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Éducation (dé)connectée : pendant que les autres innovent, la France continue de s'enfoncer dans l’archaïsme
©Reuters

Le buzz du biz

Alors que les débats outre-Atlantique se tiennent autour de l'enseignement du code html aux jeunes générations ou des nouvelles universités dématérialisées (MOOCs), la France s'inquiète de la prolifération... des tablettes dans les amphis des universités ! Décryptage comme chaque semaine dans la rubrique du buzz du biz.

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan est consultant en stratégie et président d’une association qui prépare les lycéens de ZEP aux concours des grandes écoles et à l’entrée dans l’enseignement supérieur.

Avocat de formation, spécialisé en droit de la concurrence, il a été rapporteur de groupes de travail économiques et collabore à plusieurs think tanks. Il enseigne le droit et la macro-économie à Sciences Po (IEP Paris).

Il écrit sur www.toujourspluslibre.com

Twitter : @erwanlenoan

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Qui suit un peu, même de loin, la presse internationale et s’intéresse, un peu, même de loin, aux questions d’éducation sait que la France se complait en la matière dans une préhistoire d’un archaïsme aberrant. Alors que le monde innove, que Google propose de nouveaux outils éducatifs, que les méthodes d’éducation fleurissent dans un esprit d’émulation et de concurrence, la France, elle se fige dans des débats stériles consistant à savoir si tous les écoliers de France doivent quitter les cours à 15h45 plutôt qu’à 16h30…

L’actualité de la semaine l’illustre à nouveau. Outre-Atlantique, en ce début juin, le blog de la revue américaine Harvard Business Review s’interroge sur l’avenir des écoles de commerce à l’heure des MOOCs, ces nouvelles universités totalement dématérialisées auxquelles seule Cuba résiste. Elle commente ainsi une étude réalisée par des chercheurs du MIT et de la University of Pennsylvania. Dans le même temps, le Financial Times reprenait un sujet structurant les débats sur l’éducation aujourd’hui, relatif à la nécessité d’apprendre aux jeunes enfants à "coder".

En France, l’administration est très, très loin de tout cela…

Car pendant que les pays anglo-saxon s’interrogent, Le Monde faisait état, pour sa part, d’une angoisse terrifiante qui "hante" les universités. Alors que dans les pays étrangers l’innovation fuse et les établissements supérieurs sont engagés dans une compétition internationale faite d’innovation et de performance, nos vieilles dames de Savoir s’inquiètent, elles … de la multiplication des ordinateurs et tablettes dans les amphis ! Certaines ont même recours à des mesures de dissuasion, voire d’interdiction…

Bien sûr, derrière ce sentiment d’effroi, il se pose une vraie question sur les méthodes d’apprentissage : peut-on aussi bien apprendre à l’écrit que sur ordinateur ? Le New York Times a d’ailleurs publié une intéressante enquête sur le sujet. Les chercheurs semblent convaincus que l’écriture manuscrite facilite l’assimilation de l’information. Paul Bloom, de l’Université de Yale, explique à juste titre que "quand on écrit à la main, l’acte même d’inscrire sur le papier vous oblige à vous concentrer sur ce qui est important".

L’interrogation légitime sur les meilleures méthodes de transmission semble cependant s’abimer, dans la logique administrative française, dans une logique de contrainte et d’absolu. Dans un pays où l’on conçoit si mal la diversité, y compris des méthodes d’enseignement, la logique binaire d’interdiction ou d’obligation triomphe sur la liberté et la responsabilité.Tout cela, car l’administration ne sait pas penser la pluralité.

Récemment, des "informaticiens de haut vol" se sont présentés à l’Elysée forts d’une pétition de 500 signatures d’universitaires, réclamant que le codage soit intégré aux enseignements. Rien n’indique que l’administration sera rapide à prendre une décision, et encore moins à la mettre en œuvre. Rien ne laisse croire, non plus, que le recours à l’application centralisée soit la plus efficace (comme ce fut le cas avec le MOOC français). A tel point que la ministre en charge du numérique, Axelle Lemaire, a laissé entendre qu’il serait préférable de contourner l’Education nationale, expliquant que "l’enseignement du code en primaire peut passer par le périscolaire".

Et elle a raison ! Quand il n’y a plus d’espoir du côté du monstre étatique, c’est bien dans la société civile que l’on peut trouver les énergies nécessaires au renouvellement.

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