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Derniers chiffres du chômage du quinquennat Hollande : la fin médiocre d'un mandat raté
©BERTRAND GUAY / POOL / AFP

Au piquet !

Les nouveaux chiffres affichés ne sont pas si positifs...

Pierre-François Gouiffès

Pierre-François Gouiffès

Pierre-François Gouiffès est maître de conférences à Sciences Po (gestion publique & économie politique). Il a notamment publié Réformes: mission impossible ? (Documentation française, 2010), L’âge d’or des déficits, 40 ans de politique budgétaire française (Documentation française, 2013). et récemment Le Logement en France (Economica, 2017). Il tient un blog sur pfgouiffes.net.
 

Vous pouvez également suivre Pierre-François Gouiffès sur Twitter

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Atlantico : Quel est le principal enseignement que nous pouvons tirer de ces derniers chiffres du chômage ?

Pierre François GouiffèsLe dernier mois du mandat du quinquennat Hollande est un mois positif en ce qui concerne les demandeurs d’emploi sans aucune activité (catégorie A, -37 700) mais aussi un mois négatif si l’on prend en compte les demandeurs d’emploi sans activité ou avec activité réduite (ABC, +30 900). Les quatre premiers mois de l’année sont surtout marqués par la stabilisation du chômage à un niveau élevé, voire une dégradation de la tendance par rapport à 2016 : stabilité pour la catégorie A contre une baisse de 116 000 en 2016 sur cette catégorie.

Le commentaire mensuel des chiffres du chômage constitue un important rituel médiatique de la République, rituel que la nouvelle ministre Muriel Pénicaud semble avoir décidé de remettre en cause, ce qui peut se comprendre car effectivement seule la tendance de moyen terme compte.

Hollande semble donc terminer son quinquennat sur une note positive concernant les chiffres du chômage. Pour autant en observant la tendance, quel bilan tirer de ce quinquennat ? Est-ce si positif que cela et quel peut être le sens cacher de ces chiffres ?

Le quinquennat de François Hollande a été quelque peu pollué par son engagement de ne pas se représenter s’il ne pouvait pas mettre en avant une baisse significative du chômage. Essayons donc de voir le poids de la situation de l’emploi sur sa décision de décembre de ne pas concourir à l’élection.

De fait le chômage a significativement progressé durant le quinquennat même si c’est de façon moindre que sous Nicolas Sarkozy qui lui a l’excuse d’une violente récession : +18 % pour la catégorie A (3,7 millions de personnes dont près de 600 000 en plus) depuis mai 2012, +26 % pour les ABC (5,8 millions, +1,2 millions supplémentaires). La seule catégorie pour laquelle le chômage a baissé sur le quinquennat est constituée par les jeunes (-5 %) mais il y a eu une véritable explosion du chômage des plus de cinquante ans qui a augmenté de moitié.

La France demeure donc installée dans un certain nombre de difficultés structurelles : déficits jumeaux, faible croissance, taux de chômage élevé par rapport à nos grands voisins ou en baisse moins rapide que les pays qui ont pris plus brutalement le choc de 2008. Donc beaucoup de travail pour la nouvelle équipe !

Quels résultats aurait-on pu avoir avec la conduite d'une autre politique économique ?

Je pense que la politique économique initiale du quinquennat, qui rappelons le commence alors que la crise de la zone euro était encore vive, est notamment marquée par la méthode française de réduction des déficits : on essaie de revenir à un semblant d’équilibre par une forte hausse des prélèvements obligatoires. Fait aggravant dans le cas de Francois Hollande, la très forte hausse des prélèvements opérée en 2012-2013 ne faisait en outre que renforcer celle décidée par Nicolas Sarkozy en 2011-2012. Il est très probable que la violence du choc fiscal a pesé sur la croissance et donc le chômage conjoncturel : François Hollande n’a ainsi qu’une croissance poussive les trois premières années de son mandat (0,2 % en 2012, 0,6 % en 2013, 0,3 % en 2014) et une reprise plus que modeste ensuite.

Il y a ensuite l’enjeu des réformes structurelles. François Hollande a montré des velléités en la matière (CICE, loi Macron, loi El Khomri) mais plutôt dans la seconde moitié de son mandat et dans un contexte d’opposition interne particulièrement fort. D’où des résultats tardifs et mitigés.

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