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Et le meilleur régime selon la science est... aucun de tous ceux qui existent. Mais voilà comment vous alimenter tout en maîtrisant votre poids
©Pixabay

5 fruits et légumes par jour

Une équipe de chercheurs de l'université de Yale a comparé plusieurs régimes selon plusieurs critères (sans glucide, sans graisse, régime méditerranéen, paléolithique, etc.) et a estimé qu'aucun n'était meilleur qu'un autre. Dès lors, il apparaît plus raisonnable de privilégier l'équilibre alimentaire et la perte de calories qu'un régime pouvant causer des carences dans les éléments dont l'organisme a besoin.

Patrick Tounian

Patrick Tounian

Patrick Tounian est professeur de pédiatrie, chef du service de nutrition et gastroentérologie pédiatrique de l'hôpital Trousseau à Paris.

Il dirige le diplôme universitaire " Nutrition et Obésité de l'enfant et de l'adolescent " à Sorbonne Université et intervient comme expert reconnu en nutrition pédiatrique dans de nombreuses conférences.

Ancien secrétaire général de la Société française de pédiatrie et président de la Société francophone de gastroentérologie et nutrition pédiatriques, il est actuellement président de l’Association des pédiatres de langue française. Il est l’auteur de nombreux livres et publications scientifiques sur la nutrition et l'obésité de l'enfant et de l'adolescent.

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Jean-Daniel Lalau

Jean-Daniel Lalau

Jean-Daniel Lalau est médecin, professeur de nutrition au CHU d'Amiens, docteur en sciences et en philosophie.

Il est l'auteur des livres En finir avec les régimes (éditions François Bourin) et Hospitalité - Je crie ton nom (éditions Chronique sociale). 

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Mathilde Debry : Une équipe de chercheurs de l'université de Yale a comparé plusieurs régimes selon plusieurs critères (sans glucide, sans graisse, régime méditerranéen, paléolithique, etc.) et a estimé qu'aucun n'était meilleur qu'un autre. Comment a été menée cette étude et que nous apprend-elle exactement ?

Jean-Daniel Lalau : En fait, ces régimes n’ont pas été comparés. Il s’agit simplement d’une analyse critique comparative de différents régimes faite par l’auteur, et aucunement une réelle comparaison telle qu’on peut la faire dans les essais cliniques, avec différents groupes, l’un adoptant tel régime, un autre groupe avec un autre régime, un autre encore, etc. ; l’ensemble étant suivi pendant une période de temps significative (= plusieurs années) pour faire apparaître, ou pas, une différence significative en termes d’événements cliniques (mortalité, infarctus, etc.). Cela dit, on dispose déjà d’informations importantes en faveur du régime méditerranée (pauvre en viande rouge, riche en féculents et en légumes et fruits, avec de l’huile d’olive plutôt que des graisses saturées, etc.). Je ne serais donc pas d’accord pour dire que tous les régimes se valent : on ne peut pas retrancher complètement les sucres (qui coupent efficacement la faim au terme d’un repas, et qui ont une fonction de starter le matin) ni les graisses (qui contribuent à l’apport énergétique, et qui ont un effet protecteur vasculaire – au moins pour les fameux oméga-3 !). Quant au régime paléolithique, depuis lors l’espérance de vie a doublé, ou plutôt triplé ou quadruplé même ; je vais donc dire que c’est un… paléorégime.

Patrick Tounian : Une étude menée par une revue de référence était arrivée exactement à la même conclusion : aucun régime n’était supérieur à un autre. Globalement, quand on souhaite maigrir, le principal c’est de se restreindre. C’est-à-dire de manger moins que ce que l’on mange spontanément. Dès lors, tous les régimes se valent à condition de consommer moins de calories. A partir du moment où l'on diminue les calories de manière globale, il y a perte de poids, peu importe d'où elles proviennent. A quantité calorique égale, le résultat est le même, mais il est cependant difficile de se restreindre quand on a des aliments à palatabilité accrue ou un plat appétissant (ex : hamburger frite) dans son assiette qu’un plat de féculent peu appétissant avec des légumes et du pain. Moins c’est appétissant, et plus il est possible de se restreindre. La notion individuelle dans un régime est également très importante. Il faut adapter les régimes à chaque individu en prenant compte des goûts, des besoins et des préférences de chacun.

L'étude confirme cependant qu'un régime privilégiant des aliments naturels non traités, en particulier des plantes, a une efficacité prouvée, notamment sur la santé et la prévention de maladies. Pourquoi ? Quels types d'aliments faut-il privilégier (fruits, graines, viandes etc…) si l'on adopte un tel régime ?

