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Donald Trump : un futur grand président ?
©AFP

Make America Great Again

A peine élu 45ème président des États-Unis, Donald Trump va désormais devoir s'atteler à la tâche. Avec l'occasion pour lui de marquer durablement l'histoire américaine.

Olivier  Dassault

Olivier Dassault

Olivier Dassault est un homme politique français, fils de Serge Dassault. Il est actuellement député LR de la première circonscription de l'Oise et Président du conseil du groupe Dassault.

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Donald Trump a été élu 45ème président des Etats-Unis d’Amérique, où il succèdera à Barack Obama, premier président de couleur. Pour se faire, il s’est défait d’Hillary Clinton, ancienne First Lady, sénatrice de New York et première femme candidate à ce poste.

Le milliardaire excentrique, parfois grossier, souvent caricatural, incarnation de l’Amérique, dans ses qualités et ses défauts depuis les années 1980, va devenir selon la formule l’homme le plus puissant de la planète.

Ces mots, ces phrases, inimaginables il y a quelques jours pour des millions d’Américains mais aussi pour une immense majorité de Français, résonnent à nos oreilles et l’on ne sait s’il faut se réjouir ou pleurer.

Se réjouir de voir une histoire écrite d’avance ne pas se dérouler comme prévue avec la victoire finale de l’outsider absolu qu’était M. Trump ou pleurer de constater le mépris dans lequel ont été tenus et continuent de l’être ses électeurs par des médias qui ont oublié leur mission de raconter des faits pour devenir des arbitres de ce qu’il faut et ne faut pas penser.

Doit-on se réjouir que "le réel ait fait irruption" pour reprendre le mot d’Alexis Brézet dans cette élection trop parfaite qui devait amener Mme Clinton à devenir la première femme Présidente des Etats-Unis ? Doit-on pleurer des réactions totalement disproportionnées de celles et ceux pour qui la démocratie ne devrait aller que dans leur sens et qui est bonne à jeter aux chiens quand ce n’est pas le cas ?

Après le Royaume-Uni et son choix retentissant de sortir de l’Union européenne, voici que la grande Amérique se choisi un Président peu convenable, avec des slogans barbares, comme "Refaire de l’Amérique une grande nation" ou "l’Amérique d’abord", contre l’avis de la totalité de l’établissement politique, démocrates et républicains réunis.

A ses compatriotes, le candidat Trump a parlé de sécurité, d’identité et de souveraineté. Il leur aussi parlé de travail et de faire revenir le Made in the USA. Enfin, il leur a parlé d’infrastructures et de la nécessité d’investir massivement pour en faire les meilleures du monde. Il a parlé à cette nation silencieuse de 92 millions d’Américains qui n’ont pas d’emplois, il a parlé des traités de libre-échange qui saignent à blanc l’économie américaine, appauvrissent les travailleurs et détruisent des emplois. Il a même osé dire qu’il allait remplacer le "globalisme" mondialisé par "l’Américanisme" pour renégocier ces traités et mettre fin à ce libre échangisme mortifère. Des propos inimaginables dans la bonne société américaine et qui en France seraient dignes de Jean-Luc Mélenchon ou de Marine Le Pen. Se serait-on donc trompé sur le compte de Donald Trump ?

La réalité est plus simple. Donald Trump a parlé à la tête mais aussi aux tripes du peuple américain. Il est apparu comme le Barack Obama d’une grande partie de la population blanche déjà déclassée ou en voie de déclassement. Cet entrepreneur entré en politique comme un chien dans un jeu de quilles, a su parler à ce peuple qui aspire à plus de sécurité face aux dangers du monde mais aussi face au risque de perdre son emploi, que, jusqu’à maintenant, ses dirigeants s’obstinaient à vouloir délocaliser. Ce peuple qui aspire à ce que son identité ne soit pas annihilée alors que toutes celles des minorités sont glorifiées au-delà du raisonnable. Ce peuple enfin qui espère conserver un peu de contrôle sur ce qui se passe dans son propre pays sans qu’à chaque fois un traité international vienne l’en empêcher. Comme l’a rappelé Hubert Védrine, "ce ne sont pas là des demandes immondes", nous n’avons pas à faire à des fous de dieu, des extrémistes ou des fascistes en puissance mais à des gens qui veulent croire que l’on peut encore avoir une influence sur le cours des choses en votant. N’est-ce pas là l’essence de la démocratie ?

Dans un pays qui a élu un acteur de seconde zone à la présidence pour en faire ensuite une divinité de la pensée conservatrice et un immigré autrichien adepte du culturisme pour diriger son Etat le plus peuplé et le plus riche, l’élection de Donald Trump ne devrait pas tellement surprendre. C’est au contraire une formidable histoire américaine. C’est également une incroyable chance pour les Etats-Unis. En mettant de côté les emportements de la campagne électorale, il est réjouissant d’imaginer un président qui n’est pas passé sous les fourches caudines du système politique, qui n’a aucune dette dans ce monde, aucune faveur à rendre, un président totalement libre de composer la meilleure équipe possible au-delà de l’étiquette politique, un président qui pourrait, s’il le souhaite, être le meilleur depuis Reagan, avec l’aide du Congrès qui, on peut l’espérer, saura lui aussi dissiper les vapeurs de la campagne.

En France, il est de bon ton de s’offusquer dès qu’une personnalité publique va au-delà du centre gauche, et pourtant une présidence Trump est une bien meilleure nouvelle pour nos intérêts qu’une présidence Clinton ne l’aurait jamais été car avec ce nouvel arrivant les compteurs seront remis à zéro.

"L’avenir n’est interdit à personne" disait Gambetta. Celui de Donald Trump pourrait être radieux car, après tout, selon la formule de Jacques Bainville, "l’optimisme n’est-il point la foi des révolutions ?".

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