Économies d’énergie : la crise des prix de l’électricité semble nous avoir donné une indication très claire de nos marges de manœuvre <!-- --> | Atlantico.fr
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Nos marges de manœuvres sont-elles limitées en termes de sobriété énergétique ?
Nos marges de manœuvres sont-elles limitées en termes de sobriété énergétique ?
©JEFF PACHOUD / AFP

Crise énergétique

RTE a dévoilé les données de son bilan électrique pour l'année 2022 et revient notamment sur la résilience du système électrique français face à la crise énergétique.

Damien Ernst

Damien Ernst

Damien Ernst est professeur titulaire à l'Université de Liège et à Télécom Paris. Il dirige des recherches dédiées aux réseaux électriques intelligents. Il intervient régulièrement dans les médias sur les sujets liés à l'énergie.

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Atlantico : RTE a publié son Bilan électrique 2022 - Un système électrique français résilient face à la crise énergétique, dans lequel on retrouve notamment le graphique : Écart en pourcentage entre la consommation mensuelle corrigée des aléas climatiques et des effets du calendrier en 2022 et ses valeurs moyennes sur la période 2014-2019. Que nous apprend-il ?

Damien Ernst : Ce graphique montre la limite de l’élasticité de la demande d’électricité par rapport au prix (environ 9%). Quand on interroge les gens sur le prix qu’ils seraient prêt à payer pour l’électricité pour ne pas être coupés, le prix est très élevé (jusqu’à 8000 € / MWh). Les gens mettent énormément de valeur aux services liés à l’électricité. Donc quand les prix augmentent, comme ça a été le cas jusqu’à 300 ou 400 €/MWh, les gens ne réduisent pas beaucoup leur consommation. Ils font plus attention, mais la majorité des postes de consommation est conservée. Ce qui fait que les chiffres de 9% environ de RTE ne sont pas surprenants.

Source : RTE

A combien étaient les prix ?

Grâce aux tarifs régulés et tarifs bleus moins de 200 € /MWh, contre 500 – 600 sans cela. Des chiffres qui sont encore loin des valeurs obtenues lorsque l’on demande aux populations combien elles seraient prêtes à payer pour ne pas être coupées. Il faudrait que les prix soient 5 à 10 fois plus élevés pour voir une vraie inflexion très importante de la demande.

Nos marges de manœuvres sont-elles limitées en termes de sobriété énergétique ?

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Quelles leçons tirer de ce constat ?

D’abord, que la décroissance évoquée par certains ne va pas fonctionner. Compter uniquement sur les énergies renouvelables et les économies d'énergie des gens ne va pas aller sans affecter de manière importante le confort des gens. La planification doit être faite de manière que l’énergie soit abondante et peu chère. La décroissance prônée par EELV notamment ne marche pas.

Comment tirer des leçons pour les prochaines crises ?

En revoyant notre sécurité en matière d’approvisionnement énergétique. Il faut dire au gouvernement de travailler avec des marges de sécurité plus grandes qu’à l’heure actuelle. Cela peut se faire en ne mettant pas sous cocon les centrales à charbon, en laissant une flotte suffisante de générateurs  diesel, de centrales au gaz et au charbon ainsi que de capacités de stockage. Cela  permettraient d'éviter d'éventuels problèmes.  Il faut que les gouvernants travaillent avec des scénarios catastrophes plus contraignants en matière d’électricité. Et il faut dimensionner le système électrique en conséquence.

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