Déréglement climatique : le point sur les hypothèses du dernier rapport du Giec<!-- --> | Atlantico.fr
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Le cinquième rapport du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC) est plus qu'alarmant.
Le cinquième rapport du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC) est plus qu'alarmant.
©DR

Chaud devant !

Le cinquième rapport du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC) est plus qu'alarmant. Augmentation de 4°C de la température terrestre, hausse des événements climatiques extrêmes, insécurité alimentaire, extinction d'espèces... Après lecture de ce rapport, le pessimisme est au rendez-vous. Mais après tout, ces experts ont droit à l'erreur.

Frédéric Decker

Frédéric Decker

Météorologue - Climatologue à MeteoNews et Lameteo.org

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Atlantico : Le cinquième rapport du GIEC vient d’être publié. Qu’apporte-t-il de plus que le précédent sorti en 2007 ?

Frédéric Decker : Ce dernier rapport tente de donner une tendance climatique plus précise pour les décennies à venir, jusqu’en 2100, en particulier sur les températures moyennes globales. Le consensus indique un réchauffement probable de l’ordre de 1 à 4 degrés. Outre cette hausse des températures, le GIEC indique de nombreuses conséquences possibles, sur les phénomènes météo violents (plus nombreux et plus violents), mais aussi sur la population (notamment en raison des risques de submersion marine des terres basses) et sur l’économie (agriculture, alimentation, problèmes sanitaires etc…). Toutefois, en lisant ce rapport, on ne peut que constater que les incertitudes sont grandes : un réchauffement de 1 degré ou moins aurait en effet des conséquences bien moindres qu’un réchauffement de 4 degrés qui pourrait être catastrophique. La planète a déjà connu des périodes très chaudes, même beaucoup plus chaudes qu’actuellement (6 à 8 degrés de plus) du temps des dinosaures… En revanche, l’homme n’était pas encore là pour observer les conséquences qui, de toutes façons, seraient très différentes de nos jours en raison de notre mode de vie moderne.

Selon les scientifiques, la température va augmenter de 0,3 à 4,8°C d’ici à 2100. Que penser de tels écarts de prévisions ?

Il a du mal à l’admettre, mais le GIEC n’a pas été très bon sur les prévisions de réchauffement 2000-2010. En effet, selon leurs thèses antérieures à l’an 2000, le réchauffement devait se poursuivre en s’accélérant durant cette décennie. Cela n’a pas été le cas, au contraire : le réchauffement s’est quasiment stoppé depuis 1998, malgré des années encore très chaudes (notamment 2005 et 2010). En ne prenant en compte que le paramètre anthropique du réchauffement, le GIEC a omis la baisse de l’activité solaire, qui a probablement occasionné cet "effet plateau" du réchauffement des années 2000. Leurs tendances pour 2100 restent très vagues et tout aussi incertaines. 0,3 degré de hausse d’ici 2100, c’est moins qu’au cours des 40 dernières années… 4 degrés seraient probablement "du jamais vu" sur une période si courte… Selon l’hypothèse d’un réchauffement au même rythme que ces 30 à 40 dernières années, le climat pourrait se réchauffer de 1,9 degrés en 85 ans, ce qui est déjà énorme. Mais la machine climatique est si complexe que les modèles échouent régulièrement. Nous risquons d’avoir de nouvelles surprises…

Hausse des événements climatiques extrêmes, insécurité alimentaire, problèmes sanitaires, multiplication des conflits dans le monde… Les prévisions du GIEC s’étendent sur de nombreux domaines. Que penser d’une telle versatilité dans l’analyse ? Peut-on vraiment prédire des évolutions en la matière sur plusieurs décennies ?

Ce n’est pas nouveau. Dès 1988 et la première "crise climatique", le GIEC, alors à ses balbutiements, annonçaient des chiffres assez catastrophiques en terme de hausse des températures et des conséquences diverses et variées à l’horizon 2000, 2020 et 2050. On ne peut pas dire que les prévisions pour l’an 2000 aient été justes (trop chaudes et trop catastrophistes dans l’ensemble). On peut certes faire quelques projections, mais les incertitudes restent importantes.

Quels sont les risques les plus imminents actuellement ? Quels sont les moyens d’actions concrets à nos dispositions ?

Les risques les plus imminents sont ceux que l’on a connus récemment, ces derniers mois ou ces dernières années : canicules plus fréquentes et plus étendues (comme en 2010 en Russie, en 2003 en Europe de l’ouest) et érosion rapide des côtes comme l’hiver dernier en France et en Europe en général. En revanche, inondations ou sécheresses sont encore difficilement imputables au réchauffement. Nos moyens d’actions sont malheureusement bien dérisoires, car si certains pays tentent de moins pollués (France, Allemagne), d’autres, en pleine expansion, polluent au contraire beaucoup plus qu’autrefois (Chine, pays d’Asie). Les émissions de CO2 à l’échelon mondial ne sont malheureusement pas à la baisse, et la politique de développement des pays asiatiques semble peu se soucier des possibles retombées néfastes à venir…

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