Jean-Daniel Lalau : Je ne peux pas comprendre un seul instant la formulation "Real food". Que je sache, on ne mange pas d’aliments virtuels ! De la même façon que je ne comprends déjà pas le mot "régime". "Régime", en effet, se référerait à un mode alimentaire spécial ; alors qu’il faut au contraire abandonner tout "mode spécial". L’équilibre, c’est l’équilibre. Dont on doit simplement rappeler les préceptes. Maintenant, il est évident que les produits naturels en général, et issus des plantes en particulier, ont des vertus essentielles (apport de fibres, de vitamines, d’anti-oxydants, etc.), et si possible sans traitement !

Patrick Tounian : Si l'on prend les aliments naturels, ils apparaissent moins bons qu’un plat préparé, généralement plus gras et plus salé. Par exemple, si vous proposez des choux fleurs naturels à l’eau et des choux fleurs cuisinés avec des épices, de la béchamel ou autre, ce sera le même aliment, mais le dernier sera plus apprécié mais plus gras. C’est probablement dans ce sens qu’il faut aller pour le côté amaigrissement. Pour le côté bon pour la santé, cela reste théorique. Que signifie un régime naturel ? Effectivement, lorsque l’on souffre de tension artérielle, il faut mieux consommer moins de sel ou de gras. Mais je ne comprends pas s'ils distinguent la composition du plat ou la provenance de l’aliment.

Concernant l’équilibre alimentaire, il sert à assurer les besoins minimums de l’organisme en fer en consommant suffisamment de produits carnés, en calcium avec les produits laitiers et fromages, en acide gras polyinsaturés comme les poissons ou à défaut les huiles végétales comme l’huile de colza bien équilibrée en Omega 6 et Omega 3, et des phito-nutriments présents dans les végétaux. Chez l’enfant, il est important de consommer environ deux produits carnés par jour. On inclut souvent à tort dans l’équilibre alimentaire les quantités caloriques. Comme je l’ai dit, si l’on souhaite maigrir, il faut restreindre sa consommation de calories mais éviter les régimes restrictifs, qui causent des carences. Par exemple, une personne ne consommant que des légumes aura des carences en fer et en acides gras saturés car son alimentation est très déséquilibrée. Une alimentation équilibrée est une alimentation suffisamment diversifiée pour assurer tous les besoins nutritionnels. Elle est souvent confondue à tort avec une alimentation restrictive, qui est recommandée pour les personnes souhaitant maigrir et qui parlent en termes de calories et non en terme qualitatif. A partir du moment où l’équilibre alimentaire est respecté, on peut se permettre de se faire de petits plaisirs.

Quelles sont les plantes ayant, selon l'étude, des attributs non négligeables sur la santé et la perte de poids lors d'un régime ? Comment faut-il les consommer ? Quels effets ont-elles sur l'organisme ?

Jean-Daniel Lalau : Il y a ici tout une éducation à faire : la salade n’est pas un légume, elle peut être l’aliment le plus riche du monde si elle assaisonnée d’huile seulement (salade = 0 calorie, huile = 100% de lipides, et donc avec la densité énergétique la plus élevée). De façon générale, il faut privilégier les graisses mono-insaturées (huile d’olive et de colza) et les aliments riches en oméga-3, dont les poissons des mers froides (de durée de vie courte, pour éviter l’accumulation de mercure…). Ces graisses ont un effet de prévention important d’oxydation, et au bout du compte de dénaturation, des graisses des parois cellulaires, altération à l’origine des grandes maladies chroniques (athéromatose, la plupart des cancers, et probablement aussi la maladie d’Alzheimer).

Patrick Tounian : Il est certain qu’en mangeant plus de légumes et de fruits, on a tendance à manger moins de calories. Ils contribuent à fournir des phito-nutriments et des antioxydants, mais concernant ces derniers, les revues scientifiques sur le sujet restent parfois controversées. Mais une plante possédant de meilleurs attributs qu’un autre aliment pour faire maigrir n’existe pas.

Le professeur Haube a, lors d’un régime par l’absurde, en ne mangeant que des produits de types junkfood, réussi à perdre 10kg et à améliorer son cholestérol. Il a réussi à prouver qu’en réduisant les calories ingérées, peu importe leur provenance, on pouvait maigrir. Il est donc difficile à croire que certaines plantes ou légumes fassent plus maigrir que d’autres.

L’huile de colza permet d’assurer les besoins minimums en oméga 3 et 6. Les effets des omégas 3 et 6 restent discutés car on a prétendu qu’ils réduisaient la mortalité et amélioraient la protection cardiovasculaire, ce qui reste controversé. Mais il est certain qu’ils améliorent le développement cérébral chez les enfants. La tendance à la consommation excessive de fruits et légumes chez les enfants, en excluant d’autres aliments, s’apparente parfois à de la maltraitance nutritionnelle car leur équilibre n’est pas respecté, et dès lors cela peut créer des complications.

Propos recueillis par Thomas Gorriz

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