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Des espions chinois tentent de pirater la recherche médicale américaine sur le Coronavirus : quelle ampleur pour l’espionnage venu de Chine ?
©PETER KLAUNZER

Nouvelle guerre froide ?

Deux Chinois sont soupçonnés par les autorités américaines d'avoir mené des cyberattaques contre des entreprises impliquées dans la recherche d'un vaccin contre le coronavirus. Que révèle cet incident sur les méthodes d'espionnage par la Chine ?

Fabrice Epelboin

Fabrice Epelboin

Fabrice Epelboin est enseignant à Sciences Po et cofondateur de Yogosha, une startup à la croisée de la sécurité informatique et de l'économie collaborative.

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Atlantico.fr : Deux espions chinois ont tenté il y a quelques jours de forcer la sécurité informatique de laboratoires américains afin de dérober leurs recherches sur le coronavirus, ainsi que des données de sécurité gouvernementale. Que révèle cet évènement sur l'ampleur et les méthodes des pratiques d'espionnage chinois ?

Fabrice Epelboin : Le but premier de tout service de renseignement, chinois ou occidental, est de récupérer des informations auprès de ses concurrents directs. L’affaire Snowden est un exemple frappant des rivalités et des enjeux de l’espionnage économique au sein du monde actuel. Les outils de surveillance de la NSA servent essentiellement à faire du renseignement économique : c’est ce que l’arrestation de ces deux espions chinois, tentant de forcer la sécurité informatique de laboratoires américains, a pu révéler des méthodes de pratiques d’espionnage tant chinoises qu’internationales. Ces outils de surveillance sont utilisés pour surveiller ce qui est produit sur son territoire, mais essentiellement ce qui est produit dans un pays concurrent. Ce qui étonne ici, c’est la séquence de communication qui a été faite autour de cette arrestation. Celle-ci laisse penser à des enjeux beaucoup plus larges qui dépassent le cadre de l’espionnage en lui-même.

Ces méthodes d'espionnages sont-elles propres à la Chine ? Quelle place occupe l'Europe dans ce jeu d'espionnage ?

Qu’elles soient chinoises, américaines, russes, iraniennes ou pakistanaises, les cibles de l’espionnage demeurent les mêmes. C'est dérober la propriété intellectuelle d’un pays concurrent pour la transmettre à une entreprise nationale. Dans le cas présent il s’agit d’un vaccin. Mais il pourrait s’agir d’un camp militaire ou d’une technologie de la Silicon Valley promise à un brillant avenir et dont la Chine voudrait mettre la main dessus sans nécessairement l’acquérir. La question de ce type d’espionnage ne se pose pas au sein de l’Europe, il n’y a pas de service d’espionnage européen. Comme défini par le Traité de Lisbonne, les questions de l’espionnage sont de l’ordre de la souveraineté des nations. Nous serions incapables d’avoir une entente européenne sur cette question. Il y a encore quelques années, les Allemands aidaient la NSA à dérober des plans d’hélicoptères de combat auprès d’Airbus…

Quelles conséquences géopolitiques cet évènement peut-il provoquer ? Peut-on s'attendre à une réaction violente de la part des Américains ?  

Prédire les réactions de Trump serait un peu prétentieux de ma part ! Mais de toute évidence cette séquence s’inscrit dans un plan de communication de la part du gouvernement américain. Donald Trump est à 100 jours des présidentielles et doit impérativement renverser la vapeur. Il faut quelque chose d’impactant dans l’opinion publique de façon à renverser les cartes et l’opinion en sa faveur. Or Donald Trump a l’air suffisamment impulsif pour être prêt à déclencher une guerre avec la Chine. De nombreux sondages réalisés au sein de plusieurs pays désignent les États-Unis comme la menace principale à l’équilibre du monde. L’absence totale de réaction du monde face à la question des Ouïghours montre à quel point l’opinion publique mondiale se détache des actions de la Chine. Le monde s’attend davantage à un nouveau conflit déclenché par les États-Unis envers la Chine que l’inverse.   

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