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Dialogue social : quand les syndicats sont en contradiction avec leur tropisme marxiste
©Reuters

Oxymore

Alors que Air France continue de peiner en matière de dialogue social, la question des syndicats et des négociations est plus que jamais d'actualité.

Pierre Haas

Pierre Haas

Pierre Haas, après avoir servi comme officier dans les Forces françaises libres du Général de Gaulle, a fait carrière de 1950 à 1965 comme directeur général de Continental Grain France, puis à partir de 1963 à la Banque Paribas comme directeur des affaires financières internationales, puis président de Paribas International.

Il a été membre de nombreux conseils d’administration parmi lesquels on citera : Schneider S.A., Newmont Gold à Denver, Power Corporation du Canada et Power Financial.

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Pour les syndicalistes de la CGT, les violences exercées contre les dirigeants d’Air France répondaient à celles représentées par 2.900 licenciements secs.

Accepté par le petit personnel Navigant, le refus de la négociation d’un compromis par une catégorie sociale privilégiée, les pilotes, dont les lourdes responsabilités sont compensées par une rémunération à leur mesure, n’a pas modifié l’intransigeance de leur Syndicat. Cependant dans l’environnement ultra compétitif régnant, la survie de la Compagnie est en jeu.

Intransigeance secrétée par la spécificité de notre syndicalisme fondée sur une structure unique à la France, parmi les pays industriels avancés. Chez aucun d’eux les salariés du secteur public et ceux de la sphère privée ne se trouvent rattachés à une même Centrale. 

Comme la majorité des cotisants aux Syndicats provient de la Fonction Publique, l’emploi est absent de la liste des intérêts dont la défense est demandée.

Particularité en contradiction avec la priorité accordée à sa sauvegarde par les salariés de la sphère privée. Pour la surmonter il ne suffit pas d’employer des négociateurs différents suivant les secteurs. Ils relèvent tous d’une culture orientée vers la satisfaction des désirs de leur premier client, la Fonction Publique. 

Dans ce cadre l’Etat étant fréquemment l’interlocuteur privilégié, les accords conclus sont de nature politique obtenus grâce à des concessions concernant les subsides octroyés aux Syndicats pour assurer leurs couts de fonctionnement. Il s’agit d’arrangements et non à de véritables compromis donnant-donnant.

A l’évidence ce type de transaction n’est pas transposable à un milieu influencé par les courants imprévisibles et contradictoires traversant les marchés mondialisés.

Il l’est d’autant moins que les responsables syndicaux, imprégnés par la culture d’un monde, pour eux, immobile, sont peu préparés à affronter les problèmes d’un secteur où les contraintes de la concurrence sont aggravées par le défi du numérique.

L’arrivée d’un mode de communication numérisé en rendant obsolète le système prévalent de gouvernance hiérarchisée se traduit par l’irruption du pouvoir salarial dans la prise de décision et dans les modalités de l’emploi allant jusqu’à sa décharge à domicile.

Ce constat modifie les échanges au sein de l’entreprise. Désormais ils ne sont plus seulement orientés de haut en bas mais également dans l’autre sens.

De plus ces échanges couvrent tous les sujets et au premier chef notamment ceux traitant de la flexibilité du travail : heures travaillées, le soir, le dimanche, en semaine.

La mise en œuvre de la flexibilité nécessaire au bon fonctionnement du nouveau système comporte des servitudes représentant, pour les travailleurs, le prix à payer pour leur sécurité dans un contexte d’absence d’aller et retour entre emploi et chômage. 

Leur consentement représentant souvent une source de difficultés familiales ou autres, impose aux Syndicats, en contrepartie, un assouplissement de leurs méthodes de négociation de façon à avoir comme objectif un compromis et un renoncement à la politique du : « c’est à prendre ou à laisser » encore prévalente chez la plus importante Centrale et quelques autres.

L’avenir du syndicalisme exige sa transformation en force utile à l’économie et à ceux comptant sur sa capacité à défendre leurs intérêts. Exigence dont la mise en œuvre dépendra de la manière dont les Centrales intègreront la nouvelle dominante de la mentalité des salariés.

Sauf quand il est conduit au niveau des entreprises, le dialogue social, tel qu’il est pratiqué aujourd’hui ne l’intégrant pas, n’est qu’un jeu de postures apaisant pour les négociateurs mais désespérant pour ceux qu’il est censé protéger.

De toute manière le véto légal des syndicats ne peut durablement être opposé à des décisions majoritaires démocratiquement prises.

On observera pour conclure sur une note historique, qu’en agissant de la sorte les Syndicats se trouvent en contradiction avec leur tropisme marxiste.

Les nouvelles modalités régissant le processus de décision à l’intérieur d’un établissement et la flexibilité qu’il engendre restituent, au moins en partie, au travail, le rôle de créateur de richesse que lui attribue Karl Marx. 

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