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Et si le Parti socialiste et Les Républicains disparaissaient ?
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Liberté chérie

Dans le contexte abracadabrantesque actuel, la question deviendrait presque sérieuse. Et même si ça ressemble encore à de la science fiction, ne nous privons pas du plaisir de rêver un peu.

Aurélien Véron

Aurélien Véron

Aurélien Véron est président du Parti Libéral Démocrate et auteur du livre Le grand contournement. Il plaide pour passer de l'Etat providence, qu'il juge ruineux et infantilisant, à une société de confiance bâtie sur l'autonomie des citoyens et la liberté. Un projet qui pourrait se concrétiser par un Etat moins dispendieux et recentré sur ses missions régaliennes ; une "flat tax", et l'ouverture des assurances sociales à la concurrence ; le recours systématique aux référendums ; une autonomie totale des écoles ; l'instauration d'un marché encadré du cannabis.

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Qui n’a pas osé imaginer un jour, secrètement, que le PS, ou LR-UDI, disparaissait ? Vous n’avez alors sans doute pas osé en parler autour de vous afin de ne pas passer pour un doux dingue. Vous aviez raison, je l’ai vérifié pour vous. Mais dans le contexte abracadabrantesque actuel, la question devient sérieuse. PS saigné par Emmanuel Macron et LR surendettés au bord de l’explosion. Nous pourrions même imaginer que la question ne se pose plus pour l’un OU l’autre, mais pour l’un ET l’autre. Même si ça ressemble encore à de la science fiction, ne nous privons pas du plaisir de rêver un peu.

Les planètes ont l’air bien alignées pour soulager opportunément notre joli pays de ces parasites dont je rappelle la définition scientifique : petits êtres vivants qui vivent ou se développent au sein d'un organisme hôte – NDLA : contribuables - pour survivre : ils s'y nourrissent et s'y reproduisent, ce qui peut créer des troubles plus ou moins graves chez leur hôte. Pour être juste, je rappelle qu’ils ont aussi leur utilité : parfois, les parasites sont profitables également pour l'organisme parasité : on parle alors de symbiose – NDLA : simplification administrative.Si l’enjeu d’une démocratie heureuse, c’est la symbiose, nous sommes hélas plus proches d’une nécrose.

La confiance des citoyens dans leur personnel politique - essentiellement PS etLR-UDI –n’est-ilpas actuellementau plus bas historique ? Il frôle ces grands fonds depuis tant d’années qu’on ne sait plus très bien si les politiques ont vraiment inspiré confiance un jouraux électeurs. Et pourtant, ils sont gras et bien dodus, dorlotés au chaud dans les palais de la République. Déjà sous Coluche que j’écoutais petit avec gourmandise, la France riait de leurs égarements, de leur manque de dignité et de toutes leurs affaires. C’était de l’humour. Mais sous le rire pointait déjà l’envie collective du coup de balais – avec un usage plus ou moins brutal du manche selon les sensibilités. La sagesse nous en a retenus à raison. La violence n’est jamais la solution.

Mais que s’est-il passé depuis ? La fraude a été partiellement légalisée avec les autoamnisties et diverses lois de financement de la vie politique, le système s’est verrouillé sur lui-même, engoncé dans une carapace qui ferait passer un escadron de CRS pour le Lac des Cygnes. Sauf quela crainte du retour des piques n’est jamais loin lorsque la marmite France commence à bouillir sur le feu des excès de corruption. Défiant tous les principes de l’éthique, les autoamnisties sont alorsvenues effacer d’un coup de chiffon ce qui n’était, aux yeux de leurs auteurs, que de misérables broutilles. L’un des premierscas d’autoamnistie remonte au 26 octobre 1795.A l’époque, les députés – essentiellement les Montagnards, la gauche de l’époque tendance frondeurs bas du front - qui avaient un peu trop massacré d’opposants politiques se sont mutuellement pardonnés en essuyant discrètement sur leur paletot le sang des dizaines de milliers de victimes qui leur restait sur les mains. Le peuple sortait de la Terreur, il n’a pas osé hausser le ton.

Deux siècles plus tard, les amnisties effacent des fautes certes moins graves. En général de banales affaires d’argent. Le bal des lois d’autoamnistie s’ouvre avec la loi Rocard – méritait-il que son nom reste attaché à ce texte scélérat ? – du 15 janvier 1990. Auto-embrassades des députés qui s’auto-pardonnent d’avoir trop massivement fraudé pour financer leurs campagnes, la vie de leur parti et tout ce qui est susceptible d’améliorer leur quotidien. En échange, la vie politique promettait d’être assainie. Dorénavant, au lieu de voler les moyens de leur activité politique par le racket et l’extorsion, la classe politique ira se servir directement dans la poche des contribuables : vie des partis et campagnes électorales seront dorénavant directement financées par l’Etat. En 2014, le PS et l’UMP se sont ainsi partagés la quasi-totalité des 63 millions alloués chaque année aux partis politiques (en plus du remboursement d’une grosse part des frais de campagne de leurs candidats). Cela a-t-il pour autant fait disparaître la corruption à grande échelle ? La réponse s’étale semaine après semaine, mois après mois, année après année dans la presse. Elle n’est pas reluisante.

