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Dépenses militaires : pourquoi l’Asie achète désormais plus d’armes que l’Europe
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Industrie d’armement

La Chine est aujourd'hui le second budget au monde en matière de dépenses militaires.

Michel Fouquin

Michel Fouquin

Michel Fouquin est conseiller au Centre d'Etudes Prospectives et d'Informations Internationales (CEPII) et professeur d'économie du développement à la faculté de sciences sociales et économiques (FASSE).

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Au cœur de la course aux armements en Asie, il y a la montée en puissance de la Chine depuis plus de trente ans. La croissance économique chinoise s’accompagne d’une croissance tout aussi exceptionnelle de ses dépenses militaires, on l’estime officiellement à plus de 10% par an en moyenne depuis le début des réformes en 1978. Partie d’un niveau très bas, celles-ci ont atteint en 2011 un niveau supérieur à 106 milliards de dollars (estimé au taux de change courant qui est fortement sous-évalué) soit un des budgets les plus élevés au monde, second budget seulement après celui des États-Unis (mais un cinquième seulement de celui des États-Unis).

Elle domine largement les autres pays d’Asie du Sud-est qui ont dépensé moins du quart de la dépense chinoise (24.5 milliards de dollars), mais ceux-ci tentent cependant de combler leur retard en accélérant leurs programmes d’investissement ce qui peut faire penser à une course aux armements dans la région. La crise financière mondiale impose depuis 2009 des coupes budgétaires sévères dans les budgets militaires à peu prés partout dans le monde et notamment aux États-Unis et en Europe, alors que la Russie, la Chine et l’Asie du Sud-est font exception.

En un sens cette évolution est naturelle pour la Chine, la dépendance accrue de la Chine à l’égard de l’économie mondiale a progressé encore plus vite que sa production intérieure : premier exportateur mondial, c’est aussi un importateur majeur. Elle se doit donc d’assurer la sécurité de ces approvisionnements en matières premières énergétiques et minérales, vitales pour son économie. Cette situation appelle une stratégie de développement et de protection de ses routes maritimes. Cela concerne au premier chef les routes qui la connectent au Moyen-Orient et à l’Afrique.

On a vu la Chine financer le développement de ports en eaux profondes au Pakistan, en Birmanie, aux Maldives et sur les côtes africaines, ces investissements ont à la fois des objectifs commerciaux et militaires au profit de la marine chinoise. Du coup l’Inde se sent encerclée et se doit de renforcer sa défense qui est beaucoup moins bien lotie que celle de la Chine qui n’a pas besoin d’obtenir un consensus du public.

Par ailleurs la Chine a tendance à se considérer comme la puissance tutélaire de la mer de Chine et voudrait bien renouer avec son passé glorieux où les pays de la zone payait leur tribut à l’empereur de Chine. Tout aussi naturelle est la réponse de ses voisins les plus proches qui craignent la main mise de la Chine sur les territoires maritimes proches de la Chine.

Les incidents en Mer de Chine ne cessent de se multiplier et les revendications chinoises sur la propriété de certaines iles ou cailloux - et surtout du sous sol qui les entourent- se heurtent directement à celles de ses voisins : que ce soit avec les deux Corée, le Japon, les Philippines, le Vietnam, Taïwan etc. Du coté du continent la Chine a résolu ses problèmes de frontière avec la Russie et entretien de bonnes relations avec Poutine. Elle s’intéresse de près aux évolutions de l’Asie centrale et a constitué avec la Russie et quatre pays de cette région un groupe de coopération dit groupe de Shanghai. Par ailleurs la Chine continue de mettre la pression sur l’Inde dans l’Himalaya.

Face à cette montée en puissance de la Chine, les États-Unis depuis l’arrivée de Barack Obama au pouvoir estiment que leur avenir n’est pas en Irak ni en Afghanistan, que l’Europe doit de plus en plus se prendre en charge, et que leur priorité absolue à long terme c’est l’Asie. Ils veulent conserver leur leadership dans les eaux du Pacifique ce qui contrarie violemment la Chine.

Enfin, autre raison pour la Chine de développer son industrie d’armement, c’est la recherche de l’excellence technologique. Le plus impressionnant peut être est le développement de la recherche spatiale qui a pour objectif avoué de construire une station orbitale d’ici 2020. Cette station aurait aussi un agenda militaire car elle permettrait de guider des missiles menaçants la sécurité des porte-avions des États-Unis croisant en mer de Chine. La Chine développe son propre porte-avion, ses sous-marins ainsi que des missiles visant les porte-avions, enfin elle développe une aviation de chasse, comme elle souhaite développer sa capacité à produire des avions civils. Ces investissements sont censés préparer la prochaine étape du développement de l’industrie chinoise de haute technologie.

La stratégie chinoise est une stratégie essentiellement orientée sur l’Asie, la mer de Chine et l’océan indien, pour le moment elle n‘a pas (encore ?) de stratégie mondiale.

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