Élection d’Eric Ciotti : LR entre doute existentiel et vitalité démocratique<!-- --> | Atlantico.fr
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Eric Ciotti a été élu président des Républicains ce dimanche 11 décembre.
Eric Ciotti a été élu président des Républicains ce dimanche 11 décembre.
©Joël SAGET / AFP

Avenir de la droite

Eric Ciotti, le nouveau président des Républicains, va devoir affirmer le positionnement de LR face à la macronie et vis-à-vis des centristes. Avec un écart relativement faible au second tour entre Eric Ciotti et Bruno Retailleau, la nécessité du rassemblement s'impose plus que jamais chez LR.

Arnaud Benedetti

Arnaud Benedetti

Arnaud Benedetti est Professeur associé à Sorbonne-université et à l’HEIP et rédacteur en chef de la Revue politique et parlementaire. Son dernier ouvrage, "Comment sont morts les politiques ? Le grand malaise du pouvoir", est publié aux éditions du Cerf (4 Novembre 2021).   

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Atlantico : Eric Ciotti a remporté la présidence des Républicains. Que nous dit cette victoire du parti ?

Arnaud Benedetti : Elle nous dit d'abord que le centre de gravité idéologique du parti est résolument à droite côté militant. Les deux candidats qui s'affrontaient ne dissimulaient pas, loin s'en faut, qu'ils étaient favorables à une ligne droitière décomplexée. Après, la victoire d'Eric Ciotti confirme cet ancrage, mais elle est surtout signifiante sur le plan stratégique avant tout puisque le vainqueur veut modifier les statuts et préparer la présidentielle dès maintenant en faisant de Laurent Wauquiez le champion des républicains pour 2027. Or, la marge relative de sa victoire (56/44) rend complexe l'exercice à venir. L'autre enseignement de ce scrutin interne réside dans l'étroitesse relative de la victoire de Monsieur Ciotti. Le côté positif de ce résultat pour LR, c'est de dessiner une vitalité démocratique. Le côté négatif, c'est qu'il est à l'image d'un parti qui doute et qui ne donne pas à son nouveau Président toutes les marges de manœuvre indispensables pour mettre en œuvre sa stratégie. Cette victoire a néanmoins un mérite : c'est sans doute qu'elle évite qu'il y ait un vaincu. En conséquence les jeux restent ouverts.

A quoi peut ressembler LR avec Eric Ciotti comme président ? Quels vont être les défis ?

Un coach pour reprendre une métaphore footballistique. Pour une raison simple qui est indissociable du rôle qu'il a annoncé donner à sa présidence : n'étant pas candidat, mais manager du redressement d'une formation qui a perdu son attractivité nationale, quand bien même conserve-t-elle une implantation territoriale. Le défi est de retrouver les continents perdus du côté du centre-droit et du côté de la droite populaire. La crédibilité à retrouver en fin de compte est liée à la détermination de LR à s'opposer à Emmanuel Macron. Une partie de la vérité de la droite républicaine se joue d'une certaine manière au Parlement, à l'Assemblée nationale en particulier. Les LR iront-ils jusqu'à déposer une motion de censure contre le gouvernement le moment venu ? Seul ce geste spectaculaire serait à même de recapitaliser une marque usée par des promesses gouvernementales  déçues et des échecs électoraux, d'autant plus qu'une telle motion aurait quelques chances d'aboutir. Il y a un tel déficit de crédibilité qui grève cette famille politique qu'elle n'a pas d'autre issue pour se restaurer que se résoudre à une très grande audace. Ou alors il fallait engager une autre voie, celle préconisée par Sarkozy qui en appelle de facto à la vassalisation au macronisme. Mais à partir du moment où les Républicains ont fait le choix d'une ligne sans concession, le pire serait de rester au milieu du gué. Ce que jusqu'à maintenant ils ont fait depuis cette nouvelle législature. L'élection interne telle qu'elle est actée ouvre désormais en principe une nouvelle page. Reste à savoir laquelle.

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Au regard de ce que sont devenus les partis, un parti peut-il être le lieu d’une refondation idéologique ? Ou est-ce à un homme de l’imposer à un parti ?

La présidentialisation de la vie politique française est telle que tout passe par la personnalisation. C'est un fait pour la partie conquête du pouvoir mais la bataille des idées dépend de la capacité d'une offre politique à incarner une victoire culturelle. La droite républicaine a trop tergiversé sur certains combats : la souveraineté, le régalien, l'identité, autant de sujets où elle a donné souvent le sentiment d'arriver après la bataille, laissant des thématiques entières notamment au RN qui parce qu'il n'a jamais exercé le pouvoir dispose ainsi d'un capital précieux en matière d'antériorité et ce sans que soit suspecte son authenticité de convictions sur ces enjeux. La refondation politique ne peut être que métapolitique ; or la métapolitique est aussi éloignée des partis que Mars de la Terre... Le véhicule de la métapolitique ne pourrait être déterminé que par le surgissement d'une providence incarnée.  Il faudrait un leader métapolitique à la droite, mais depuis De Gaulle il n'y en a plus. Alors comment faire ? Renverser la table par un moment fondateur qui ne peut se limiter à l'éternelle litanie de la reconstruction du parti. En 20 ans la droite a expérimenté l'UMP, les LR et viserait maintenant une nouvelle forme. Limiter la politique à du marketing ou du management c'est passé à côté de l'essentiel. La double condition d'un éventuel rebond c'est d'une part l'inventaire sans concession de l'impasse Chiraquo-sarkozyste et d'autre part poser sincèrement la question de la censure du gouvernement. Les électeurs de droite ont besoin d'un choc politique à la hauteur de l'immense scepticisme qui les a éloignés des Républicains. Il est à craindre qu'en-deçà de cette disposition, les Républicains ne puissent retrouver le chemin du pouvoir, débordés qu'ils sont sur la droite par le RN et anémiés sur leur flanc orléaniste par le macronisme. Si la finalité est de gagner le vote populaire, il faudra sacrifier sans détour l'orléanisme au bonapartisme...

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