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Emmanuel Macron, un an après sa loi : combien de divisions ?
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Bulle ou pas bulle

Le ministre de l'Economie, s'il est particulièrement visible médiatiquement, mène une action politique plus disparate depuis la promulgation de sa loi, il y a maintenant un an. Son pari d'incarner une alternative semble en décalage avec les attentes des Français dont la préoccupation numéro 1 est désormais la sécurité, devant l'économie.

Atlantico : Promulguée à grand renfort de 49.3 le 7 août 2015, la loi Macron va bientôt souffler sa première bougie. Depuis lors, quels sont les projets portés par le ministre de l'Économie ? Quel avenir politique semble se dessiner devant lui, aujourd'hui ?

Maxime Tandonnet : Nous entrons dans une période préélectorale et il ne me semble pas envisageable que de nouveaux grands chantiers législatifs relevant du ministère de l'Economie soit engagés. Pour l'opinion publique, M. Macron est l'auteur de deux réformes principales concernant la libéralisation limitée du travail le dimanche et le transport de passagers par car. Ces changements sont réels et importants dans une optique pragmatique. Mais ils ne suffisent pas à en faire un héros national. Comme ministre de l'Economie, il est comptable d'une situation qui est loin de s'améliorer si l'on en croit les derniers chiffres de la croissance et du chômage. Son bilan ne suffira pas à en faire un homme providentiel. Quant à sa démarche politique, la création de son mouvement "en marche", et ses velléités de candidature en 2017, elles ne sont pas non plus très convaincantes. M. Macron présente à la perfection, il est adoré par les médias. Tout cela a un côté éphémère, superficiel et artificiel et ne change pas fondamentalement les données politiques de la France. 

À en croire un récent sondage de Harris Interactive la sécurité est désormais passé en tête des préoccupations des Français, surpassant de peu l'économie. Qu'est-ce que cela traduit, concrètement, de l'impact qu'Emmanuel Macron peut espérer avoir dans un contexte pareil ? Quand il cherche à jouer les trouble-fêtes du gouvernement, procède-t-il selon une manœuvre politique susceptible de payer ?

Oui, c'est une grande faiblesse de l'homme politique M. Macron. Son image est essentiellement économique et financière : Bercy, la banque, conseiller économique du président. C'est insuffisant aujourd'hui. La France est confrontée à une crise de société colossale qui n'est pas économique à titre principal. Elle touche à la sécurité des populations face au terrorisme, à la montée des communautarismes, à la maîtrise de l'immigration, à l'identité, aux dangers d'une situation internationale profondément instable. Sur tous ces sujets, M. Macron n'existe pas. Les rares positions qu'on lui connaît, par exemple sur la crise des migrants, ne vont pas dans le sens du réalisme. Actuellement, d'un point de vue politique, il n'est pas l'homme de la situation. Dans un contexte de fracture entre le peuple et les élites, son image est à l'évidence celle d'un représentant des élites. Quant à la distance prise avec le président de la République et le gouvernement, elle est à double tranchant. Elle peut être interprétée comme un signe d'opportunisme et une entorse à la loyauté, ce qui n'est jamais très bon... 

Depuis plusieurs mois, sinon depuis son entrée au gouvernement, Emmanuel Macron a revendiqué sa différence et cherché à se positionner en alternative. Pourtant une telle alternative n'apparaît-elle pas comme trop molle pour séduire ceux qui veulent renverser la table ? Là encore, s'agit-il d'un pari gagnant ?

L'alternative est surtout de façade. M. Macron est jeune et d'un niveau intellectuel supérieur à la moyenne des ministres, sans aucun doute. Il apporte du sang neuf à la politique, incarnant le renouvellement de la classe dirigeante. Mais sur le fond, il ne renverse aucune table. Ses initiatives sont à l'image de ce qu'est devenue la politique. En créant son mouvement politique, il a pris l'option de délaisser son ministère, tout au moins sur le plan du symbole. En donnant le sentiment de privilégier son destin personnel sur le bien commun, il est dans la ligne du carriérisme narcissique qui empoisonne la vie publique. Sa force principal tient au recours à des provocations sans lendemain : sur les 35 heures, la fonction publique, etc. Là aussi, il est à l'image de la politique la plus banale qui soit : provoquer pour forcer l'attention des médias. Il se livre à une bataille avec le Premier ministre : quoi de plus commun que la "guerre des chefs". M. Macron ne révolutionne pas la politique française actuelle, il en est bien au contraire l'incarnation. Les Français vont s'en rendre compte et dès lors, son pari me semble voué à l'échec, en tout cas à court terme. 

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