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"L'Asie n'existe pas"
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Mirage à l'Est

L'émergence de l'Asie, Chine en tête, ne peut pas se résumer à la victoire d'un système porté par des milliards de travailleurs sous-payés. Avec une influence culturelle et stratégique grandissante, ces puissances modernes ont vocation à porter un modèle global alternatif, du divertissement à la génétique en passant par l'environnement.

Laurent Passicousset

Laurent Passicousset

Laurent Passicousset, jounaliste, est le co-fondateur et le directeur de la rédaction du nouveau magazine trimestriel Asies (www.webasies.com) dont le numéro un vient de sortir en kiosques.

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L’Asie n’existe pas. L’Asie est une abstraction, une idée, une construction. L’Asie se conjugue au pluriel, des ateliers textiles et automobiles de Chine du sud aux start-ups biotechnologiques de Singapour et du Japon, des forêts surexploitées du Cambodge et d’Indonésie aux ruelles surpeuplées de Bangkok et Saigon, des studios de Bollywood aux tournées panasiatiques (et bientôt mondiales) des stars de la Korean Pop. 

L’Asie plurielle s’incarne dans le quotidien de 3,5 milliards de  femmes et d’hommes, plus de la moitié de l’humanité. L’Asie invente ses itinéraires et son futur, contribue à modeler celui de notre planète, se réinstalle au centre des affaires du monde. Sa formidable montée en puissance économique et démographique change notre vie et nos perspectives à Paris comme dans le Berry : sélectionnée au détriment de concurrents allemands et néerlandais, le Châteauroux Business District doit devenir, dès 2012, la plus grande zone industrielle chinoise en Europe avec 3 200 emplois locaux à la clef, selon les promoteurs franco-chinois du projet. 

Influence culturelle

Déjà, le double rapport de force et de séduction de la Chine porte ses fruits chez nous. Les instituts culturels Confucius se multiplient dans les universités françaises (14 à ce jour, record d’Europe) tandis qu’à droite comme à gauche le lobbying chinois se révèle particulièrement efficace auprès des élites économiques et politiques de France, l’un des pays européens les plus déterminés à lever - dès la fin de cette année - l’embargo sur les ventes d’armes à Pékin, en vigueur depuis juin 1989 et le massacre de la place Tiananmen. 

Demain, dès que Barack Obama rapatriera ses boys et dans leurs bagages les troupes de l’Otan, les Asiatiques - Indiens, Pakistanais, Chinois, soit trois puissances nucléaires – tiendront en leurs mains le destin de l’Afghanistan et d’une région où la guerre tue de façon ininterrompue depuis 1979 et l’invasion soviétique, l’une des plus incertaines au monde avec le Moyen-Orient, du point de vue sécuritaire. 

Dialogue plus équilibré avec l'Europe

L’Asie se lève dans les soubresauts. Avant-hier écrasée, colonisée, bafouée, hier victime collatérale de la guerre froide et de ses propres divisions, elle entrevoit aujourd’hui sa revanche. Entre menace environnementale, émergence économique, soft power et culture de masse, l’Asie nous oblige, dès maintenant en Europe, à repenser avec elle un nouveau dialogue, plus équilibré. 

L’Asie nous demande de mieux  la comprendre, plus la connaître. Sinon les valeurs qui fondent nos démocraties et que ses pouvoirs en place ne partagent pas jusqu’ici sauf exceptions, elle nous impose de corriger en urgence nos clichés et idées reçues. Non, le Vietnam n’est plus un peuple de paysans-soldats héroïques affublés d’un chapeau conique : c’est une nation jeune, de 90 millions d’habitants, dont presque un tiers accède à internet et où la blogosphère, tant de divertissement que politique, est d’une exceptionnelle richesse dans un pays sous monopole du Parti communiste. Non, la Mongolie n’est pas que peuplée de fiers cavaliers héritiers de Gengis Khan et surgis du désert de Gobi : c’est le pays de la planète où la croissance économique est aujourd’hui la plus forte avec la Chine et l’Inde. Non, Singapour n’est plus (depuis longtemps) une cité manufacturière, pas (seulement) une plate-forme financière globale : elle devient (aussi) une île où les partenariats public-privé dans la recherche en génétique et sciences de l’ingénieur ambitionnent l’excellence internationale.  

L’Asie nous parle, nous interpelle, nous séduit, nous défie. Le XXIe siècle sera-t-il celui de l’Asie ?

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