L'Union européenne existera-t-elle encore dans un an ? <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
La crise de la zone euro participe à la définition d'une Europe de plus en plus différenciée.
La crise de la zone euro participe à la définition d'une Europe de plus en plus différenciée.
©Reuters

Summa divisio

Avec la crise de la zone euro, certains Etats finissent par devenir "plus égaux que d'autres"... Et les clivages entre Europe sociale et Europe libérale ne cessent de se creuser, notamment sous l'influence des Britanniques, bien décidés à ne pas se laisser isoler.

Jean-Luc  Sauron

Jean-Luc Sauron

Jean-Luc Sauron est professeur associé à l'Université Paris-Dauphine.

Voir la bio »

La thématique d'une Europe à deux vitesses semble faire recette récemment parmi les commentateurs politiques. L'actuel Président de la République française, Nicolas Sarkozy a, à plusieurs reprises, souligné que l'Europe était divisée entre l'Europe de l'euro et celle du marché unique.

Mais les lignes de séparations paraissent se multiplier. Il est prévu, dans le "traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance dans l'Union économique et monétaire" (ci-après le traité) que des "sommets" des chefs d'Etat et de gouvernement puissent connaître trois formulations: les sommets des pays membres de la zone euro signataires du traité, les sommets des pays du "pacte de l'euro+" et des sommets de tous les signataires du traité. Il serait peut-être plus prudent de prévoir des badges avec puce pour vérifier si certains chefs d'Etat ou de gouvernement ont bien le droit d'assister à la réunion en cours ! Sans compter ceux qui ne sont "que" membres de l'Union européenne !

Mais au-delà de ces différentes Europe, d'autres lignes de force se dessinent. Les Britanniques n'ont pas dit leur dernier mot après avoir été écartés de la gouvernance économique européenne lors du Conseil européen des 8 et 9 décembre 2011.

Après avoir menacé de priver les signataires du traité de l'accès aux locaux de l'Union européenne à Bruxelles ou de l'usage des certaines institutions européennes (la Commission européenne ou la Cour de justice), David Cameron a pris son bâton de pèlerin et paraît vouloir constituer une Europe libérale, libre-échangiste et non-intégrationniste au sein de l'Union européenne. Il a commencé par démarcher la Suède, un de ses partenaires de l'Association Européenne de Libre - Echange, constituée en son temps pour contrer la réussite de la Communauté économique européenne. L'histoire dira si le Premier ministre britannique parviendra à regrouper autour de lui d'autres Etats très attachés à la libre entreprise et très sourcilleux de leur indépendance nationale: la République tchèque, la Hongrie ou certains Etats baltes.

La marche forcée à l'intégration que la zone euro connaît depuis 2010 et qui s'est brusquement accélérée avec le traité qui sera signé le 1er mars prochain joue le rôle de révélateur des positions des Etats membres de l'Union européenne vis-à-vis du prix qu'ils sont prêts à payer pour rester dans le cœur, non de l'Union européenne, mais de l'Union économique et monétaire.

La crise de la zone euro participe à la définition d'une Europe de plus en plus différenciée. Certes la Grèce, le Portugal et l'Irlande demeurent membres à égalité des autres Etats de l'Union européenne. Mais, pour paraphraser Anatole France, si tous les Etats membres de l'Union européenne sont égaux, il y en a des plus égaux que d'autres ! Certes, les trois Etats de la zone euro assistés par la troïka ont gardé leur droit de parole au sein des Conseils européens. Mais pour dire quoi et qui écoute des débiteurs dont la survie financière dépend d'un "Eurogroupe" peu amène et fort exigeant sur le bon déroulement des plans d'ajustement économique surveillée par des créanciers de plus en plus sévères.

Les bruits de lâchage de la Grèce contribuent à forcer les majorités nationales à adopter des plans d'austérité de plus en plus exigeant et qui poussent à une libéralisation accrue des économies concernées. Avant l'actuelle crise de la zone euro, la dernière intervention du FMI en Europe remontait à 1975 et avait déroulé ses feux en…Grande-Bretagne et conduit à l'arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher.

L'Europe est devenue, selon Angela Merkel, une politique intérieure. En tant que telle, elle est devenue (enfin!) un élément central du débat politique interne des Etats membres. Mais les institutions européennes actuelles (Commission, Conseil des ministres, Conseil européen et Parlement européen) sont-elles adaptées à une Europe qui clive ses partisans de plus en plus : entre Europe sociale et Europe libérale, entre Europe intégrée et club d'Etats ?

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !