Divorce franco-allemand, entente cordiale avec le Royaume-Uni : une nouvelle Europe est-elle en vue… hors de l’UE ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Emmanuel Macron se voit confronter à plusieurs défis en Europe.
Emmanuel Macron se voit confronter à plusieurs défis en Europe.
©Daniel LEAL / AFP

Hors les murs

La visite du roi Charles III en France tombe au moment où la relation entre Paris et Berlin s’est nettement refroidie.

Emmanuel Dupuy

Emmanuel Dupuy

Emmanuel Dupuy est enseignant en géopolitique à l'Université Catholique de Lille, à l'Institut Supérieur de gestion de Paris, à l'école des Hautes Études Internationales et Politiques. Il est également président de l'Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE). 

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Jean Etèvenaux

Jean Etèvenaux

Docteur en histoire et diplômé de l'Institut d'études politiques de Lyon, membre du Pen Club français, Jean Étèvenaux préside la Société des écrivains et du livre lyonnais et régionaux. Enseignant et journaliste, il donne de nombreuses conférences, notamment sur l'histoire des deux Empires (il a été vice-président du Souvenir napoléonien). Il est l'auteur de nombreux ouvrages.

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Jeremy Stubbs

Jeremy Stubbs

Jeremy Stubbs est le directeur adjoint de la rédaction du magazine Causeur (Paris) ainsi que président des Conservatives Abroad in Paris (section française du Parti conservateur britannique). 

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Atlantico : La visite du roi Charles III en France tombe au moment où la relation entre Paris et Berlin s’est nettement refroidie. C’est une opération séduction britannique à laquelle nous assistons au moment où le couple franco-allemand va mal ? 

Jérémy Stubbs : Les deux premières visites du roi Charles III ont été pour l’Allemagne et pour la France. En courtisan ces deux nations en particulier, le Royaume-Uni essaye de jouer de nouveau son rôle de puissance d’équilibre. Le couple Paris-Berlin va mal, parce que le Royaume-Uni n’est plus là. C’est opportuniste.

C’était aussi un peu le rôle que le Royaume-Uni jouait au sein de l’Union Européenne. Une sorte de troisième puissance pour équilibrer le couple franco-allemand. Maintenant que le Royaume-Uni a quitté l’Union Européenne, la France et l’Allemagne reste comme un vieux couple qui ne s’entend plus, qui se dispute et qui n’a pas d’alliés potentiels pour jouer les arbitres.

Un rapport de l'UE ouvre la porte au retour de la Grande-Bretagne dans le bloc. Ça fait partie de la stratégie britannique ?

Jérémy Stubbs : Le Royaume-Uni post Brexit revient en Europe. L’Union Européenne est, en partie, essoufflée. Elle n’est pas au bord du désastre, mais il y a une perte de direction car la France et l’Allemagne sont en opposition sur tout un tas de dossier. Notons que sur le plan militaire, l’Europe ne peut exister que grâce au Royaume-Uni et à la France

Emmanuel Dupuy : Nous assistons à des restructurations stratégiques. Le couple franco-allemand a toujours cherché à s’appuyer sur un troisième partenaire. Pendant longtemps, les dirigeants ont pensé à l’Italie. Mais ça n’a pas marché. Les allemands se sont donc retournés vers une autre triangulation, avec la Pologne. La France doit, elle aussi, trouver un partenaire. Avec Berlin, tout nous oppose : le poids des dettes, les choix de politiques industrielles… Depuis le Brexit, le Royaume-Uni est une alternative en dehors de l’Europe. On a crû que le Brexit était une erreur d’aiguillage. En réalité, il a permis le repositionnement politique des britanniques. 

Le Royaume-Uni et la France ont une convergence de points de vue sur de nombreux dossiers : l’Iran, l’Ukraine, la Libye, la Syrie… Ils ont un intérêt commun à affaiblir la position de l’Allemagne. 

L’Union européenne est essoufflée. La Communauté Politique Européenne lancée par Emmanuel Macron, c’est un nouveau modèle possible ? 

Emmanuel Dupuy : La Communauté Politique Européenne, elle existe pour l’instant davantage dans les faits que dans les actes. Mais l’ambition est là. Un troisième sommet de la CPE est d’ailleurs prévu le 5 octobre à Grenade, en Espagne

LA CPE d’Emmanuel Macron s’inspire de l’OSCE. Elle comprend 47 pays. C’est la même aire que l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération Européenne, à l’exception de la Russie et de la Biélorussie. L’idée de la CPE, c’est une Europe plus souple, plus réaliste. Une Europe géopolitique qui veut s’émanciper des règles de l’Union Européenne. 

Les britanniques, ce sont nos meilleurs amis ou nos meilleurs ennemis ? Comment reconstruire quelque chose avec eux dans ou en dehors de l’Europe ?

Jean Etevenaux : Ce sont nos meilleurs ennemis. On a quand même plus d’un millénaire de conflits et de trahisons derrière nous. La France et le RU sont les deux seules véritables nations anciennes de l’Europe. Les deux pays se sont définitivement séparés en 1066 et au moment de la guerre de cents ans. Il en est toujours resté quelque chose. C’est la bataille d’hastings, lorsque le duc de Normandie devient roi d’Angleterre. Ce qui finira par poser problème puisque le roi d’Angleterre devient le vassal du roi de France pour ses possessions dans tout l’ouest du pays.

Il ne faut pas oublier que depuis un siècle et demi, c’est-à-dire depuis que l’Allemagne existe en tant que nation unifiée ; la politique de Londres a toujours consisté à jouer soit la carte allemande, soit la carte française. Avec quand même une nette prédilection pour la carte française. 

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