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Dépendance : la fatigue de la compassion touche de plus en plus de professionnels des soins. Et de non-professionnels aussi.
©Reuters

Soignants à risques

La fatigue de la compassion, aussi appelée syndrome de l'épuisement, n'atteint pas seulement le personnel médical mais aussi les particuliers qui passent leur vie à aider leur entourage.

François Baumann

François Baumann

François Baumann est médecin généraliste, fondateur de la Société de Formation Thérapeutique du médecin Généraliste (SFTG). Intéressé par toutes les dimensions des Sciences Humaines et Sociales qui participent à une meilleure santé des hommes, il a publié de nombreux ouvrages sur ces thèmes. Il est également enseignant à l'Université Paris V et membre du comité Scientifique International de l'UNESCO (département de Bioéthique).

Il est auteur de Burn Out : quand le travail rend malade, L'après burn-out et Le Bore-out, quand l'ennui au travail rend malade aux éditions Josette Lyon. 

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Atlantico : En quoi consiste ce concept de fatigue de la compassion décrit dans une colonne du Washington Post ?

François Baumann : C'est le fait de s'épuiser par trop de dévouement à l'autre, une tendance à s'oublier soi-même. Des syndromes de dépression qui sont équivalents à des burn-outs. On est en général surmené, surchargé… Les personnes s'occupant des autres : soit les soignants, soit les familles proches qui sacrifient une partie de leur vie pour un patient ou un parent. Les personnes ayant un passé de dépression, qui ont du mal à gérer leur fatigue, sont davantage exposées à ce syndrome. Les femmes peuvent l'être encore plus car leur charge mentale est plus forte : elles doivent s'occuper de leurs enfants, de leur travail…

Est-ce un phénomène récurrent en France ? Et en Europe ?

François Baumann : Mettre un nom sur ce phénomène est intéressant mais cela a toujours existé en France sous d'autres termes : on parlera de burn-out parental, burn-out des soignants. A ce moment-là, on pointe sur un sentiment comme la compassion. J'entends beaucoup parler de fatigue de la compassion en consultation mais ce terme est encore assez vague. Selon moi, le mot "compassion" est gênant car il y a une connotation religieuse (cela veut dire souffrir avec, c'est-à-dire "tu aimeras ton prochain comme toi-même et tu souffriras comme lui"). Tout le monde n'est pas dans la religion, c'est très toxique pour certaines personnes. Le burn-out et la fatigue de la compassion sont en quelques sorte liés, cela se traduit par de l'épuisement : épuisement par la vie de famille ou par exemple parce que l'on a une mère qui souffre d'Alzheimer et dont on doit s'occuper. Je dirais qu'il y a deux personnes sur cinq qui risquent de faire un burn-out par épuisement à ce rythme-là et les trois autres qui ne le font peut-être pas.

Comment remédier à ce phénomène ?

François Baumann : Au début des symptômes, si quelqu'un commence à déprimer parce qu'il s'occupe trop des autres, on va lui conseiller de changer d'activités pour diminuer son stress. Sinon ce stress peut le mener vers une dépression plus profonde à chaque fois. Parfois, on va considérer qu'il faut aider les patients par voie médicamenteuse. Tout est question de proportion, plus on s'enfonce, plus on aura besoin d'un traitement médicamenteux.  

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