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Les Etats-Unis face à la pression de la dette
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Cocotte-minute

Les négociations entre Démocrates et Républicains pour remonter le plafond de la dette s'enlisent. Exaspéré, Barack Obama met son mandat en jeu et indique qu'il ne fera plus de concession. En attendant, Moody's place la note américaine sous surveillance. Standard & Poor's pourrait suivre.

[Mise à jour le 15 juillet à 8h45]

Après une cinquième séance de négociations toujours infructueuse, Barack Obama a posé un ultimatum aux élus républicains : "Le temps des décisions est venu. Il nous faut des projets concrets pour progresser. (...) Il ne faut pas jouer avec la dette, les Américains perdront patience".

Le président des Etats-Unis a donné entre 24 et 26 heures pour que les protagonistes des négociations se réunissent avec leurs groupes respectifs afin de trouver un accord avant lundi prochain. La Maison Blanche espère toujours un consensus le plus large possible. M. Obama devrait tenir une conférence de presse ce vendredi 15 juillet, à 17 heures (en France).

Le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, a par ailleurs averti le Congrès qu'il n'était plus possible de reculer devant l'échéance du 2 août qui ne sera pas prorogée grâce à des manœuvres techniques. "Il est impératif de parvenir ensemble à un accord, et d'envoyer ainsi le signal que nous répondons à nos obligations", a t-il dit.

Dans une autre mesure, Ben Bernanke a expliqué que la crise de la dette en Europe menace l'économie des Etats-Unis. Le président de la Banque centrale américaine a expliqué : "Ce qui se passe [en Europe] menace l'économie des Etats-Unis parce que s'il devait y avoir une forte détérioration de la conjoncture en Europe, nous verrions une augmentation généralisée de l'aversion au risque, une chute des prix des actifs financiers et une instabilité forte sur les marchés".

[Le 14 juillet]

La prochaine élection présidentielle américaine est peut-être en train de se jouer en ce moment.

Barack Obama aurait lui-même mis son mandat en jeu, exaspéré par la tournure prise par la quatrième séance de négociations entre Républicains et Démocrates pour relever le plafond de la dette. "J'ai atteint mes limites. (...) Je ne céderai plus rien", aurait dit le président américain qui a semble t-il écourté cette dernière réunion dans une certaine fureur, nous indique Business Insider. Il n'a plus de concessions à faire sur le prochain budget, et met donc les Républicains face à leur responsabilités.

Sans accord sur la réduction des déficits et la réévaluation du plafond de la dette (14 000 milliards de dollars) avant le 2 août 2011, les Etats-Unis s'exposent à un défaut de paiement historique. En clair, l'Etat fédéral ne pourrait plus emprunter et ne serait donc plus en mesure de rembourser certains de ses créanciers. Il faudra alors engager une politique d'austérité brutale (hausse des impôts, baisse des dépenses sociales...) aux conséquences qui ne toucheront pas que les Etats-Unis. Le président de la Banque centrale américaine Ben Bernanke a averti que, sans accord, le pays courait le risque d'une "énorme calamité financière", explique Carl Husle dans The New York Times.

La situation s'est encore tendue avec la mise sous surveillance de la note américaine par Moody's. L'agence de notation perçoit une "possibilité grandissante" que le Congrès ne réévalue pas le plafond de la dette assez tôt. Le Wall Street Journal croit savoir que Standard & Poor's pourrait aussi dégrader sa note, même si les Etats-Unis parvenaient à éviter un défaut de paiement. Le journal explique qu'"une telle dégradation risque de faire monter les taux d'intérêt en même temps que les bourses dégringoleront, et les marchés financiers internationaux seront alors impactés".

Un débat avant tout politique ?

Toutes ces spéculations sur les finances américaines sont alimentées par les atermoiements des responsables politiques, républicains comme démocrates. Sans entrer dans les détails techniques, les premiers veulent d'abord réduire les dépenses fédérales pour ensuite augmenter le plafond de la dette de manière proportionnelle. Inacceptable et irresponsable, pour certains élus démocrates.

Ce qui se joue dans les coulisses des négociations est un petit théâtre où Républicains et Démocrates avancent leurs pions les yeux rivés vers les prochaines élections. Qui profitera du blocage ? Qui aura avantage à ce qu'un accord soit trouvé ? C'est une partie de poker où les coups de bluff sont monnaie courante. Chacun y va de son petit calcul politicien, ce qui n'est pas pour arranger les choses...

Comme le note Megan McArdle, éditorialiste de The Atlantic, sur Business Insider, il existe de plus "un gigantesque fossé entre New York et Wall Street". "Mais c'est la politique, pas les maths, qui posent problème. A court terme, ce qui importe est de savoir si, ensemble, nous parviendrons à augmenter le plafond de la dette".

Peu de doute pour les plus optimistes qui se réconfortent en pensant que le plafond de la dette a été réévalué une dizaine de fois depuis les années 2000, comme le montre le graphique ci-dessous publié par le Washington Post. La situation n'est donc pas tout à fait exceptionnelle même si, à la décharge des Républicains, la fuite en avant semble inquiétante.

Le feuilleton politico-financier, fait de multiples rebondissements, tient en haleine comme une série télé, explique Eleanor Clift dans The Daily Beast. Elle analyse notamment : "Pour les deux camps à l'approche d'une année électorale, ces négociations peuvent changer le paysage politique aussi profondément que la crise économique de 2008 à l'issue de laquelle Obama est apparu comme un leader crédible alors que John McCain semblait désarmé". 

Les élus américains l'ont bien compris, et c'est bien ça qui pose problème...

C. M.

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