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Élection présidentielle : et maintenant ?
©THOMAS COEX / AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

Gilbert Bécaud nous a fait de beaux cadeaux, le moindre n’étant autre que son « Et maintenant ? ». C’est exactement la question que toute la France doit se poser en ce jour d’élection présidentielle. La France n’a pas eu d’autres choix qu’un choix négatif, et a voté pour l’un uniquement pour ne pas subir l’autre. C’est encore plus triste qu’en 2017.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Il y a 5 ans chacun pensait que Emmanuel Macron rénoverait notre vie politique et une partie du vote était extatique. 5 ans après, les gilets jaunes, les faibles réformettes et une crise du Covid mal gérée, sont passés par là, révélant son vrai visage. Arrogance, vision professorale, encore affichée pendant le débat d’entre 2 tours. Autoritarisme pendant le Covid, autant de « qualités » qui vont certainement s’accroître pendant le nouveau quinquennat.

Personne n’avait plus envie de lui, mais il a eu l’habilité, machiavélique de décimer la droite et la gauche, à son seul profit, et n’a pas laissé le choix aux Français. A défaut de plébiscite, il aura été le candidat du coup de chance, en 2017, « le casse du siècle » comme disait ses collaborateurs et amis, puis celui du dépit, en 2022. Je trouve tellement triste de gagner une course sans adversaire. Je suis un ancien champion d’athlétisme et mon excitation était de battre les meilleurs, pas les « handicapés ».  Chacun a la victoire qu’il mérite vraiment et dont il a les moyens…

Il livrera, en 2027, la France aux extrêmes, car alors la gauche et la droite auront eu bien du mal (Édouard Philippe éventuellement) à se trouver un champion d’ici là, et la crise mondiale qui guette, les taux d’intérêts qui montent, nous aurons certainement plongé dans une récession terrible, ce qui reste le terreau absolu, depuis toujours, des populistes. Emmanuel Macron est le Président par défaut d’une France à l’aube de la défaillance. Alors, « et maintenant », qu’allons-nous faire ?

A titre personnel, la réponse est simple. Miser plus que jamais sur mon développement aux USA. Vivre dans un État qui a géré intelligemment la crise du Covid, fait confiance à ses citoyens, connu une croissance insolente, qui fait de Miami, selon Barnes (rapport 2021), la ville la plus attractive et l’un des Etats les plus attractifs au monde. Mais mon cas personnel semble trouver un écho collectif chez les entrepreneurs, puisque plus de 30 d’entre eux, et non des moindres (notamment certaines licornes fondées par des Français), s’installent à un rythme accru depuis 2 ans ici. Sans parler des fonds d’investissement, qui débarquent tous entre Miami et West Palm Beach. Sans oublier non plus, d’anciens PDG de sociétés du CAC 40, arrivés récemment, discrètement, à Key Biscayne, Miami et Palm Beach.

Que devrait faire la France ? Mais surtout, « et maintenant » va-t-elle le faire ? Va-t-IL le faire ?

Les réformes reviendront-elles au rythme indispensable ? Elles ont toutes été abandonnées après les Gilets Jaunes. Il faut les reprendre. A rythme infernal. 

Constitutionnelle d’abord. La France doit revenir à un seul mandat, mais plus long. Il faut libérer le Président de la pression égoïste de la réélection, qui annule tout esprit de réforme dans les 2 dernières années du quinquennat. C’est essentiel. 7 ans. Mais une seule fois. 2 ou 3 mandats maximum pour les collectivités territoriales. Suppression du département ou des Métropoles. Suppression de l’inamovibilité des haut-fonctionnaires, qui freinent ou enterrent les décisions du politique élu. Retour du cumul des mandats député et élu local, mais limitation à 2 mandats. Afin d’éviter la déconnexion liée à la trop forte fréquentation du microcosme Parisien et de ses plateaux TV, machines à boursoufler l’ego et tuer l’innovation.

Droit du travail, afin d’aller au-delà des réformettes, utiles et indispensables, certes, du début de quinquennat passé. Il faut aller au bout de la logique. Le droit doit reprendre sa place et sa voix, sans interprétation possible, afin d’ôter de la bouche de la justice, sa volonté souvent politique d’en découdre avec l’économie et les entrepreneurs. L’appel en France, est aux mains de la gauche radicale, nous le savons tous, en matière de contentieux du droit du travail. Il faut retrouver l’équilibre et la raison. Une entreprise doit être libre de ses choix, le travail n’est pas un dû, il se mérite. Le droit doit contribuer à l’équilibre et non au combat idéologique.

