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Départementales, les leçons canton par canton : une progression du FN qui commence à marquer le pas
©Reuters

A la loupe

Les résultats du FN au second tour des élections départementales ont été décevants pour le parti de Marine Le Pen. Présent dans 1105 cantons, il n'en a remporté que 31. Le détail cependant n'en demeure pas moins riche d'enseignements.

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Présent dans 1105 cantons au second tour, le FN ne l’a emporté que dans 31 cantons, ce qui est assez peu mais il convient de souligner que le parti lepéniste ne disposait pas d’alliés et qu’il devait de surcroît faire face au « front républicain », pratique qui ne s’applique que contre le Front National. Dans ces conditions, il était très difficile au FN de franchir le fameux plafond de verre et de l’emporter largement. Même si la moisson est modeste avec 31 cantons conquis, le FN a marqué des points et poursuivi son implantation locale. On notera par ailleurs que ses candidats atteignent entre 45% et 49,9% dans 99 autres cantons dont 28 où leur score se situe entre 48 et 49,99%. Il s’en est donc fallu de peu pour que FN l’emporte dans près de 60 cantons et qu’il double ainsi son nombre de cantons remportés. Rappelons qu’aux cantonales de 2011, scrutin qui avait signé le retour du FN après les échecs enregistrés au début du quinquennat de Nicolas Sarkozy, la formation lepéniste n’avait remporté que 2 cantons sur les 400 où elle était qualifiée au second tour. Le FN se heurte donc encore à un plafond de verre, néanmoins ce scrutin départemental marque une nouvelle étape dans l’enracinement du parti et dans l’élargissement de son assise électorale.

Lire aussi : Départementales : les catholiques, la droite et le FN

  1. Le FN continue de progresser en duel mais moins fortement que par le passé

  2. Si à l’aune du critère du nombre de cantons remportés au 2e tour, le succès du FN apparaît en demi-teinte, on constate à la lecture du tableau ci-dessous qu’en configuration de duels, les candidats frontistes progressent dans l’entre-deux tours alors même qu’ils partent d’un niveau déjà élevé au premier tour (plus de 30%). Cela renseigne sur la capacité à fidéliser leurs électorats de premier tour, à mobiliser des abstentionnistes et à capter une partie des voix s’étant portées sur d’autres candidats au premier tour.

  3. Comme lors d’autres scrutins, le score se tasse en revanche quelque peu en triangulaires, sous l’effet du vote utile nous y reviendrons.

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Ces chiffres montrent également une progression nettement plus importante dans les duels face à la gauche (+9,5 points) que dans ceux l’opposant à la droite (+5,4 points seulement). Ceci peut s’expliquer, d’une part, par l’ampleur du « front républicain » grâce auquel les candidats de droite ont bénéficié d’importants reports de la gauche, ce qui a freiné d’autant la dynamique frontiste dans les duels droite/FN. Dans toute une série de cantons où avaient lieu des duels droite/FN, les candidats frontistes ont été soumis à un véritable « tir de barrage » au second tour. Ayant enregistré des scores flatteurs au premier tour et bien placés pour l’emporter, ils n’ont quasiment pas progressé au second tour quand, sous l’effet d’un puissant report des voix de gauche, les candidats de droite, pourtant souvent distancés au premier tour, voyaient eux leur score littéralement décoller, ce qui leur a permis de terrasser nettement leurs adversaires comme le montrent les quelques exemples suivants.

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La meilleure fortune des représentants frontistes dans les duels gauche/FN s’explique par des reports sur le FN plus significatifs en provenance de la droite qui ont moins pratiqué le front républicain. Assez logiquement, les 27 victoires acquises par le FN au second tour l’ont été quasiment toutes dans des situations de duels face à la gauche (20) et beaucoup plus marginalement face à la droite (3 cas : Villers-Cotterêts, Béziers-2 et Saint-Dizier-1[1]) ou en triangulaire (4 cas seulement : Berre-L’Etang, Vitry-le-François, Saint-Mihiel et Lillers[2]). Le cas du Var est à ce propos des plus éloquents. Sur les 22 cantons encore en jeu pour le second tour, le FN a perdu ses 20 duels avec la droite mais a revanche gagné dans les deux seuls cantons où il affrontait la gauche à la Seyne-1 et Garréoult.

