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Duel Mélenchon-Le Pen : l’hypothèse qui force à se poser l’épineuse question de qui représenterait le plus grand danger
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Grand satan, petit satan

Les partis politiques et les médias se résignent à la présence de Marine Le Pen au second tour de l'élection présidentielle. Mais depuis ces dernières semaines, Jean-Luc Mélenchon entraîne une dynamique qui pourrait l'emmener au second tour lui aussi. Dans ce cas de figure inédit, les partis classiques devraient revoir leur stratégie face au danger qu'ils représentent.

Bruno Bernard

Bruno Bernard

Anciennement Arthur Young.
Ancien conseiller politique à l'Ambassade de Grande-Bretagne à Paris, Bruno Bernard est aujourd'hui directeur-adjoint de cabinet à la mairie du IXème arrondissement de Paris.

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Atlantico : Le niveau d'intensité de la contre attaque à l'oeuvre contre Jean-Luc Mélenchon est comparable à celle dont aurait été l'objet Marine Le Pen il y a quelques années.La menace de Jean-Luc Mélenchon est-elle le signe que Marine le Pen a réussi l'exercice de dédiabolisation du Front National ? 

Bruno Bernard : Jean-Marie Le Pen était le « diable », sa fille, Marine Le Pen est une femme politique plus traditionnelle. A la différence de son père, Marine Le Pen veut être élue Présidente de la République et pour cela elle a accepté les règles du jeu politique. Finis les éclats médiatiques fleurant bon l’extrême droite d’antan, désormais Marine Le Pen et le Front National sont invités sur France Inter. Avec sa nouvelle garde prétorienne de jeunes hommes ambitieux et tous élus, Marine Le Pen a nettoyé les écuries d’Augias du parti pour se débarrasser des éléments les plus folkloriques ou diaboliques c’est selon. Le FN a remporté ses premières élections en 2015 dans l’indifférence générale ou presque car c’était les européennes mais sur un tour, le FN était le premier parti de France, 4 années seulement après l’accession au pouvoir de sa présidente. Elle est la seule en France, soit dit en passant. Le FN compte des sénateurs, des conseillers régionaux et des députés alors que la proportionnelle n’a pas encore été instaurée. Marine Le Pen n’a pas dédiabolisé son parti, elle l’a normalisé, elle l’a adapté aux normes médiatiques et politiques de l’époque et l’incurie absolue des forces politiques traditionnelles, dans leur impuissance totale, a fait le reste. 

Quel est le niveau de désarroi des partis politiques traditionnels et des médias face à cette montée des populismes qu'ils soient de droite ou de gauche ? 

Le « populisme » est selon le Grand Robert « l’importance donnée aux couches populaires de la société », difficile d’y voir quelque chose de foncièrement mauvais lorsque l’on est démocrate et intéresser à l’idée de progrès. Il n’y a pas de montée des « populismes » mais plutôt de nouvelles manifestations politiques de la volonté populaire. Après des décennies d’immigration non contrôlée, de construction européenne sans validation démocratique, de mondialisation financière sans limite, les peuples, notamment européens, qui sont en première ligne pour subir ces mutations expriment un désir de changement pour retrouver le contrôle sur leurs destins. C’est un mouvement naturel alors que les partis politiques traditionnels ont échoué à exercer un quelconque contrôle sur ces sujets. Ces derniers ne sont que des gestionnaires, des accompagnateurs de décisions prises ailleurs et par d’autres. Par opposition les partis que vous appelez populistes veulent à nouveau le pouvoir. Celui qui émane du peuple et pour le peuple. Face à cette volonté de puissance affichée, les partis politiques traditionnels et les médias qui les ont accompagnés depuis tout ce temps qui ne pensent plus depuis longtemps de manière originale et indépendante  ne pourront pas résister longtemps. 

En 2002, Jean-Marie le Pen a obtenu 17% des voix et seulement 10% en 2007. Il semblerait que Nicolas Sarkozy soit parvenu à faire baisser le Front National dans cette période en captant l'électorat de Jean-Marie le Pen. Quels enseignements peut-on en tirer pour cette élection ? 

En 2007, grâce à une campagne réussie et une opposition divisée, Nicolas Sarkozy a réussi à faire croire au retour du peuple et de la France. Malheureusement pour ses électeurs, il n’avait pas les convictions politiques qui accompagnaient son incroyable instinct. S’il a réussi à siphonner les voix de Jean-Marie Le Pen en 2007 c’est en parlant des Français, de la France, de mérite, de pouvoir sur les évènements. Il a dit avec son talent politique aux électeurs « je ferais parce que je le veux » et ils l’ont cru. Ils ont cru que l’ordre républicain allait revenir partout sur le territoire, que ceux qui travaillaient allaient mieux gagner leur vie que ceux qui ne travaillent pas, il avait réussi à incarner ce message de puissance en rupture totale avec la présidence précédente qui n’avait semblé être qu’une longue suite de séquences d’impuissance et de renoncements. En 2017, François Fillon aurait pu, aurait dû être celui qui aurait permis à un candidat issu d’un parti traditionnel de réussir le passage de témoin vers un parti de pouvoir mais le déroulement de la campagne ne le lui a pas permis de faire cela. Il demeure toutefois encore le seul capable d’empêcher un second tour entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen.

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