Indépendants et plateformisation de l’économie. Il faut mettre fin à ce système unique dans sa folie. On souhaite que les plateformes offrent un meilleur socle social aux indépendants, qui sont la forme de travail de l’avenir dans une société digitale. Personne n’y forme opposition. Mais quand une plateforme décide de former, accompagner, offrir des prestations aux indépendants, on la requalifie. Stop ! 

Le procès Deliveroo est une honte à la face de l’évolution du monde, elle nous plonge dans l’obscurantisme sous prétexte de nous éviter de sombrer dans la précarisation. La lecture du réquisitoire de la Procureur est symptomatique de ce combat politique qui doit être dénoncé et combattu et d’une ignorance de l’évolution de la société. Elle n’a pu, néanmoins, nier que la majorité des livreurs de Deliveroo « étaient plus heureux et plébiscitaient » ce statut, tout en ajoutant « que ce n’était pas une raison pour le laisser perdurer ». Le bonheur contre l’avis de ses bénéficiaires ! Malgré eux ! 

Est-ce cela l’application du droit ? Il faut au contraire, laisser prospérer l’économie digitale, en faisant de notre pays, un pays d’avant-garde sur l’équilibre entre socle social, cas par cas, et pérennité économique. C’est facile à faire. Par la loi ? Non. Car chaque plateforme à son public et ses profils, qui n’ont rien à voir les uns avec les autres. Les soumettre à une seule Loi, n’a aucun début de sens. Un livreur reste en moyenne 4 à 6 mois dans son activité, un « Uber », au moins 5 ans. Autre modalité, autre traitement. Imposer un contrat à durée indéterminé à une activité de livraison à durée déterminée, seul un Juge politique peut imposer cela. Le quinquennat devra, enfin, embrasser cette industrie et lui offrir un cadre ambitieux, mais souple et adaptable. 

Territoires. La Chine donne la priorité aux territoires moyens désormais. Elle a vu la limitation d’une ambition concentrée sur des mégalopoles. Cela marche mal. La grande ville, absorbe l’oxygène des territoires, déshumanise sa vie quotidienne, concentre les moyens et les énergies au détriment des autres, qui meurent sur pied. Certes sa politique actuelle asphyxie son économie des grandes villes, à court terme, mais elle enrichira ses villes, petites et moyennes, à long terme. La Chine n’a que faire du court terme. Or, seuls ceux capables dans le monde, de penser à long terme, domineront l’économie de demain. Nous devons en faire de même. Doter les territoires des investissements nécessaires à l’acquisition des technologies et des cas d’usages qui éviteront que le désespoir des habitants de nos 36 000 communes, ne deviennent, par dépit, les ferments d’une insurrection populiste. Les entrepreneurs, surtout les PME, doivent en être les outils. Nous y sommes prêts. Nous attendons que les politiques s’en aperçoivent. Les USA commencent aussi à le réaliser. Andrew Yang (ex-candidat à la primaire Démocrate) s’en est fait le chantre et l’acteur de terrain. Il faut lui embrayer le pas.

Numérique, technologie, espace. Nous avons déjà perdu la course, mais pouvons au moins y participer. Il faut un plan à 100 milliards, par an, sur 5 ans, avec l’Europe. C’est le ticket d’entrée. Dès demain, mardi 26 avril. La survie de l’Europe, le ralentissement de son déclin annoncé et déjà constaté, est à ce prix. On espérait d’un Président jeune, qui nous avait assuré (quand il était aux Finances, mais aussi avant, à l’Élysée), qu’il avait cela comme obsession. Le moins qu’on puisse dire, est qu’il a bien résisté à ses obsessions. A celle-ci, en tous cas. Il faut qu’il retrouve « ses bas instincts » au plus vite. Dieu sait pourtant que les fameux Cabinets, qui nous coûteraient si cher, selon une actualité récente, le lui répètent à longueur de journée. Je ne comprends toujours pas ce qui rend la France sourde à l’appel de l’avenir.


Voilà ce que nous, entrepreneurs attendons. Alors, le vote du dépit deviendra un vote de confiance, un soutien sans faille, un satisfecit de classe internationale. Nous pourrons même nous excuser, publiquement, de notre dureté à son égard. Méritée. Mais, tout est toujours réversible quand on est de bonne foi. Seuls les politiques ne changent jamais d’avis !

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