Explosion des fraudes à la carte bancaire : la vérité sur un moyen de paiement dont les banques se gardent bien de révéler les failles grandissantes<!-- --> | Atlantico.fr
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Chaque année, les Européens sont victimes de vols de données présentes sur les cartes bancaires pour un montant avoisinant 1,7 milliard d’euros.
Chaque année, les Européens sont victimes de vols de données présentes sur les cartes bancaires pour un montant avoisinant 1,7 milliard d’euros.
©Reuters

Dessous des cartes

Sous l'impulsion des nouvelles technologies, la fraude est protéiforme et coûte aux banques. Celles-ci se doivent de réfléchir dès à présent à de nouveaux modes de paiement... Et les consommateurs de s'assurer de leurs bonnes pratiques lorsqu'ils naviguent sur internet.

Michel Ruimy

Michel Ruimy

Michel Ruimy est professeur affilié à l’ESCP, où il enseigne les principes de l’économie monétaire et les caractéristiques fondamentales des marchés de capitaux.

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Atlantico : 840 000 ménages ont été victimes d'une fraude bancaire en 2013, d'après une enquête de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) publiée le 1er septembre 2015. Parmis eux, une majorité (61%) résulte d'achats réglés par carte bancaire. Réputée sûre lors des premières mises en service à la fin des années 1960, pourquoi ce mode de paiement l'est-il beaucoup moins de nos jours ?

Michel Ruimy :Quelques chiffres pour fixer le phénomène. Chaque année, les Européens sont victimes de vols de données présentes sur les cartes bancaires pour un montant avoisinant 1,7 milliard d’euros. Et, selon une étude de Checkpoint, une société spécialisée dans la sécurité informatique, la France serait particulièrement touchée par ce phénomène avec, en 2013, une perte de près de 550 millions d’euros.

Pour répondre plus précisément à votre question, ce n’est pas tant le mode de paiement qui convient de considérer mais le fait que si la densification des réseaux informatiques a permis l’essor de nouveaux moyens de communication (messagerie électronique, réseaux sociaux…), ce processus est aussi à l’origine de l’apparition de nouveaux procédés qui permettent à certains individus d’obtenir des informations confidentielles et personnelles, notamment bancaires (phishing, scam, introduction dans les systèmes d’information type fichier-clients, etc.). Les cartes bancaires européennes, bien qu’équipées de technologies de sécurité avancées (puces et codes PIN), sont ainsi facilement utilisées aux États-Unis où la protection est uniquement limitée à la bande magnétique des cartes. Autre point. Les systèmes de sécurité des cartes bancaires à puce sont d’une importance secondaire contre les attaques de logiciels malveillants. Les pirates peuvent donc utiliser, par exemple, partout dans le monde, les numéros de cartes bancaires dérobés aux États-Unis.

Le nombre de fraude bancaire a progressé de 67,7% entre 2010 et 2013, toujours selon les chiffres de l'enquête publiée par l'ONDRP. Cette intensification des fraudes va-t-elle encore s'accélérer ?

En effet, comme vous le rappelez, ce sont près de 840 000 ménages français qui ont subi des escroqueries bancaires en 2013 pour un préjudice souvent inférieur à 240 euros. Ce chiffre augmente régulièrement et le chiffre annoncé représente environ 300 000 ménages de plus qu’en 2010. La principale raison d’une telle augmentation est due au développement du commerce électronique.

Ce chiffre risque malheureusement de s’accroître car près d’un tiers des fraudes bancaires sont liées à un achat en ligne sur l’Internet et durant lequel les internautes sont peu vigilants à la sécurité lors de la transmission de leurs coordonnées bancaires.

Malgré tout, l'utilisation d'une carte bancaire est devenue incontournable pour la majorité des Français. Face à ces fraudes, comment faire pour se protéger tout en continuant de l'utiliser au quotidien ?

La carte bancaire est un vrai succès marketing. Il y a près de 63 millions de cartes bancaires en circulation en France ! Depuis 2001, en nombre de transactions, il y a eu chaque année plus de paiements par carte que de paiements par chèque. Ce mode de paiement est donc, a priori, partie intégrante de notre vie. Sa protection est donc cruciale. Néanmoins pour se protéger, il convient de garder à l’esprit quelques règles de prudence. Par exemple, n’écrire nulle part son code confidentiel, ni le communiquer à un tiers quel qu’il soit ; toujours composer le code confidentiel à l’abri des regards indiscrets en masquant, par exemple, le clavier de son autre main ; ne pas se laisser distraire par un tiers lors d’un paiement / retrait ; conserver sa carte en lieu sûr et ne la confier à personne ; conserver ses tickets (y compris électroniques) et vérifier régulièrement ses relevés bancaires ; signaler immédiatement à la banque toute anomalie sur son relevé bancaire ; garder en lieu sûr le numéro de la carte et sa date d’expiration pour pouvoir la mettre en opposition plus rapidement. Et il y en a beaucoup d’autres !

A plus long terme, peut-on sérieusement envisager la mort de la carte bancaire ? Quels autres moyens de paiement pourraient bien prendre sa suite ? A quelle échéance ? Google checkout ou Paypal pourraient-ils par exemple venir grappiller des parts de marché aux banques ?

La Banque s’est toujours acclimatée aux nouvelles évolutions technologiques. Avec l’avènement de l’informatique, elle a mis en place, en réponse, des opérations automatisées. Avec l’apparition de la puce électronique, elle a développé la carte bancaire munie d’un microprocesseur. Donc, la carte bancaire existera tant qu’elle répondra à des besoins et ne sera pas supplantée par un autre mode de paiement répondant mieux aux attentes de la clientèle.

Aujourd’hui, Le marché des paiements est un marché en croissance avec de nombreux acteurs, autres que bancaires principalement issus de l’Internet et de la téléphonie (Google, Apple…). Le nombre de transactions électroniques est ainsi en augmentation en raison de l’élargissement de l’offre (m-payment par exemple). Le marché est devenu plus concurrentiel et la part des banques risquent, en conséquence, de diminuer à l’avenir si elles ne proposent pas d’autres services et supports pour mieux capter / fidéliser le client bancaire.

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