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En quoi, depuis son accession au pouvoir, Emmanuel Macron se distingue de ses prédécesseurs
©Reuters

Bonnes feuilles

Après des débuts contrastés sur le plan politique, Emmanuel Macron reproduit certaines des erreurs de ses prédécesseurs, tout en essayant de s'en dissocier. Extrait de "La République en panne", de Pierre Dumazeau, aux éditions Du Rocher. 2/2

Pierre Dumazeau

Pierre Dumazeau

Journaliste politique, auteur de "La République en panne" (éditions Du Rocher)

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Désormais, le Nouveau Monde est bien calme, bien sage, bien aseptisé. Ce constat est également valable pour la présidence de la République. Cela n’a pas commencé sous Emmanuel Macron. Mais désormais, à l’heure du tout éphémère, il semble terriblement difficile d’adapter la Ve République à l’ère du temps. Chaque président souhaite « prendre de la hauteur », être « au-dessus du bruit médiatique », dans un fantasme parfois non assumé d’être le nouveau De Gaulle. Cela ne semble plus possible. Ce Nouveau Monde serait-il donc plus efficace ? Pas sûr. Pas moins efficace non plus. Voilà l’observation principale qui ressort de cette année de pouvoir macronien : la majorité avance d’un seul bloc, unie et, de fait, terriblement redoutable. Les ministres du gouvernement d’Édouard Philippe sortent peu de l’ombre. Ce sont parfois de très bons connaisseurs de leurs dossiers, mais ils ne prennent pas la lumière comme les gouvernements précédents. L’avantage, c’est qu’il est ainsi plus simple de communiquer sur ses actions : lorsque l’on a une majorité absolue aussi forte, les lois sont forcément votées à la quasiunanimité du groupe parlementaire En Marche, le chef de l’État ou le Premier ministre peuvent facilement expliquer de quoi il est question. Mais ce système peut-il durer ? Emmanuel Macron pourra-t-il tenir tout son quinquennat en étant « seul »? Cela semble difficile, sauf si le chef de l’État a l’entière approbation des Français. Or, quelques chiffres, trop peu rappelés, devraient ramener à la réalité ceux qui dans le monde d’Emmanuel Macron se pensent tout puissants (ou pensent détenir la vérité). D’abord, l’abstention lors des élections législatives n’a jamais été aussi forte dans toute l’histoire de la Ve République. Ainsi, 57,36% des Français ne sont pas allés voter au second tour des élections législatives. Soit plus d’un Français sur deux. Le deuxième chiffre, c’est aussi celui de l’abstention au second tour, pour l’élection d’Emmanuel Macron : 25,3% des Français ne se sont pas déplacés. Un des plus forts taux d’abstention depuis l’élection présidentielle de 1969. Au regard de ces deux chiffres, on peut facilement constater que ce n’est pas vraiment un plébiscite macronien comme les néo-députés s’évertuent à le répéter sur les plateaux de télévision. Sont-ils pour autant illégitimes ? Non, car ils ont été élus démocratiquement. Le débat est donc sans fin sur la réelle représentation des Français dans nos institutions, au regard du nombre d’abstentionnistes…

Cette première année du quinquennat Macron contraste évidemment avec ce que nous avons vécu sous François Hollande, mais rappelle furieusement, sans trancher, les premiers moments du quinquennat de Nicolas Sarkozy, qui a été le premier à casser les codes. Macron les emprunte, à sa manière : volonté de dynamisme, contact direct avec les Français, provocations… Il manque cependant à Emmanuel Macron une ligne rouge, un fil conducteur, un mantra. Nicolas Sarkozy était le président du travail; François Hollande, à mon sens, celui de l’égalité ; et Emmanuel Macron ? Je suis personnellement incapable de lui attribuer un qualificatif. La seconde partie de son quinquennat doit impérativement trouver un fil rouge pour tenir une politique cohérente. Si notre image s’est améliorée à l’international, il y a toujours autant urgence à agir sur le territoire national.

Extrait de "La République en panne", de Pierre Dumazeau, aux éditions Du Rocher.

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