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Dépenses publiques : les 9 réformes qui permettraient enfin à l’Etat de réduire son train de vie intelligemment
©Reuters

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Redéfinir les missions régaliennes, réduire les subventions aux entreprises, etc. : voici quelques réformes qui pourraient permettre à l'Etat de réduire la dépense publique.

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon est présidente du Mouvement ETHIC (Entreprises de taille Humaine Indépendantes et de Croissance) et chef d’entreprise (SDME).

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Atlantico : A l'occasion de l'élection présidentielle, vous publiez un rapport sur la gestion de la dépense publique par l'Etat intitulé Restaurer la compétitivité de la France : la réduction des dépenses de l'Etat. Quel a été le point de départ de ce rapport ? Quels constats vous a donné envie de le rédiger ?

Sophie de Menthon : Une entreprise est régulièrement confrontée à des situations où elle est obligée de baisser ses dépenses, lorsque sa rentabilité baisse ou que son chiffre d'affaire est plus faible. Lorsque c'est le cas, on adopte une vraie stratégie. Nous sommes très étonnés, nous, chefs d'entreprises, de constater que lorsque les candidats abordent la question de la baisse des dépenses publiques, ils n'ont, en fait,  pas de projet ni de mesures de substitution ; certes l'Etat ne fonctionne pas comme une entreprise mais les règles de bonne gestion demeurent !

Aujourd'hui, la baisse de la dépense publique dans la campagne présidentielle semble se limiter à la réduction du nombre de fonctionnaires, sans qu il y ait le moindre projet derrière, ni la moindre stratégie pour améliorer la fonction publique et les RH... Or, rappelons que cela nécessite une véritable stratégie managériale. 

Nous nous sommes donc efforcés de raisonner sur ce point comme un chef d'entreprise, notamment en se posant la question de savoir comment faire en sorte que cela soit gagnant-gagnant pour l'Etat comme pour les fonctionnaires....

Selon vous, pour définir sa stratégie, l'Etat devrait commencer par une nouvelle approche sur ce ses missions régaliennes. Que préconisez-vous ?

L'idée que l'Etat est plus efficace que tout le monde, y compris dans des domaines qui ne le concernent pas, est la cause de notre déficit chronique. La réflexion stratégique consistant à se recentrer sur des missions régaliennes est un tabou pour les politiques qui perdraient du pouvoir, alors même que les électeurs eux n'y sont pas opposés.

Nous sommes donc partis du principe qu'il fallait apporter notre aide, avec notre expérience et notre bon sens. Redéfinir les missions régaliennes, cela implique de réfléchir à ce que l'on peut laisser au privé en terme de missions que nous ferions aussi bien, peut-être même mieux, et moins cher .

Pourquoi, par exemple, une collectivité locale aurait-elle besoin d'embaucher un fonctionnaire à vie, qui bénéficiera d'un statut particulier pour tondre la pelouse de la préfecture  alors que des jardineries privées peuvent le faire avec professionnalisme et seulement à la demande  ? L'entretien des espaces verts doit-il être une mission régalienne de l'Etat ?

Toute notre réflexion en la matière repose sur la base du partage des valeurs. La devise de notre pays est "Liberté, Egalité, Fraternité", c'est-à-dire liberté d'entreprendre, égalité des Français devant les mêmes conditions de travail avec les mêmes droits et devoirs. Cela n'a pas de sens que certains puissent bénéficier de privilèges liés à un statut qui n'a pas lieu d'être ...sauf pour les missions régaliennes.  

Dans le secteur de la Santé, pourquoi n'existe-t-il pas d'écoles d'infirmières privées ? Pourquoi les hôpitaux n'embaucheraient-ils pas des infirmières issues du privé ? 

Pourquoi ne pas introduire la concurrence dans les écoles avec pouvoirs au directeur comme à un chef d'entreprise , avec un socle de connaissance comme objectif  etc. ?

Quelles sont les autres mesures fortes que vous proposez ?

Une autre réforme concerne la réduction des subventions aux entreprises. C'est une proposition qui pourrait en inquiéter certains, mais il faut bien comprendre que chaque fois qu'une aide est décidée, elle s'accompagne d'une nouvelle taxe ! Nous ne voulons plus de subventions : économisez l' argent et baissez plutôt le coût du travail ! Les subventions aux entreprises représentent aujourd'hui près de 130 milliards d'euros. C'est seulement  une façon pour l’État de garder une mainmise sur l'économie. Nous proposons donc de réduire ces subventions de 20 milliards d'euros.

Nous proposons pour cela de sortir les fonctionnaires du secteur public. Il y a quelques jours, j'ai rencontré un enseignant qui m'expliquait sa situation : il avait 42 ans, des points accumulés pour la retraite, mais plus aucun espoir de promotion dans sa vie professionnelle.

On pourrait  racheter le statut de ceux qui le souhaitent pour qu'ils puissent passer dans le privé. Nous leur donnerions ainsi la liberté de pouvoir revaloriser leur talent. C'est l'objectif d'une réflexion gagnant-gagnant. C'est la valorisation de nos salariés que nous souhaitons transmette aux oubliés de la fonction publique 


Une autre réforme à laquelle nous tenons concerne les partenaires sociaux, qui doivent absolument redevenir des acteurs légitimes et responsables. Nous savons actuellement qu'à chaque fois qu'une négociation est renvoyée aux partenaires sociaux, c'est l'échec par idéologie et parti pris politique. La négociation devrait se faire à l'initiative de commissions paritaires, et surtout au niveau de chaque entreprise avec, en particulier, un référendum sur le temps de travail dans chaque structure avec un minimum de salariés.

Malgré tout, qui vous semble aujourd'hui le ou la plus disposé(e) à aborder la question de la gestion des dépenses publiques ?  

Nous avons envoyé à tous les candidats à l'election présidentielle les 9 réformes que nous proposons, en leur demandant ce qu'ils en pensaient. 

Nous observons, en toute objectivité et avec attention, les programmes de tous les candidats. Celui qui est probablement le plus efficace, mais qui ne rentre pas assez dans la faisabilité et les détails, est François Fillon, même si nous sommes inquiets de ses reculs Quand évoquera-t-il, par exemple, la question de l'équité des Français devant les retraites (50 ans à la SNCF contre 62 ans dans le privé !) , de la formation des fonctionnaires  etc,?

Marine Le Pen, elle, semble avoir reculé sur ce thème. Peut-être parce qu'elle trouve dans la fonction publique une partie de ses électeurs frustrés  ? 

Ne parlons pas, en revanche, des programmes de Benoît Hamon ou de Jean-Luc Mélenchon, qui nous ont répondu qu'effectivement, les régimes du privé et du public étaient inégaux, et qu'il fallait donc étendre les avantages du public aux salariés du privé...en augmentant la dépense publique !

J'attends de savoir ce qu'Emmanuel Macron pense, entre autres, de cette question. Il ne suffit pas de se déclarer libéral et moderne pour réussir une réforme structurée et surtout comprise. On a jamais rien réformé à coup de concepts . 

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