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Emmanuel Macron que l’on imaginait englué dans une impasse politique après un vote sanction sans appel, s’est résolu à recourir à la méthode chirurgicale, celle que personne n’osait envisager, la dissolution de l’Assemblée Nationale
Emmanuel Macron que l’on imaginait englué dans une impasse politique après un vote sanction sans appel, s’est résolu à recourir à la méthode chirurgicale, celle que personne n’osait envisager, la dissolution de l’Assemblée Nationale
©LUDOVIC MARIN / AFP

Un air de 4ème République

Un électrochoc ! Un vrai coup de poker ! Mais un coup qui ne manque pas de panache. Emmanuel Macron que l’on imaginait englué dans une impasse politique après un vote sanction sans appel, s’est résolu à recourir à la méthode chirurgicale, celle que personne n’osait envisager, la dissolution de l’Assemblée Nationale pour réagir à l’échec de son camp.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Quelques minutes après que Jordan Bardella ,fort de sa victoire, ait réclamé la dissolution de l’Assemblée Nationale, Emmanuel Macron lui a répondu « Chiche ! » , prenant tout le monde de court, y compris le  Rassemblement National !  Costume sombre et mine qui l’était tout autant, le Chef de l’Etat a déclaré  qu’il «ne saurait faire comme si de rien n’était » avant d’annoncer sa décision de « redonner la parole aux Français, et d’ajouter :  « La France a besoin d’une majorité claire pour agir dans la sérénité ». Emmanuel Macron veut clarifier la situation politique mais cette clarification est  loin d’être acquise. La sérénité qui a quitté la vie politique depuis que les électeurs ont envoyé une majorité relative à l’Assemblée nationale en 2022, et que le « bruit et la fureur » sévit depuis au Palais Bourbon. Il a même redoublé depuis l’attaque du 7 octobre avec tous les excès des Insoumis. 

Reprenant la balle au bond, Marine Le Pen qui manifestement ne s’attendait pas à cette annonce a déclaré « Nous sommes prêts, le RN est prêt à gouverner  le pays et à redresser la France », a-t-elle ajouté en substance... Mais au-delà des paroles, son visage ne traduisait pas une joie… sereine. Pour le RN aussi, l’histoire s’accélère. Imaginez… Jordan Bardella Premier Ministre en 2024…et qui, comme candidat(e), en 2027 ?  Tous les scenarii sont envisageables …

Aussi depuis cette annonce la pression est à son comble dans le monde politique.  La « majorité claire » espérée par Emmanuel Macron, risque bien d’être claire, mais pas conforme aux espoirs présidentiels. Un sondage de l’institut IPSOS (-repris par le Parisien), qui devait à l’origine rester confidentiel, de décembre dernier indiquait que le RN obtiendrait  entre 243 et 305 sièges, (- il en détient 89 actuellement),  alors que la majorité actuelle n’en obtiendrait que 117 à 165 (- elle en détient 246 actuellement) ,les Républicains auraient entre 44 et 60 élus (-ils en ont 62 ), et la NUPES entre 55 et 79 alors qu’elle en détient 131 actuellement.  La majorité absolue dans l’hémicycle est de 289 sièges. Aujourd’hui seul le RN semble en mesure de l’obtenir.

En attendant ça turbule dans les états-majors. Les candidatures doivent être déposées vendredi prochain. Fort de son bon résultat, le RN, appelle « des personnalités de gauche et de LR à le rejoindre ». Des Républicains seront-ils sensibles à l’appel, alors qu’Eric Ciotti a clamé que « le macronisme, c’est fini », mais que d’autres dans son parti  appellent à former une coalition avec le camp présidentiel ?  Ils seront sans doute sensibles aux déclarations des chefs à plume macronistes qui, à l’instar de Stéphane Séjourné expliquent que la majorité présidentielle « donnera l'investiture » aux députés sortants « faisant partie du champ républicain » et « qui souhaitent s'investir sur un projet clair pour le pays , ce qui signifie qu’ils n’auront pas de candidat macroniste face à eux .

Certaines personnalités de gauche auront-elles la même réaction ? Fort de son score de 13,8% des voix, Raphaël Glucksmann , qui a été la cible d’attaques antisémites de la part des Insoumis pendant toute la campagne , exclut un accord avec Jean-Luc Mélenchon, alors qu’Olivier Faure appelle, avec Fabien Roussel et François Ruffin, à «  un Front populaire pour une République sociale et écologique » .A quoi ou plutôt à qui pensait le même François Rufin lorsqu’il déclarait sur toutes antennes dimanche soir qu’il faut «  arrêter les conneries » ? Une semaine sera-t-elle suffisante pour faire place nette et se débarrasser de ceux qui ont été les fauteurs de trouble à l’Assemblée et de celui qui les a inspirés ? Une course de vitesse est d’ores et déjà engagée entre pro et anti-Nupes. La France insoumise déjà annoncé le programme : retour à la retraite à 60 ans, blocage des prix de l’énergie, hausse du smic, indexation des salaires sur l ’inflation,6e République, combat contre le racisme, l’antisémitisme et l’islamophobie qui fracturent le peuple , et … reconnaissance de la Palestine. Dans son allocution Emmanuel Macron a dit avoir « confiance en la capacité du peuple français à faire le choix plus juste pour lui-même et pour les générations futures ». Pour l'heure, il n'en prend pas le chemin . Et les François pourraient bien retourner aux urnes dans un an si aucune majorité ou coalition ne ressort de cette dissolution… 

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