En ce lundi de Pâques, quelques mots sur Marie, mère de Dieu et reine de Pologne<!-- --> | Atlantico.fr
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Des Polonais assistant à une messe à Varsovie.
Des Polonais assistant à une messe à Varsovie.
©Wojtek RADWANSKI / AFP

Résurrection

Que le fruit de vos entrailles soit béni...

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Marie a un royaume. Celui de son fils n'est pas de ce monde. Le sien, c’est la Pologne. Elle en fut couronnée reine le 1er avril 1656 en la cathédrale de Lwów. Le roi Jan Kazimierz Waza prononça alors ces paroles : « Je te choisis comme protectrice et comme reine de mes États ».

En Pologne, on ne dit pas « vierge Marie » mais « Matka Boża » (mère de Dieu). Il y a de la tendresse de ce mot : Marie est femme et mère. N'y a t il pas une prière qui dit : « que le fruit de tes entrailles soient béni » ? Et là, le verbe devient chair.

Le « fruit des entrailles » de Marie fut bien sûr – catholicisme oblige – l'objet d'un culte en Pologne. Une dévotion sincère, mais plutôt raisonnable. Pour Marie, c'est une passion brûlante, amoureuse ou filiale. Tout Polonais catholique, et là bas catholique veut dire Polonais, contrairement aux Protestants qui sont Allemands, et aux Juifs qui sont juifs, portent un médaillon avec la mère de Dieu. Son fils sur la croix a beaucoup moins la cote.

Pendant longtemps, les Polonais n'ont eu qu'à se féliciter de la protection de Marie. Leur souveraine leur a permis de résister au Tsar de Russie, de mater les révoltes des Cosaques Ukrainiens, de vaincre les Allemands, et de ne pas succomber pendant le déluge de l'invasion suédoise.

Ensuite Marie, lasse ou inattentive, a oublié le peuple qui s'était donné à elle. Et à la fin du XVIIIe siècle, la Pologne a cessé d'être, dévorée par la Russie, la Prusse et l'Autriche. Mais la ferveur pour Marie est restée intacte. Chaque soulèvement polonais, toujours écrasé dans le sang, se faisait sous sa bannière. Et en 1920, c'est elle, la mère de Dieu, qui permis le Miracle de la Vistule quand l'armée du jeune État polonais repoussa l'armée rouge.

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J'ai une maison en Pologne. Au salon, il y a une peinture représentant Marie laissée là-bas par les précédents occupants. Je ne l'ai pas enlevée. Un jour, quand j'étais avec ma fille, je m'arrêtais dans un petit village.

Il y avait foule devant l'église. Les pompiers étaient là. Et leur échelle montait jusqu'au sommet du clocher. Un vieux curé sympathique s'approcha de nous. « Vous regardez les pompiers ? ». « Oui ». Le curé : « La nuit dernière, il y a eu une bourrasque qui a arraché la croix du clocher. J'ai appelé les pompiers, ils étaient très occupés. Mais voyez-vous, pour une croix, ils sont venus tout de suite ».

Il nous a invité à rentrer dans l'église. Je lui ai dit : « Vous savez, monsieur le curé, nous ne sommes pas très catholiques ». Il m'a dévisagé, a regardé ma fille qui est encore plus typée que moi et il m'a dit : « Vous savez, la mère de Dieu était de la même origine que vous ». Nous sommes entrés. Il nous a montré une sorte de dressing room où il y avait toutes ses chasubles d’apparat. La gamine en fut éblouie. Le curé : « Tu veux en essayer une ? ». Elle était adorable et souriante dans sa chasuble d'or. Si je trouve un curé comme ça en France, j'irai à l'église.

P.S : Pendant des siècles, nombre de Polonaises ont entretenu des rapports très familiers avec Marie. Dans les campagnes, il y avait une prière qu'elles récitaient. « Ô, mère de Dieu, toi qui a conçu sans pêcher, permet-moi de pêcher sans concevoir ».

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