Débats "Me Too Now What" : un événement parfaitement symptomatique des progrès de la dérive bien pensante au coeur de Paris entre les mains de ceux qui se considèrent comme ses autorités culturelles<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Société
Débats "Me Too Now What" : un événement parfaitement symptomatique des progrès de la dérive bien pensante au coeur de Paris entre les mains de ceux qui se considèrent comme ses autorités culturelles
©Reuters

Langue française

Ce samedi 23 novembre, le New York Times organise au Théâtre du Châtelet des débats pour "mettre en valeur et développer sa rubrique traitant de la problématique hommes-femmes et de la culture".

Yves Michaud

Yves Michaud

Yves Michaud est philosophe. Reconnu pour ses travaux sur la philosophie politique (il est spécialiste de Hume et de Locke) et sur l’art (il a signé de nombreux ouvrages d’esthétique et a dirigé l’École des beaux-arts), il donne des conférences dans le monde entier… quand il n’est pas à Ibiza. Depuis trente ans, il passe en effet plusieurs mois par an sur cette île où il a écrit la totalité de ses livres. Il est l'auteur de La violence, PUF, coll. Que sais-je. La 8ème édition mise à jour vient tout juste de sortir.

Voir la bio »

Wham Bam ! Thank you madam* 

Le samedi 23 novembre, le Théâtre du Châtelet organisera en collaboration avec le New York Times (NYT) et le Woman's Forum deux débats sous le titre Metoo Now What (Metoo et maintenant quoi pour ceux qui ne lisent pas le trumpien) « pour mettre en valeur et développer sa rubrique traitant de la problématique hommes-femmes et de la culture auprès du public parisien ».

On appréciera le français de cette annonce qui sent la traduction automatique Google.

Dans le premier débat, Jessica Bennett, rédactrice en chef au NYT en charge des questions de genres, discutera avec la directrice artistique du Théâtre du Châtelet, Ruth Mackenzie, « à propos de la couverture médiatique à propos de l’inclusion sur le lieu de travail: ses défis, ses résultats et ce qu’il reste à faire ».

On appréciera ici encore l’expression. Je ne peux évidemment pas dire pour cause de liberté d’expression que c’est écrit en javanais et encore moins en petit nègre mais j’ai quand même l’impression qu’on prend le public francophone pour un public de demeurés.

Le second débat, intitulé, comme si on était dans un séminaire de master, « L’égalité des genres dans les sciences humaines: pourquoi est-ce important maintenant »  réunira Farah Nayeri, journaliste spécialisée dans la culture au NYT, Laurence des Cars et Christophe Girard. Je cite encore la sauce de la bouillasse : « Les invités discuteront de sujets allant de la sous-représentation dans les musées d’œuvres crées par des femmes à la place des femmes dans le milieu du cinéma ». On appréciera évidememnt l’adéquation du titre au contenu – ou sa malhonnêteté tout court.

Si je signale cet événement grandiose, c’est parce qu’il est parfaitement symptomatique des progrès de la sottise bien pensante au coeur de Paris entre les mains de ceux qui se considèrent comme ses autorités culturelles. 

Qu’on me permette de prendre les choses point par point.

1) Le théâtre du Châtelet devient lieu à penser.
Désormais le « savoir » se diffuse au théâtre. On savait que tout devenait théâtral certes, mais quand même… Heureusement, on apprend sur la même page d’annonce que le Châtelet aura à l’affiche pour les fêtes de fin d’années"Un Américain à Paris". Du prétendu savoir d’un côté et de l’autre la grosse galette commerciale. J’attends que le Collège de France, qui a déjà reçu en grande pompe Jeff Koons, le génie des Culipes, y déplace ses leçons….

2) A lire le mauvais français du programme, on est bien obligé de voir qu'une journaliste du New York Times, spécialiste des genres, vient nous apporter la bonne parole depuis un pays éminemment progressiste où un président exceptionnel au nom de canard moins drôle que dans Disney, Donald Trump, se vante d’attraper les femmes par la chatte (grab them by the crotch!).
La dame en question discutera avec la directrice artistique du théâtre, Ruth Mackenzie, une anglaise (ou écossaise) qui a une belle carrière d'apparatchik de la culture UK.
La lumière nous viendradonc, une fois encore, d’un pays dont les normes culturelles doivent devenir nôtres. Il est vrai que nous sommes de pauvres petits non-noirs sous culturés. Je recommanderais peut-être à ces dames de commencer par faire le ménage chez elles...

3) Si vous poursuivez votre lecture, vous découvrez que le second débat réunira de nouveau une journaliste yankee mais déracialisée, la directrice d'Orsay et l’élu chargé de la culture à la mairie de Paris, Christophe Girard.
Le thème du débat n’est rien de moins que « l’égalité des genres dans les sciences humaines : pourquoi est-ce important maintenant ». 
Je me demande bien à quel titre ces personnalités croient pouvoir émettre des prescriptions pour les sciences humaines. Je sais bien que les journalistes peuvent parler de omni re scibili et que le très savant Christophe Girard a suivi seize ans de formation intellectuelle comme directeur de la stratégie mode chez LVMH. Je ne savais pas encore que vendre du luxe et de la mode donnait une compétence savante….

4) Au cas où ça vous tenterait,  sachez aussi que, à la manière yankee et uk, vous devrez débourser 7 euros pour un débat et 12 pour deux pour écouter ces mondains radicalisés et faire votre profit de ce gloubi-boulga US.

5) Je pointe une omission navrante : il aurait fallu prévoir une réduction pour les migrants et sans papiers.

Par moment, je regrette qu’on ne parle plus jamais d’impérialisme américain – ici un impérialisme de sous-culture de pacotille.

*expression qui peut être utilisée pour tout ce qui est bâclé à la vitesse d’un avion à réaction passant le mur du son dans une BD – notamment un coup sexuel.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !