Européennes : une défaite aussi pour l'UDI<!-- --> | Atlantico.fr
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Hervé Morin, leader de l'UDI.
Hervé Morin, leader de l'UDI.
©Reuters

Tribune

Une tribune de Marc d’Héré, conseiller national UDI, président du Cercle des Libertés Egales et animateur de "Reconquête".

Marc  d'Héré

Marc d'Héré

Marc d'Héré a participé en 1999 avec J.M. Bockel à la fondation du club "Gauche Moderne", dont il fut secrétaire général jusqu'en 2006. Lors du référendum européen de 2005, il a convaincu B. Kouchner, E. Guigou, D. Cohn-Bendit, G. Collomb... de créer le Comité de la Gauche Pour le Oui, dont il fut secrétaire général. Quittant le PS en 2006, il soutient N. Sarkozy lors de la présidentielle et rejoint le Parti "La Gauche Moderne" puis l'UDI dont il est Conseiller National. Il est aussi président du Cercle des Libertés Egales. Il a publié "Plus belle la Gauche" avec G. Casanova en 2010, "La Déclaration du Président" en 2011 et "La Ceinture de la Vierge" en 2013.

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Le Front National a gagné, largement, et tous les autres ont perdu.

La défaite est particulièrement lourde pour le Parti Socialiste (moins de 14% !), pour François Hollande, que les Français rejettent sans réserve, et de manière sans doute irréversible. Mais c’est aussi une défaite pour Manuel Valls qui s’était fortement impliqué dans la campagne contre le Front National. Le résultat représente, pour lui, personnellement, un échec qui risque de signifier le début de la chute.

Mais c’est sur une autre défaite, peu signalée, que je veux m’attarder, celle de l’UDI, qui réalise moins de 10% alors que, comme l’avait annoncé en début de campagne, Chantal Jouanno, il espérait atteindre les 15%.

Pourquoi cette défaite de l’UDI à une élection qui aurait dû lui être particulièrement favorable ?

J’y vois trois raisons principales : son projet européen, son alliance avec le Modem, son positionnement flou…

Le projet européen présenté par l’UDI, peu critique vis-à-vis du fonctionnement actuel de l’Union Européenne, était un projet fédéraliste ou du moins, tendant vers le fédéralisme et limitant dans les institutions, le rôle joué par les gouvernements des Etats. Ce projet était en réalité quelque peu irréaliste et dépassé car si le fédéralisme pouvait facilement se réaliser quand l’Union comprenait 6 Etats, s’il était déjà plus difficile à envisager à 12, il est devenu totalement impossible à 28 ! Par ailleurs, les Français, dans leur immense majorité n’en veulent plus et agiter cet objectif ne peut que leur déplaire.

Deuxième raison de cet échec, l’ abandon de son alliance avec l’UMP, pour faire listes communes avec le Modem de François Bayrou. Cette grave erreur qui a permis au Front National de terminer en tête (si l’UDI avait reconduit son alliance naturelle avec l’UMP, ce sont ces listes qui l’auraient emporté!), n’a pas eu les conséquences positives attendues (pas plus qu’aux municipales.)
Cette alliance apparaît en effet contre nature aux Français qui ont la mémoire moins courte qu’on ne le croie et qui se souviennent fort bien que l’UDI a soutenu Nicolas Sarkozy il y a deux ans, quand Bayrou s’était, lui, clairement prononcé pour Hollande dont il a favorisé l’élection. Cette alliance qui n’apporte rien au centre dans son ensemble - qui fait un score médiocre - ne profite qu’au Modem qui était devenu inexistant et à qui cette alliance permet de retrouver des forces, des militants et des élus. Quand à l’UDI, elle aura certainement moins d’élus aujourd’hui qu’une alliance avec l’UMP ne lui en aurait apportés!

Et moralement, quel gâchis ! J’imagine les réactions des militants de l’UDI quand ils ont vu sur France 2, dans le grand débat de jeudi précédant l’élection européenne, qu’ils étaient représentés par Français Bayrou ! Ont-ils adhérés à l’UDI pour ça ?

Troisième raison enfin qui prolonge un peu la précédente, le positionnement ambigu et flou de l’UDI qui se prétend dans l’opposition mais, à l’Assemblée Nationale, multiplie les soutiens ou au moins les « abstentions positives » aux projets du gouvernement ! Elle parle d’une « opposition constructive » quand il faudrait, pour être clair, adopter une opposition responsable, mais ferme et résolue … « L’opposition constructive », pouvant apparaître aux yeux de nos compatriotes et de certains observateurs comme une étape sur la voie d’une collaboration ou d’un futur ralliement, contribue à troubler le message de l’UDI et à faire douter de ses convictions, de ses objectifs et de son positionnement. Cela n'incite pas l'électeur à voter pour elle.

Tant que l’UDI n’adoptera pas une position claire et réaliste sur son projet, sur ses alliances et sur son positionnement, ce sont des jours difficiles qu’elle sera encore amenée à vivre.

J’espère vivement que cette clarification nécessaire interviendra sans trop attendre.

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