Dans les deux configurations de duels, on observe par ailleurs que la capacité du FN à progresser entre les deux tours s’inscrit en nette baisse par rapport aux scrutins antérieurs. Ainsi, face à la droite, le FN gagnait en général autour de 10 points et même 16 points lors des dernières législatives contre seulement 5 points cette année. La chute est en revanche quasi-nulle dans les duels face à la gauche si on prend comme base de comparaison les cantonales de 2004 et celles de 2011, mais néanmoins réelle si l’on se réfère aux législatives de 2012.

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Cette moindre progression dans l’entre-deux tours s’explique-t-elle par l’existence de moindres réserves ? Cette hypothèse semble assez vraisemblable dans la mesure où, comme le montre le tableau ci-dessus, le niveau atteint par le FN cette année au premier tour est sensiblement supérieur à ce qu’il était historiquement. L’électorat frontiste se serait particulièrement mobilisé dès le premier tour, réduisant d’autant les réserves disponibles pour le second tour.

  1. En triangulaire, l’évolution du score du FN entre les deux tours dépend de son ordre d’arrivée au premier tour.

  2. Comme on l’a vu précédemment, la configuration de triangulaire est la moins favorable au FN qui voit son score se tasser entre les deux tours en moyenne de 2,1 points dans les 254 cantons concernés. On observait déjà une tendance similaire lors des élections cantonales de 2004 (nous n’avons pas pu comparer avec d’autres scrutins plus récents car le nombre de triangulaires était trop réduit).

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En 2004, le recul au second tour était également proche de 2 points mais le niveau moyen atteint au premier tour était, comme pour les duels, beaucoup moins élevé (20,4%) qu’aujourd’hui (29,3%). Sous l’effet du vote utile, le FN voit donc toujours son score s’éroder en triangulaire mais sa capacité de fidélisation devient plus importante puisqu’il perd en moyenne 2,1 points sur un score de 29,3% au premier tour contre 1,7 point de perdu sur 20,4% en 2004.

L’érosion du score du FN en triangulaire varie également selon la configuration issue du premier tour et principalement selon la position du FN.  Dans les 37 cantons où le parti frontiste est arrivé en tête des trois candidats qualifiés, il a vu son score rester stable au second tour (-0,2 point). La baisse est un peu plus sensible dans les 96 cantons où le FN était arrivé second (-1,5 point) et atteint 3,3 points en moyenne dans les 121 cantons où le FN n’était que troisième à l’issue du premier tour. Une partie de l’électorat frontiste adopte donc un comportement stratège et arbitre au second tour entre maintenir son vote au FN si « cela vaut le coup » (c’est-à-dire si le FN est bien placé et a des chances de l’emporter) ou voter utile si le FN, arrivé 3ème, a peu de probabilités de gagner.

Cette attitude stratégique d’une frange de l’électorat frontiste s’illustre aussi dans le fait que dans les cantons où le FN s’est classé en seconde position, le recul entre les deux tours atteint 2 points dans le cas où c’est la droite qui est arrivée en tête au premier tour et seulement 0,8 point quand c’est la gauche. 

Si l’évolution du score du FN varie en fonction des configurations de second tour, constate-t-on des disparités territoriales ? La comparaison de la variation du résultat du FN entre les deux tours entre ses bastions du quart Nord-Est et du littoral méditerranéen ne fait ressortir quasiment aucun écart. Tout se passe comme si les mouvements avaient été très homogènes sur l’ensemble du territoire.

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On constate juste une progression un peu plus forte du FN face à la gauche dans le sud que dans le nord (+9,5 points contre +8,6 points) ce qui semblerait indiquer de meilleurs reports de la droite sur le FN dans les départements méditerranéens, signe d’une porosité entre droite et FN un peu plus forte au sud qu’au nord.

Cette porosité se manifeste également plus fortement dans le Bassin parisien (Ile-de-France, Eure-et-Loir, Yonne, Loiret, Aube et Marne) et dans le Sud-Ouest mais moins dans le grand Ouest. Et signe que l’implantation du FN demeure plus récente et plus fragile dans ses terres de mission, on observe que c’est sur la façade ouest et dans le bassin parisien que le tassement au second tour dans le cadre de triangulaires est le plus marqué.

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