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Fin de l'euro en vue ? La dictature des marchés se nourrit de l’impuissance des gouvernements face à la déferlante de la crise financière
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EDITORIAL

Tandis que le G8, qui rassemble les dirigeants des plus grandes puissances du monde occidental, tient son conclave rituel aux États-Unis, la crise européenne connaît une nouvelle déferlante.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Les Grecs vident leurs comptes en banque par crainte d’un retour de la drachme, les Espagnols commencent à les imiter, en redoutant la disparition de l’euro, ainsi que les Portugais. Les bourses du vieux continent enregistrent des records de baisse, et les capitaux prennent le chemin de la Suisse, de l’Allemagne, voire de la Grande-Bretagne, tandis que l’euro s’affaiblit face au dollar. Le premier ministre britannique tire la sonnette d’alarme. Il ne suffit pas d’entonner l’hymne de la croissance pour empêcher le vieux continent de s’acheminer vers la récession dès cette année, comme l’annoncent les prévisions de la Commission de Bruxelles.

Mario Draghi vient de reconnaître lui-même que la politique monétaire particulièrement laxiste mise en œuvre ne suffit pas à redresser la barre : l’argent est là, les entreprises regorgent de liquidités, mais il ne s’investit pas. Les projets de développement restent dans les cartons.

C’est là qu’on mesure l’erreur fondamentale commise par les dirigeants européens depuis la fin 1995, en laissant le projet de construction européenne au milieu du gué, comme si la monnaie unique avait une force suffisante pour résoudre tous les problèmes. Au départ, l’euro a joué le rôle d’une drogue douce dont l’Allemagne a été la première bénéficiaire. Elle s’est habituée à une monnaie qui demeurait bon marché pour elle, puisqu’elle lui a permis de renoncer aux réévaluations régulières auxquelles la contraignait les dévaluations de ses partenaires, à l’époque des devises nationales. Elle en a profité pour muscler son industrie et devenir l’un des meilleurs exportateurs du monde.

Les autres pays européens y ont trouvé un autre avantage, celui de permettre le financement de dépenses publiques incontrôlées sans se soucier de l’équilibre budgétaire. Mais on a laissé sur le quai la poursuite de la réforme de fond qui imposait la création d’une union politique pour générer une solidarité au niveau européen. En cédant à la facilité, on a laissé se creuser peu à peu des divergences entre les pays membres, avec création de bulles financières dans les nations du sud , qui ont facilité l’essor des mouvements eurosceptiques, qui ont pris aujourd’hui une ampleur inquiétante en contribuant à renverser à chaque élection les gouvernements en place.

Au G8, les dirigeants européens vont renouveler leurs engagements pour tenter de sortir de la crise. La France et l’Allemagne ont fait un pas l’une vers l’autre sur la lutte contre les déficits et l’amélioration de la croissance, mais pour l’instant cela relève davantage de l’incantation que de l’action. Car les divergences subsistent dès que l’on envisage des décisions concrètes. Pas étonnant que les marchés manifestent leur impatience. Car leur force n’est que la résultante de l’impuissance des Etats à tracer des objectifs précis et à définir un cap.

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