Derrière le retour de Kim Cattral, Samantha Jones dans Sex and The City, les complexités des amitiés féminines<!-- --> | Atlantico.fr
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Kim Cattrall (à droite).
Kim Cattrall (à droite).
©JASON BAHR GETTY IMAGES NORTH AMERICA Getty Images via AFP

Solidarité et bienveillance

La solidarité entre femmes et la bienveillance ne sont pas toujours au premier rang des valeurs féminines qu’on nous vante souvent.

Sophie Bramly

Sophie Bramly

Sophie Bramly  est créatrice d'un site  d'un site destiné à éveiller ou combler la sexualité féminine, Second Sexe, et ancienne productrice chez MTV. Elle est aussi mère de deux enfants.

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Atlantico : La solidarité entre femmes et la bienveillance ne sont pas toujours au premier rang des valeurs féminines qu’on nous vante souvent. Comment expliquer l’écart entre la perception, les valeurs promues, et la réalité des amitiés féminines ?

Sophie Bramly : La réalité des amitiés féminines dépend indéniablement de leur place dans la société : lorsqu’elles sont fragilisées par une position défavorable (assignées à des fonctions reproductives, soustraites de la vie professionnelles et entièrement dépendantes de leurs pères, frères ou maris) elles sont automatiquement mises en compétition les unes avec les autres, ce qui nuit à leurs rapports. Cela a été décrit sous différents angles par Virginia Wolf, Simone de Beauvoir et bien d’autres. 

Dans les pays d’Occident où la place des femmes s’est nettement améliorée depuis un siècle, on voit les amitiés se renforcer.

Cela dit, il n’y a pas de solidarité et de bienveillance qui seraient des valeurs particulièrement féminines, ce serait faire une scission de genre qui na pas lieu d’être. 

Nous traversons une époque où il n’est question que de confrontations, d’oppositions systématiques où toutes formes de nuances semblent avoir été gommées. Je ne crois pas à l’idée de la femme qui serait plus particulièrement solidaire, bienveillante ou victime : les femmes n’ont pas un bagage génétique de valeurs qui leurs seraient propres, elles ont de multiples et complexes facettes, comme les hommes, les rendant solidaires par moment, individualistes à d’autres, alternativement bienveillantes et acrimonieuses, comme les hommes.

Pourquoi les amitiés féminines sont-elles aussi complexes ?

D’un point de vue strictement biologique, le principe masculin est de répandre ses millions de spermatozoïdes quotidiens chez le plus de femmes possibles, tandis que le principe féminin est de gérer le plus précautionneusement possible les 400 ovules de toute une vie en trouvant le meilleur géniteur possible. Tant que la société n’accordait aux femmes qu’un rôle reproductif,  cela entraînait chez les femmes un esprit de compétition qui n’est en fait que de courte durée : entre vingt et quarante ans, pendant la période de possible fécondation. 

Mais c’est aussi la seule période de la vie des femmes qui intéresse le monde de l’entertainment et des médias, car c’est le moment où les hommes ont les yeux rivés sur elles (par ailleurs - mais c’est un autre sujet - une fiction sans friction est généralement impensable). De tous temps, une fois cette période passée, les amitiés féminines se révélaient ni plus ni moins solides que celles des hommes. 

Cela dit, le féminisme de la deuxième vague a prêché pour une sororité vitale au développement du mouvement et cela a donné conscience aux femmes qu’elles avaient été poussées à la compétition malgré elles. A l’heure où les femmes mettent la reproduction au deuxième plan, les amitiés féminines des générations Y et Z sont d’autant plus solides. Pour celles et ceux qui voient comme une évidence la fluidité des genres, il n’y a pas de complexité différenciante entre amitiés féminines et amitiés masculines. 

Les séries télévisées reflètent-elles justement la réalité des amitiés féminines ?

Comme indiqué à la question précédente, la fiction se nourrit de conflits et de tragédies et par ailleurs le monde de l’audio-visuel est aux mains des hommes. Il y a donc peu de séries qui racontent les femmes autrement, à moins qu’elles soient ménopausées (je pense notamment à la vieille série américaine « The Golden girls » et plus récemment « Grace and Frankie » ). Il y a fort heureusement des exceptions à cette règle, avec des séries comme « Girls », « Friends », « Big Little Lies » et quelques autres. Elles sont malheureusement toutes anglo-saxonnes, je ne crois pas qu’en France les décideurs se soient laissés tentés par la célébration des amitiés féminines. Un signe supplémentaire de l’obsolescence de ce média pour les nouvelles générations ?

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