Euro 2024 France Pologne : les Bleus en marche vers un futur qui ne leur fera pas de cadeaux<!-- --> | Atlantico.fr
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Kylian Mbappé et Bradley Barcola lors du match France - Pologne lors de l'Euro de football.
Kylian Mbappé et Bradley Barcola lors du match France - Pologne lors de l'Euro de football.
©FRANCK FIFE / AFP

Football

Pendant que votre moral n'en fait qu'à sa tête et que je rêve de donner mon nom à un sandwich, l'Euro 2024 distille, au compte-gouttes, le nom des heureux survivants des phases de groupes. Les Bleus, accrochés par des Polonais qui n'ont pas manqué d'impact (de Varsovie, bien entendu), en font bel et bien partie.

Olivier Rodriguez

Olivier Rodriguez

Olivier Rodriguez est entraîneur de tennis et préparateur physique. Il a coaché des sportifs de haut niveau en tennis. 
 
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À dire vrai, ils en faisaient partie avant même de battre Lewandowski et ses copains. Mais puisqu'il s'agissait juste de savoir à quelle place du groupe D la France allait finir, maintenant, on sait. On sait que l'équipe de France, deuxième derrière les surprenants Autrichiens, partira à Düsseldorf pour y rencontrer le deuxième du groupe E, dans six jours.
Ces choses étant précisées, l'autre enseignement de ce match concerne le chantier de l'attaque, dont on peut dire sans se vanter qu'il n'a quasiment pas avancé. Je dis "quasiment" car le peu d'honnêteté intellectuelle qui me reste m'oblige à écrire que si le manque d'efficacité chronique des Bleus esquissait, jusqu'ici, un horizon un tantinet mâtiné par le piège doux-amer des réminiscences (*), celui-ci n'est guère plus dégagé puisque nos attaquants semblent toujours enfermés dehors. Pardon ? J'exagère ? Faut pas oublier qu'ils ont marqué ? Oh... oui... C'est vrai... Mais pas tout de suite, puisqu'il aura fallu attendre la 56e minute du match pour faire péter le verrou, et encore, qu'une fois. Sur un pauvre pénalty, après que Dembélé, qui avait franchement tout raté (12 ballons perdus en première période), se fut fait faucher par Kiwior. Un but qui faisait suite à 236 minutes de stérilité offensive depuis le début de la compétition et à une kyrielle d'occasions plus ou moins ratées, selon que l'on considère le brio du gardien polonais ou la maladresse de nos velléités. Un but qui n'aura malheureusement pas empêché Lewandowski d'égaliser sur un pénalty (tiré deux fois) qui ne manquera pas d'alimenter les éternels débats sur l'arbitrage et ses tendances arbitraires.
Bref, à la lecture de ces lignes, vous comprenez qu'il s'en est fallu de peu pour que nos attaquants ne regagnent les vestiaires en affichant les yeux d'épagneuls fourbus n'ayant pas retrouvé les gibiers abattus. 
Le tout dessinant un bilan guère folichon... Sur le plan du jeu d'abord, puisque l'équipe ne montre pas plus de progrès dans les idées que dans la finition (un but marqué sur 53 tentatives !)... Sur les individualités ensuite, car chacun a pu constater que les rentrants n'ont pas fait mieux que les titulaires, surtout Griezmann.
Bref, si les problèmes d'aujourd'hui sont des acomptes sur les joies de demain, c'est pas grave... Mais dans le cas contraire...
Pour donner quelques touches de couleur à un match qui en a manqué, voici quelques appréciations individuelles : 
Skorupski : décisif à de multiples reprises (face à Hernandez 11e, Dembélé 19e, Mbappé 42e, 45e, 49e, et Barcola 59e), le portier polonais était tout simplement dans un grand soir.
Dembélé :  le pénalty qu'il provoque et les deux bons centres qu'il adresse ne sauvent pas tout. En frappant souvent "au p'tit bonheur la chance" et en affichant un déchet technique trop gros pour être vrai, il ne peut se soustraire à LA question : comment peut-on perdre autant de ballons en tentant aussi peu (20 pour 4 dribbles tentés !) ?
Mbappé : frais comme un nouveau-né, il a inscrit sur pénalty son premier but dans un Euro après six tentatives et son 48e but en bleu. S'il n'a pas tout bien fait (trois duels manqués) et s'il a souvent évolué trop loin de la zone de vérité, il ne s'est pas caché. Inutile de vous dire combien il est difficile de ne pas associer son retour à la fin de la stérilité générale.
Griezmann : il n'a pas joué les trois quarts de la rencontre ? Et alors ? La pauvreté de l'animation offensive (l'inverse marche aussi) constatée hier ne peut que rappeler combien ses capacités créatives et sa faculté à jouer entre les lignes ont fait défaut. Grizou, reviens ! Mais avec une autre attitude, s'il te plaît...
Upamecano : en commettant une faute sur Swiderski qui coûte cher, il a prouvé qu'on n'est jamais aussi bien desservi que par soi-même. Dommage, car son match avait de l'allure.
Barcola : sa première titularisation est globalement satisfaisante car il n'a pas manqué d'allant. Sans compter que grâce à lui (9 duels gagnés sur 14) et à sa connexion avec Mbappé, le côté gauche a moins ressemblé à un Toussaint de ciel (pourquoi j'utilise la forme anglaise pour écrire, moi ???!!!). Et si on lui donnait une autre chance ?
C'est donc avec bien peu de certitudes et beaucoup de questions que l'équipe de France s'avance vers un futur qui ne lui fera pas de cadeaux maintenant qu'on la sait reversée dans la partie de tableau de l'Allemagne, de l'Espagne et du Portugal.
Le tout convoquant idéalement un drôle de calendrier puisque l'Ascension vers la gloire, le sublime toboggan à l'envers qui permettrait de marcher sur les traces de Platoche, tombe cette année le 14 juillet. C'est fort en symboles, non ?
D'ailleurs, en parlant de symbole, si on finissait cet article avec Platini ? Ça éviterait, comme trop souvent, de lister les navrements et de cataloguer les affres... Platini ou toute la poésie d'une époque... Un joueur rare, surtout, autant organisateur que buteur... Et croyez-moi que dans l'histoire du jeu, ils sont peu nombreux à pouvoir y prétendre. Car d'habitude, en football, les choses sont bien séparées : le meneur de jeu est un scénariste, il lui est demandé d'avoir des idées. Le buteur, lui, est un acteur. C'est-à-dire qu'il lui est demandé de se servir des idées des autres. Eh bien sachez que Platini était tout ça... Et même plus, car du football, il avait tout : la grammaire, la syntaxe, le rythme... C'est bien simple, il lui suffisait de se conjuguer pour jouer avec les autres. Pour toutes ces raisons, Platini reste aussi inclassable qu'inoubliable. Oui, inoubliable, comme tous les vestiges de l'enfance.
Allez, ça suffit comme ça, j'suis crevé. À lundi prochain.
(* cf. Coupe du monde 2002)

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