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A l'origine de la défaite de Nicolas Sarkozy : la bataille des conseillers ?
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Chronique d'une défaite

Nicolas Sarkozy quitte l’Élysée : un revers cinglant pour cet « animal politique » habitué à vaincre, mis au tapis par un « président normal »… C’est ce dernier combat, sans doute le plus acharné, que retracent au jour le jour Arnaud Leparmentier et Stéphane Grand, qui ont suivi la campagne du président, de réunions en meetings. Extraits de "Nicolas Sarkozy : les coulisses d'une défaite" (2/2).

Arnaud Leparmentier et Stéphane Grand

Arnaud Leparmentier et Stéphane Grand

Arnaud Leparmentier est journaliste au Monde, attaché à l’Élysée.

Stéphane Grand, journaliste au service politique d’Europe 1, a suivi la campagne présidentielle du président candidat. 

Voir la bio »

Matinée à droite, après-midi gaulliste. À l’heure du laitier, Nicolas Sarkozy commence par s’adresser à ceux qui ont voté Front national.

— Y a-t-il trop d’immigrés en France ? lui demande Jean-Jacques Bourdin, l’animateur vedette de RMC.

— Oui, répond Nicolas Sarkozy, dont le ministre de la Défense a accordé un entretien à l’hebdomadaire d’extrême droite Minute.

Gérard Longuet estime qu’avec Marine Le Pen, à la différence de son père, il sera désormais « possible de parler de sujets difficiles avec un interlocuteur qui n’est pas bienveillant, mais qui, au moins, n’est pas disqualifié ». Hurlements d’une partie de la droite. Rama Yade manque s’étrangler :

— Moi, je pense qu’on ne peut discuter ni avec le père ni avec la fille, cela n’est pas négociable.

Franck Louvrier rigole :

— C’est une connerie de plus de Longuet, on est habitué !

Le peuple de droite, lui, s’apprête à célébrer son champion place du Trocadéro. C’est l’heure du rassemblement. À 14 heures, la place est déjà engorgée par les militants venus achever leur week-end du 1er mai dans le XVIe arrondissement. Symboliquement, la tribune a été montée sur l’esplanade des Droits de l’homme. Les images offrent une marée de drapeaux tricolores en premier plan et l’orateur, seul, surplombé par la tour Eiffel. À 15 h 20, Nicolas Sarkozy fend la foule, commence par annoncer la participation :

— Vous êtes deux cent mille ! prétend-il.

Chiffre largement exagéré, mais les images sont spectaculaires.

Alain Juppé n’en revient pas :

— C’est Nicolas qui a eu l’idée, j’étais sceptique, mais il s’est passé quelque chose.

D’autant que François Hollande, ce même jour, a décidé d’honorer la mémoire de Pierre Bérégovoy à Nevers. Il y dépose une gerbe de fleurs, engoncé dans son costume. La bataille des images tourne en faveur de Nicolas Sarkozy.

Depuis le discours de Toulouse, on assiste au retour d’Henri Guaino. La plume du président convoque l’Histoire de France, la République et le général de Gaulle. Pas celui, héroïque, de 1940, ni le conquérant de 1958. Non, celui de la traversée du désert. Et de citer son discours à Bagatelle, le 1er mai 1950 : « La masse immense que voilà prouve aux insulteurs que rien n’est perdu pour la France. »

En coulisse, les escarmouches continuent entre Henri Guaino et Patrick Buisson. Le premier a refusé d’évoquer dans le discours les racines chrétiennes de la France. Le second juge le sujet essentiel. Il en a parlé au président. Dans la loge, Patrick Buisson suit fébrilement le déroulé. Ouf ! Nicolas Sarkozy a fini par prononcer la référence tant souhaitée. Le candidat UMP fait curieusement la leçon et revendique toutes les avancées sociales de la République :

— Nous nous considérons comme les héritiers de ceux qui ont lutté pour le droit de grève, pour la liberté syndicale et pour les congés payés. Nous nous considérons comme les héritiers de ceux qui ont défendu Dreyfus et qui ont créé la Sécurité sociale. […] Nous sommes le peuple de France et nous assumons l’Histoire dans sa globalité.

Avant de lancer une supplique aux syndicats :

— Posez le drapeau rouge et servez la France !

Après avoir de nouveau cité de Gaulle, Nicolas Sarkozy conclut sur une note ambiguë :

— Il reste trois jours pour que chacun comprenne que, dimanche, il ne votera pas pour un candidat mais pour lui-même.

Comme s’il voulait inciter les hésitants à passer outre sa personne.

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Extrait de Nicolas Sarkozy : les coulisses d'une défaite, L'archipel ( 9 mai 2012 )


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