L'histoire du crayon qui explique pourquoi l'économie de marché est le meilleur des systèmes<!-- --> | Atlantico.fr
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Figurez-vous que personne ne peut construire un crayon...
Figurez-vous que personne ne peut construire un crayon...
©Flickr

Le nettoyeur

L'économie pour les nuls : cet été, Pascal-Emmanuel Gobry explique les bases de l'économie pour les non-initiés, de manière non scolaire. Episode 2 : la définition du marché.

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

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La semaine dernière, nous avons vu que l'enjeu de l'économie est de permettre la répartition la plus efficace de ressources limitées. C'est une fois qu'on a compris cet enjeu de l'économie que l'on comprend le rôle du marché.

Qu'est-ce qu'un marché ? Pourquoi en parlons-nous tant ? Pourquoi est-ce que l'économie de marché s'est montrée supérieure aux autres modèles qui ont été tentés ?

Cette semaine a eu lieu le centième anniversaire de Milton Friedman, l'économiste nobélisé et défenseur des marchés. Dans l'introduction de sa série documentaire “Free to Choose”, Friedman donne la meilleure explication de ce qu'il appelle la magie des marchés, reprennant l'histoire du crayon inventée par l'économiste Leonard Reed.

L'histoire du crayon ? Oui. Car figurez-vous que personne ne peut construire un crayon.

Etrange idée ? Pas du tout. Je ne peux que reprendre Friedman : "Le bois dont ce crayon est fait vient peut être d'un arbre coupé dans l'état du Washington. Pour couper cet arbre, il a fallu une scie. Pour faire la scie, il a fallu de l'acier. Pour faire de l'acier, il a fallu du minerai de fer. Le centre noir, […], la graphite, je pense qu'elle vient de mines en Amérique du Sud. La gomme, un bout de caoutchouc, vient probablement de Malaisie, d'où les arbres à caoutchouc ne sont même pas originaires. Ils y ont été importés d'Amérique du Sud par des hommes d'affaires, avec l'aide du gouvernement britannique. […] Il a fallu que littéralement des milliers de gens coopèrent pour fabriquer ce crayon. Des gens qui ne parlent pas la même langue, n'ont pas la même religion, qui se haïraient peut être s'ils se rencontraient. Quand vous allez au magasin et que vous achetez ce crayon, en pratique, vous échangez quelques minutes de vos temps contre quelques secondes du temps de ces milliers de gens. Qui est-ce qui a poussé tous ces gens à collaborer? Pas un commissaire envoyant des ordres d'un quelconque bureau central. C'est la magie du système des prix. C'est l'opération impersonnelle des prix qui les a rassemblé pour faire ce crayon et pour que vous puissiez l'avoir pour une somme modique. C'est pourquoi l'opération du marché libre est si essentielle - pas seulement pour promouvoir l'efficacité productive, mais encore plus, pour promouvoir l'harmonie et la paix entre les peuples du monde."

Quelques points à retenir de cette histoire du crayon :

- Avant d'être un moyen d'échange de biens et de services, un marché est un mécanisme de transmission d'informations. C'est la fonction du mécanisme des prix, qui transmettent l'information sur l'offre et la demande de manière extrêmement efficace : réduite à une courbe de prix. C'est pour ça que les réglementations qui empêchent ce mécanisme de fonctionner sont si délétères. Le marché est très efficace - pas parfait, mais très efficace - parce qu'il permet de transférer de l'information très vite entre des milliers de personnes.

- Le marché est un outil de coopération décentralisée. Personne ne fixe la production mondiale de crayons. Personne ne fixe le prix des composants des crayons (en règle générale, en tous les cas). Et pourtant, des milliers de gens collaborent entre eux, en utilisant l'information des prix, pour créer des produits. Un marché est un mécanisme qui permet aux gens de coopérer comme ils l'entendent.

Il y aurait beaucoup plus de choses à dire, mais une fois qu'on a compris l'histoire du crayon, on a compris ce qu'est un marché et à quoi ça sert. Soyons clair : personne - pas même Friedman - ne prétend que les marchés sont toujours et partout parfaits, ou que l'Etat n'a pas de rôle à jouer. Mais on ne peut pas comprendre pourquoi les marchés existent, et à quoi ils servent, si on ne comprend pas ce mécanisme de transmission d'information et de coopération décentralisée.

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