Pour l’Observatoire national de la délinquance, le sentiment d'insécurité se situe à un niveau plus élevé qu'à la fin des années 2000, alors qu'à l'époque les taux de violence étaient plus élevés<!-- --> | Atlantico.fr
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Les hausses concernent les personnes de 14 ans et plus qui ont été victimes de menaces et le nombre de femmes de 18 à 75 ans qui ont été victimes de violences physiques.
Les hausses concernent les personnes de 14 ans et plus qui ont été victimes de menaces et le nombre de femmes de 18 à 75 ans qui ont été victimes de violences physiques.
©Reuters

Crainte injustifiée ?

Vendredi 13 novembre, l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) publie ses chiffres sur la criminalité en France en 2014. Et paradoxalement, les Français des années 2000 avaient moins peur, mais les violences étaient plus courantes.

Cyril Rizk

Cyril Rizk

Cyril Rizk est responsable des statistiques à l'ONDRP (Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales).

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Atlantico : L'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales publie les chiffres de la criminialité en France, notamment la victimation en 2014. Pouvez-vous nous expliquer en quoi ils diffèrent de ceux du Ministère publiés la semaine dernière ?

Cyril Rizk : Les chiffres de la police et de la gendarmerie sont disponibles de manière régulière. Il est donc tentant de les utiliser comme un baromètre de la délinquance. La principale raison pour laquelle la démarche n'est pas acceptable du point de vue méthodologique : ces chiffres sont par définition partiels. Non pas parce que la police ou la gendarmerie n'enregistrent pas ce qui vient à eux, mais parce que la majorité des victimes ne déposent pas plainte. Il n'est pas cohérent de faire un bilan sur la partie visible de la délinquance seule. 

L'enquête de victimation est la réponse en termes d'outils statistiques à ce problème. La majorité des victimes ne porte pas plainte, nous demandons aux gens de nous raconter ce qui leur est arrivé dans le passé récent. Et à travers le témoignage d'un échantillon de 15 000 personnes, nous allons établir tous les ans des statistiques et nous allons les comparer avec celles des enquêtes annuelles précédentes. C'est la neuvième enquête "Cadre de vie et sécurité" qui est conduite et, pour nous, c'est le bilan annuel de la victimation qui doit être la référence.

Selon votre enquête, le nombre de ménages victimes de cambriolages a augmenté en 2014 et a atteint le chiffre le plus élevé depuis 2006 (568 000), que peut-on en conclure ?

Compte tenu du fait qu'il ne s'agit pas d'un recensement exhaustif, mais d'une enquête par sondage, lorsque l'on a un chiffre qui est proche en terme d'ordre de grandeur de ceux des années précédentes, comme c'est le cas cette année, le principal message pour nous c'est : entre 2008 et 2011 il y a une forte hausse : nous avons aux alentours de 525 à 560 cambriolages par an. Il y a des variations d'une année sur l'autre mais qui ne sont pas significatives en terme de statistiques. Sur le passé récent, on est donc stable, en revanche par rapport au passé plus ancien, la hausse n'est pas démentie. On a connu une hausse et on est stable à un niveau élevé.

C'est pour cela qu'il faut être patients et ne pas conclure trop rapidement. Ceux qui ont réagi en évoquant dans le débat public une baisse des cambriolages en 2014, ont pris le contre-sens des chiffres de la police et de la gendarmerie que l'on essaie de prévenir. Si vous commentez trop tôt les tendances, vous risquez d'être infirmés par l'enquête de victimation. Il faut donc de la patience pour attendre novembre 2015 et commenter les chiffres de l'année 2014. Pour 2015, il faudra attendre tout un processus avant d'émettre des conclusions. L'une des principales conclusions que nous publions ce vendredi est donc celui-ci : les cambriolages demeurent à un niveau élevé.

Quels sont les autres chiffres à retenir ?

Du côté des atteintes aux personnes, la prinicpale nouveauté vient du fait qu'il y a deux indicateurs qui présentent des hausses. Ces hausses sont pour l'instant fragiles, mais elles viennent remettre en cause un contexte de baisse des années précédentes. Les hausses concernent les personnes de 14 ans et plus qui ont été victimes de menaces et le nombre de femmes de 18 à 75 ans qui ont été victimes de violences physiques. Lorsque l'on analyse dans le détail ces violences physiques, on se rend compte qu'il ne s'agit pas des violences physiques faites par le conjoint qui sont en augmentation, mais celles commises par un autre membre de la famille et en particulier soit un ascendant (père ou mère) ou dans la fratrie (frère ou soeur). Ces chiffres concernent les femmes jeunes, entre 18 et 35 ans et pas les violences conjugales. 

Il y a des tendances qui se confirment concernant les atteintes aux biens, comme l'augmentation du nombre de vols de vélos qui avait eu lieu l'année dernière et s'est confirmée cette année. Une baisse très forte des actes de vandalisme contre le logement se confirme également. Les actes de vandalisme sur les voitures sont stables, mais à un niveau bas. 

Et concernant le sentiment d'insécurité, il reste élevé. Est-ce dû aux actes terroristes en France ?

Le sentiment d'insécurité se situe à un niveau plus élevé qu'à la fin des années 2000, alors qu'à l'époque les taux de violence étaient plus élevés. Le sentiment d'insécurité au domicile, lui, ne va pas être impacté par ces actes de violences, mais plutôt par les cambriolages dans le quartier. Il peut être impacté par ce dont les gens entendent parler plutôt que par un cambriolage subi réellement.

En revanche, il y a un indicateur en augmentation : la proportion de personnes qui disent avoir observé des phénomènes de trafic ou de consommation de drogues (+20 %) dans leur quartier. Pour nous, cela peut expliquer pourquoi la délinquance est un phénomène multi-formes. Il n'y a pas que la victimation, il y aussi les actes qui peuvent perturber la vie quotidienne comme cela peut être le cas dans le trafic de drogues. Cela peut jouer sur la perception de la sécurité au quotidien.

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