« La démocratie a un prix » me rétorque-t-on. C’est vrai. Cela justifie-t-il de laisser nos élus montrer un exemple effroyable au pays ? Pensez à l’image que nous retenons d’eux : ils n’ont pour la plupart jamais travaillé en entreprise, jamais eu besoin de lire le Code du travail lorsqu’ils avaient des collaborateurs, jamais fait l’effort de parler et de lire une langue étrangère, pour certains jamais eu à payer un loyer, une voiture, un passnavigo ou le jet – de l’Elysée ou du Qatar - qui les emmène dans leur circonscription ou en vacances. Ces élus « hors sol » ne comprennent rien au monde qui les entoure, qui les dépasse et qui – c’est justice - les méprise. Mais qu’ils tentent quotidiennement d’asservir au travers de la masse de réglementations, d’impôts et d’interdictions qu’ils produisent à haut débit.

Je vous avoue ma dernière – cruelle - déception en date : la découverte des mœurs de la famille – trop – aimante Fillon. Alors que le programme de François Fillon est le plus abouti et le plus ambitieux pour remettre la France sur pied, la révélation de ses agissements et la façon dont il s’est défendu entrainent l’effondrement de cet espoir de réformes qui étaient là, à portée de main. Même piégé, comment accepter qu’il annonce sereinement trouver normal d’octroyer presqu’un million d’argent public à sa femme –aux tâches peu nombreuses et faiblement qualifiées - et à ses jeunes enfants encore étudiants ? Cet homme aurait pu avoir la carrure d’un chef d’Etat, il ne serait finalement qu’un de ces petits marquis qui ont perdu le sens du juste effort et de la mesure à force de n’avoir vécu que des – copieuses - rentes de l’Etat qui s’est substitué – en conservant les mêmes pratiques - à la cour du roi. Voilà le fruit de la rose socialiste et de l’arbreUMPien. Immangeable.

« Vous faites le jeu du Front National ! » Ce chantage ultime vise à excuser les crimes du PS et des Républicains-UDI parce qu’ils en bloqueraient de bien plus graves. N’est-ce pas l’inverse ? N’est-ce pas ceux qui se servent aussi allègrement dans les caisses de l’Etat qui sont les premiers responsables du ras-le-bol général ? Le vote populiste est d’abord un vote de rejet du PS et des Républicains-UDI. Si ces deux cibles de la vindicte populaire venaient à disparaître et à laisser la place à de nouvelles pousses, l’abcès nationaliste ne se viderait-il pas de lui-même ? Il existe d’autres choix comme celui d’Emmanuel Macron dont personne ne connaît le programme mais qui offre l’avantage significatif de proposer le renouvellement du personnel politique. Qui ne peut être pire que l’actuel.

Ne nous leurrons pas, cette semaine est une semaine noire pour les Français, tragique pour la démocratie. Alors que cette campagne présidentielle s’annonçait passionnante, cette affaire est venue tous gâcher et nous rappeler un principe de plus en plus tangible : tous pourris, eux et leurs complices les experts et les journalistes politiques issus du même sérail. L’accumulation des revenus – mandats cumulés, revenus de cabinets de conseil ou d’avocat -, les avantages considérables défiscalisés, les abus de la très discrète réserve parlementaire, les pratiques en coulisse, les rétro commissions encore trop fréquentes, les tarifs sécu propres et l’ensemble des avantages dont bénéficie cette aristocratie d’Etat ne passent plus. Plus du tout. Même si l’affaire Fillon n’a peut-être rien d’illicite - la Justice nous le dira dans de nombreux mois, voire des années -, elle n’en reste pas moins profondément, gravement, scandaleusement immorale.

Comment des personnalités dépourvues de tout principe, de toute éthique et de tout respect pour leurs concitoyens peuvent-elles espérer réformer le pays en profondeur? Quels entrepreneurs sont prêts à accepter de nouveaux sacrifices, quels fonctionnaires sont prêts à entendre des discours de réforme de leur statut et de l’organisation de leur travail de la part de barons qui se goinfrent sur le dos de tous et ne se sont jamais astreints aux efforts qu’ils promettent de leur infliger ? La coupe est pleine, l’envie de jouer est trop forte. Il est temps de jeter les dés et de voir quelle nouvelle tête va sortir le 6 mai 2017 au second tour de la présidentielle. A force d’abuser du principe de précaution en politique, le pays est au tapis. Place au risque, à l’innovation.

Nous avons un urgent besoin de revivre la nuit du 4 août, une véritable abolition des privilèges. Pas une mesurette pour la forme mais une thérapie de choc. Avant de prétendre réformer la France, la classe politique doit se reprendre sérieusement en main. Réduction drastique du nombre d’élus entièrement consacrés à leur unique mandat, remplacement de toutes les enveloppes, régimes spéciaux et autres avantages à leur profit (ET à celui de leur entourage) par une indemnité conséquente – et l’obligation d’assister aux séances plénières et aux travaux des commissions parlementaires - mais unique. J’appelle François Fillon et les députés LR-UDI – avec ceux du PS qui ont autant  se reprocher - à faire acte de rédemption en déposant rapidement une proposition de loi en faveur de cette transparence réelle pour faire oublier leurs outrages constants aux Français et à la démocratie.

A défaut, rêvons de la disparition de ces partis du passé, PS et Républicains-UDI. Dans d’atroces souffrances.

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