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Emmanuel Macron superstar : mais au fait, que pensent vraiment les Français de ses propositions (quand on ne leur dit pas que c’est un jeune premier blond qui les porte) ?
©Reuters

Ça oui, ça non...

A force de soigner son image de jeune prodige de la politique française et de chouchou des médias et des marchés, on finit par oublier qu'Emmanuel Macron a aussi un programme. Comme personne ne le commente, surtout lui, nous vous proposons d'y jeter un œil plus attentif.

Jean-Daniel Lévy

Jean-Daniel Lévy

Jean-Daniel Lévy est directeur du département politique & opinion d'Harris Interactive.

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Atlantico : Quel est réellement "l’appétit" de la société française pour Emmanuel Macron ?

Jean-Daniel Lévy : Ce qui est le plus frappant, c'est qu'aujourd'hui, de fait, on ne juge pas Emmanuel Macron sur ses positions. Les Français qui l'apprécient posent un regard et affirment leur confiance en lui en tant que personne. Il y a un engouement aujourd'hui autour de sa personnalité, nous le voyons d'ailleurs dans nos enquêtes. C'est lié à trois facteurs principaux. Tout d'abord une appétence pour un renouvellement de la classe politique ; puis à son pedigree assez singulier – le fait d'être passé par une banque d'affaire – qui le place malgré tout en dehors de la catégorie des apparatchiks et lui donne une place tout à fait particulière aux yeux des Français ; enfin, c'est un homme qui ne paraît pas être quelqu'un de fermé sur ses positions, qui paraît donc libre de toute contrainte partisane – le fait qu'il ne soit pas membre du PS en fait partie – et que malgré cela, il soit vu comme quelqu'un ayant des positions tangibles, par exemple en matière de finance publique, mais en gardant une image sociale. 

Il est important de dire que malgré tout cela, la macron-mania a des limites. Il est d'ailleurs loin d'être la personnalité préférée des Français. Il n'est par exemple que le troisième ministre auquel les Français font le plus confiance, se classe septième auprès des sympathisants socialistes et avant-dernier parmi les sympathisants Front de Gauche, juste devant Myriam El Khomri. Il bénéficie donc d'une certaine sympathie de la part de la droite, qui considère qu'il fait preuve d'ouverture en parlant au-delà de la simple gauche, ce qui plaît évidemment à droite. Mais il est derrière Manuel Valls et François Hollande quand il s'agit des sympathisants de gauche. Et si il incarne pour certain un certain renouvellement de la vie politique, il se place sur ce terrain bien derrière Marine Le Pen.

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Si l'on s'arrête à ses propositions seulement, que donne l'effet Macron ? Se confirme-t-il ou au contraire voit on apparaître un décalage ? Par exemple si l'on prend la question des 35h ?

Avec les 35h, on est à moitié-moitié. C'est une mesure qui est surtout porté par les retraités, qui sont nettement plus que les autres en faveur d'un retour sur la semaine à 35h. C'est donc clairement une mesure qui est plus portée par les sympathisants de droite que de gauche, et si vous regardez les cotes de confiance, Martine Aubry est une des personnalités que la gauche préfère aujourd'hui et qui est connue par avoir porté et pour porter haut et fort cette thématique. La question des 35 heures aujourd'hui est une question qui marche parce qu'elle vient sensibiliser les Français autour de leur question de pouvoir d'achat. Les 35 heures en tant que telles ne sont pas un vrai problème pour les Français, contrairement au pouvoir d'achat, qui suscite une réelle attente à l'égard des pouvoirs politiques et particulièrement de la gauche. D'autant plus qu'il y a un sentiment d'augmentation des impôts. 

Ses propositions relatives à la rémunération au mérite des fonctionnaires ou au travail le dimanche ?

Ce qu'on entend aujourd'hui chez les tous les Français, c'est une demande de justice. Et l'idée qu'il puisse y avoir des rémunérations quelle que soit l'implication ne plaît pas ; mais même s'ils s'interrogent sur les prestations sociales, ils reconnaissent leurs pouvoirs d'intégrer dans la société française. 

Après il y a l'émergence d'un sentiment d'en faire un peu plus que son voisin et que l'on contribue plus à la société ou plus à sa propre réussite. C'est une thématique qu'on rattache habituellement plus à Nicolas Sarkozy qu'Emmanuel Macron quand l'ancien Président avait parlé en 2007 du fait de travailler plus pour gagner plus.

L'idée selon laquelle, comme il l'affirmait après les attentats de Paris en novembre : "Nous avons une part de responsabilité, parce que ce totalitarisme se nourrit de la défiance que nous avons laissée s'installer dans la société." ? 

Le propos en tant que tel d'Emmanuel Macron renvoie un débat au sein de la gauche sur l'action sociale et les affaires sociales. Il s'agit en fait de savoir si l'on se comporte d'une certaine mesure du fait de son origine sociale et de déterminismes ou de son propre gré. C'est un débat très ancien qui revient régulièrement. Ce qui est assez apparent, c'est qu'il y a aujourd'hui une partie de la gauche qui s'est détachée de ce que la droite appelle la "culture de l'excuse" et surtout les Français reconnaissent que la gauche a pu être à l'origine du déploiement de certains comportements qui aboutissent parfois à la violence. C'est la thématique du nombre de HLM construit qui ont encouragé la ghettoïsation et l'insécurité des quartiers , de l'immigration. Il y a une population qui se reconnaît dans ces idées-là et qu'on retrouve généralement là encore plus à droite. 

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