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Épidémie "hors de contrôle" : jusqu’où peut aller Ebola ?
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Peur sur l'Afrique

L’épidémie d'Ebola est "complètement hors de contrôle" selon un dirigeant de Médecins sans frontières et touche plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest : la Guinée, la Sierra Leone et le Libéria.

Sylvain Baize

Sylvain Baize

Directeur du Centre national de référence des fièvres hémorragiques virales et directeur de l’unité de biologie des infections virales émergentes de Lyon (Institut Pasteur).

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Atlantico : Pourquoi l’épidémie reprend-elle de la vigueur alors que la première vague faiblissait et pourquoi touche-t-elle d’autres pays que la Guinée ?

Sylvain Baize : On pensait que ça allait se terminer courant mai car pendant plusieurs jours il n’y avait plus du tout de cas à Conakry en Guinée. Quelques patients guinéens n’ont en fait pas été détectés  et pas isolés, du coup ils ont contaminé leurs proches. On observe que des foyers se développent en dehors de la capitale de la Guinée, Conakry, et dans le nord-ouest du pays. Il y a eu des cas dès le départ au Libéria mais en Sierra Leone c’est nouveau : au début de l’épidémie il y avait beaucoup de cas suspects mais aucun confirmés, désormais il y  a beaucoup de cas confirmés donc il y a vraiment une dissémination de l’épidémie au-delà de la Guinée.

Qu’est-ce qu’il faudrait faire pour freiner la progression de la maladie ?

Cela devient de plus en plus compliqué et difficile qu’avant. On isole les patients de plus en plus vite possible pour éviter la propagation du virus mais plus il y a de patients plus il y a de contacts, etc. Il  faut une logistique importante et l’efficacité sera plus désormais difficile à atteindre. Il n’y a pas d’autre chose à faire que l’isolement : il faut répertorier tous les malades et les suivre. Il n’y a pas de traitement spécifique pour l’Ebola mais on peut aider les patients à survivre et guérir en luttant notamment contre la diarrhée et la déshydratation avec une transfusion de fluide éventuellement. Les institutions internationales viennent supporter les pays concernés : Médecins sans frontières, La Croix Rouge, l’OMS… ainsi que tous les pays qui viennent contribuer à l’aide financière comme la France, les Etats-Unis, le Japon et l’Allemagne. Des équipes européennes sont aussi là depuis le début et sont toujours sur place. La leçon à tirer c’est qu’il faut faire tout pour diagnostiquer l’épidémie à temps. Deux mois après le premier diagnostic on était en pleine phase donc c’était difficile de la contrôler. Il faudra mettre des réseaux de surveillance pour être alerté plus rapidement.

Comment peut évoluer l’épidémie d’Ebola à l’avenir et quels pays peuvent être touchés ?

C’est difficile à dire car on est dans un cas de figure inédit : depuis 40 ans qu’on connaît l’Ebola on n’a jamais été confronté à cette situation aussi problématique en termes de nombre de cas. Actuellement on n’a jamais découvert autant de cas confirmés depuis la découverte de l’Ebola en 1976. L’OMS a évoqué la semaine dernière 330 morts liés à l’épidémie, mais ils ont tout compté, les cas suspects comme confirmés. Si ça se passe bien l’épidémie peut être contrôlée au terme de la deuxième vague. Au pire elle peut durer de nombreux mois et se diffuser à d’autres pays. Ce n’est pas un virus pandémique donc la diffusion se fait uniquement de proche en proche. Ce n’est pas comme la grippe. Il faut des contacts proches avec un malade contaminé avec les fluides biologiques comme sang, l’urine, la sueur, les larmes ou la salive.

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