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Épargne Covid : 10 000 euros par personne pour acheter des actions sans impôts, dans un compte spécial
Épargne Covid : 10 000 euros par personne pour acheter des actions sans impôts, dans un compte spécial
©Ozan KOSE / AFP

Opportunité

Alors que le gouvernement allait taxer les entreprises au motif qu’elles aient été aidées par l’État, une bien meilleure idée serait d’utiliser l’épargne de précaution accumulée par les Français.

UE Bruxelles AFP

Jean-Paul Betbeze

Jean-Paul Betbeze est président de Betbeze Conseil SAS. Il a également  été Chef économiste et directeur des études économiques de Crédit Agricole SA jusqu'en 2012.

Il a notamment publié Crise une chance pour la France ; Crise : par ici la sortie ; 2012 : 100 jours pour défaire ou refaire la France, et en mars 2013 Si ça nous arrivait demain... (Plon). En 2016, il publie La Guerre des Mondialisations, aux éditions Economica et en 2017 "La France, ce malade imaginaire" chez le même éditeur.

Son site internet est le suivant : www.betbezeconseil.com

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Voilà ma proposition : orienter, vers les actions d’entreprises, l’épargne croissante des ménages en France, plutôt que « laisser faire » ou « taxer ». Telle est le sujet économico-politique majeur du moment. Ainsi, faut-il laisser les ménages épargner encore 50 milliards d’euros au moins par trimestre sans leur offrir de les placer plutôt en actions qu’en banque ou bien les taxer, pour faire payer « la dette  COVID-19 » aux « riches » et purger ces liquidités ? 

De fait les chiffres sont imparables : le virus fait plus épargner, surtout en banque. Entre le troisième trimestre 2019, avant le COVID-19, et le troisième 2020, donc après le deuxième confinement et en attendant la suite, les ménages ont épargné en France (hors billets) plus de 200 milliards d’euros, 50 par trimestre, soit le double d’avant, en 2018. Au dernier trimestre 2020, ils ont mis 15 milliards dans leurs comptes bancaires, 17 dans des livrets, 4 en obligations publiques, ce qui n’est pas beaucoup et 10 en actions, cotées ou non.

Sil’épidémie continue à ce rythme, avec un troisième confinement plus serré, il y aura plus de 250 milliards d’épargne des ménages en banque et livrets, faute de pouvoir consommer, dus au virus. Que l’on ne nous dise pas que c’est « l’épargne des riches » : c’est plutôt celle de ceux qui n’ont pas pu aller en vacances ou acheter des vêtements, qui attendent pour acheter une automobile ou un réfrigérateur, plus celle de tous ceux qui, même si leurs revenus ont baissé, « font attention, car on ne sait pas quand et comment tout ceci va finir ». La preuve, cette épargne continue de remplir les livrets, bientôt combles pour la moitié de leurs détenteurs, et les comptes bancaires, qui ne rapportent rien, en sachant quand même que la bourse monte, mais sans en profiter.

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Evidemment, la contrepartie de cette « épargne de confinement » est une moindre reprise, après la forte chute d’activité au premier confinement, celle plus faible au deuxième, en attendant la suite. Les services de tourisme, restauration, hôtellerie sont toujours bloqués, avec l’essentiel des spectacles, tandis que les commerces de première nécessité ouvrent, que les livraisons à domicile se développent et que, ceux qui le peuvent, tâchent de trouver des solutions partielles, en livrant des plats ou en créant des sites Internet qui acceptent et gèrent les commandes. Les comportements changent, mais pas assez.

« Laisser faire » est le risque majeur à moyen terme, car ceci peut non seulement détériorer davantage le déséquilibre actuel : sur-épargne/sous-activité, mais le faire durer. Le détériorer, avec ses effets sur le chômage, des déficits publics plus importants et des politiques monétaires sans grand effet, si une part aussi importante de l’épargne veut rester liquide, sans prendre de risque. Le faire durer si les entreprises se mettent à penser qu’il s’agit là d’un nouveau régime de croissance, plus faible car plus frileux.

« Taxer » est une évidente catastrophe à court terme, sous pression populiste. Taxer les « riches » ne fera évidemment pas repartir l’investissement, avec des apports marginaux au budget, vite compensés par la hausse des taux longs.

« Pousser à investir une part de l’épargne liquide, 10 000 euros par personne, vers les entreprises » est la meilleure solution. Il ne s’agit pas de « flécher », ce qui a un ton dirigiste, mais « d’inciter » avec un engagement d’exemption fiscale sur dix ans. Il ne s’agit pas d’une déduction fiscale, ce qui ferait bondir ceux qui parleraient d’un « cadeau aux riches ». Il ne s’agit pas non plus de favoriser des donations aux enfants ou petits-enfants, ce qui susciterait les mêmes réactions. Il s’agit de pousser à « transvaser » une part de cette épargne liquide vers un « compte-COVID » qui aurait comme seul avantage fiscal le fait que les éventuelles plus-values seraient hors impôt, sur dix ans, les pertes étant évidemment supportées par l’actionnaire. Quand on lit que les entreprises françaises sont, au moins, sous capitalisées de 50 milliards, quand on s’inquiète alors de leur surendettement et quand on voit que 6% des 55 millions de personnes physiques qui ont un Livret A l’ont rempli (100 milliards !), ce qui représente 30% de l’encours, on mesure la légitimité économique de cette proposition. Elle aurait l’avantage, en drainant plus de ressources vers la bourse française, de réduire les bulles partielles que l’on y voit, notamment dans les SPAC, sans compter son soutien à l’emploi des PME et à la recherche.

Le reconfinement qui se profile va gonfler cette surépargne liquide et peser sur la reprise. C’est donc le moment, quand tout le monde cherche des idées pour la présidentielle, de proposer celle-ci, qui pourrait mobiliser au moins 30 milliards d’euros, quitte à augmenter le plafond en cas de succès !

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