 salariés. 

Théoriquement, la loi Pacte avait rendu obligatoire la négociation d’un accord de participation ou d’intéressement. Moins de 30 branches sur 220 ont négocié un tel accord.  Le système souffre d’un manque d’information, on ne sait pas toujours dans les petites et moyennes entreprises de moins de 50 salariés que l’accord de participation est assorti d’un forfait social nul, bref pas de charges sociales. Pour beaucoup de représentants patronaux, il faudrait donc aller plus loin. Cet argent appartient aux personnels. Ils ont déjà payé l’impôt. Il faut donc simplifier les conditions d’accès, informer les acteurs salariés et représentants syndicaux, et alléger les impôts et charges calculés sur ces revenus. 

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