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Et les métiers qui inspirent le plus de confiance sont…
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Les professions scientifiques inspirent six fois plus confiance que les hommes de communication, de marketing et les hommes politiques. Les Occidentaux croient en l'intelligence technique et en l’innovation pour apporter des solutions à leurs problèmes quotidiens.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Les experts scientifiques en général, les chercheurs, les ingénieurs, les médecins, les pharmaciens mais aussi les pompiers, les ambulanciers, les personnels infirmiers inspirent le plus confiance dans l’ensemble des pays développés. En bas de l’échelle de la confiance, on trouve les personnels politique, ceux des médias et de la publicité.

Ces analyses sont réalisées chaque année, au niveau mondial par l'Institut britannique Ipsos Mori. Cet institut de recherche examine les attitudes du public des pays développés à l'égard des principaux services publics. Des thèmes tels que l'identité, la cohésion sociale, le capital physique et l'impact de la place sur les attitudes sont tous des thèmes clés du travail de l'Institut. La société est également spécialisée dans les médias de masse, les marques, le marketing et l’impact de la publicité. L’organisation conserve des archives librement accessibles depuis 1970.

Les dernières études réalisées pour mesurer l’opinion dans 23 pays développés révèlent un accroissement considérable de la confiance dans les métiers et les activités scientifiques. Parallèlement, les mêmes études soulignent la grande méfiance à l’encontre des politiques et des communicants.

1er point : un respect profond et une confiance presque totale dans les professions ou les métiers qui ont une base scientifique très forte et qui sont au service du public. Alors concrètement, ce sont les pompiers qui obtiennent la meilleure cote auprès du public, dans tous les pays du monde. Sans doute en raison de leur sang-froid et de la rapidité avec laquelle ils doivent intervenir dans des situations d’urgence. Tous les travailleurs de la santé sont très respectés et écoutés : les médecins bien sûr, spécialistes, généralistes, les urgentistes, mais aussi ambulanciers, pharmaciens, infirmières. Au-delà, tous les métiers à forte composante scientifique sont respectés et recherchés, les ingénieurs, les architectes, les informaticiens, les développeurs, les enseignants aussi, les agriculteurs, mais dans une moindre mesure.

2e point : Ceux qui font désormais l’objet de méfiance et n’attirent guère ni l’envie, ni le respect sont tous les professionnels de la politique, parce qu’ils sont considérés comme très peu fiables. Ce n’est pas nouveau ... Les professionnels de la communication et de la publicité également ne plaisent guère aux foules.

Alors que l’opinion publique se méfie de plus en plus des hommes politiques n’est pas surprenant, que les métiers politiques ne fassent plus rêver, c’est une évidence. Cette méfiance globale apparaît dans beaucoup de sondages. Elle est le résultat du comportement de certains hommes politiques, de quelques scandales très spectaculaires qui polluent l'ensemble des professionnels, alors qu‘objectivement le métier de politique reste difficile à exercer et que la majorité le fait certainement très honnêtement avec un sens aigu de l’intérêt général.

Le vrai problème aujourd’hui, c’est que le métier de politique ne s’inscrit plus dans des idéologies sous-tendues par des convictions fortes. Cette méfiance est aussi le résultat des difficultés rencontrées par les grandes démocraties politiques dont les gouvernements n‘ont pas trouvé de solutions en dehors des systèmes libéraux. La gravité de la crise de 2008/2009 a montré que le capitalisme financier international était porteur de dysfonctionnements, générateurs d’inégalités sociales douloureuses pour une partie des populations... Mais cette crise a aussi montré que les hommes politiques n’avaient guère de solutions alternatives. Les systèmes socialistes ont explosé partout dans le monde (sauf en Chine, évidemment, qui développe un système libéral sur le plan économique mais très dirigiste sur le terrain politique). Quant aux modèles socio-démocrates qui s’étaient imposés depuis un demi-siècle, ils n'ont pas passé l’an 2000 pour cause de risque de faillite.

Ajoutons à cela que le fonctionnement politique aujourd'hui n’est pas capable de relever les défis de la modernité et notamment les risques du réchauffement climatique et de l’environnement. D'où les mouvements extrémistes de droite ou de gauche, les populismes et les tentations de repli identitaire.

Parallèlement, toutes les professions qui font de la communication sont elles aussi affectées par cette perte de confiance.Les journalistes, les publicitaires et même les réseaux sociaux qui, ont pourtant un succès mondial considérable et qui leur donne des moyens démesurés pour investir et accroître encore leur pouvoir.

A noter que les professionnels de la vente et en particulier les vendeurs de voiture n’ont pas très bonne presse. Les personnels de banque également. L’évolution vers le low-cost, les soldes, les rabais de toute la grande distribution sont certes plébiscités par une majorité de consommateurs, mais les personnels de vente dans le low-cost ne sont guère aimés et respectés. En revanche, les vendeurs dont l’expertise ou l’histoire qu'ils racontent ou créent de la valeur autour du produit ou du service sont beaucoup mieux appréciés. (cf. les personnels qui travaillent dans le secteur du luxe)

A contrario, les opinions publiques accordent une confiance très grande à tous les métiers fondés sur l’expertise scientifique. Jusqu'à 90 %, les populations font confiance dans la science et l’engagement personnel pour le bien public pour générer des progrès dont ils pourront bénéficier dans l’avenir. Alors ce socle de confiance concerne tout ce qui touche à la santé et à la sécurité des biens et des personnes (les pompiers et les urgentistes notamment). Ce rapport de confiance est très intéressant parce qu’il pourrait être entamé par un gout renouvelé pour les sciences occultes, le retour à la nature et au naturel, la non-croissance défendue par le courant le plus radical des écologistes, mais dans les faits, ça n’est pas le cas.

Les militants de la médecine naturelle ou parallèle, ceux qui dénoncent la toxicité des vaccins ou des antibiotiques sont très marginaux et souvent éphémères. L’expérience prouve que leurs convictions tombent quand ils sont malades ou que leur entourage est malade.

La prolifération des fake news s’accompagne d’une dénonciation systématique de ce phénomène. L’exemple du Brexit illustre bien cette contradiction. Le Brexit a été décidé à l’issue d’un référendum où les arguments, les faits et les chiffres donnés pendant la campagne politique ont été peu fiables et flous. La mise en place du Brexit s’avère difficile parce que la demande des rationalités, de faits, de modalités et de chiffres précis est de plus en plus forte dans la population qui doute de l’expertise des dirigeants politiques.

Ce qui est intéressant, c’est que la science, l’expertise scientifique, la connaissance des faits, des chiffres et de l’histoire constituent les meilleurs contre-pouvoirs à l’obscurantisme, au populisme et surtout à la démagogie. La démocratie a évidemment besoin d’intelligence pour s’exercer correctement, plus que d’idéologie.

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