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Débat sur la loi famille : cette pénible tendance à privilégier les querelles idéologiques à la recherche de solutions pragmatiques
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Editorial

Les députés discutent de la création d'un "mandat d'éducation quotidienne" qui permettrait aux beaux-parents d'accomplir, avec l'accord des parents biologiques, des actes de la vie quotidienne.

Pierre Guyot

Pierre Guyot

Pierre Guyot est journaliste, producteur et réalisateur de documentaires. Il est l’un des fondateurs et actionnaires d’Atlantico.

 

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C’est toujours dommage, lorsque les clivages politiques et les jeux parlementaires rendent caricatural le débat public. Cela devient encore plus préjudiciable quand les postures politiciennes prennent le pas sur le sens de l’intérêt général.

Cette dérive, c’est un peu celle à laquelle nous assistons avec le débat entamé hier à l’Assemblée nationale sur le projet de loi sur la famille. Exit le sujet plus que sensible de la procréation médicalement assistée élargie à toutes les femmes, le texte présenté par les socialistes et les écologistes prévoit toute une série de mesures qui concernent la vie quotidienne des enfants de couples divorcés. Le projet de loi veut offrir un statut officiel aux beaux-parents pour qu’ils puissent légalement accomplir des gestes de tous les jours vis-à-vis de l’enfant de leur conjoint - signer le carnet de notes ou aller le cherche à l’école -, encourager les juges aux affaires familiales à écouter la parole des enfants, y compris quand ces derniers sont encore petits, ou encore fixer le domicile de l’enfant chez les deux parents quel que soit le mode de résidence de l’enfant. Qu’il vive majoritairement chez l’un ou en résidence alternée chez les deux parents, les promoteurs du texte souhaitent que l’enfant soit symboliquement chez lui chez son père comme chez sa mère.

Le texte ne justifie donc en rien les craintes exprimées par de nombreux responsables politiques qui, à l’instar de l’ancien ministre de l’Education Luc Châtel, affirment leur opposition "à la garde alternée systématique". La prudence est pertinente – il suffit de constater comment le Canada, l’Australie ou la Belgique qui avaient généralisé le principe de résidence alternée systématique font marche arrière aujourd’hui – mais ce n’est pas de cela dont il s’agit avec le projet de loi présenté aujourd’hui. On est bien loin également d’un texte qui "rappelle les pires dictatures et le monde d'Orwell", comme le déclamait hier soir dans l’hémicycle le député de l’Aube Nicolas Dhuicq, démontrant qu’il n’y a parfois pas loin de l’emphase à la bourde.

Difficile de voir alors dans cette passe d’armes entre droite et gauche et dans les 600 amendements déposés quelque chose de radicalement différent d’un match retour du débat sur le mariage pour tous. Ce sont des conceptions radicalement différentes de la famille qui s’affrontent en filigrane, avec la conviction de la gauche qu’il faut ouvrir la notion de famille aux liens affectifs et celles de la droite qu’il faut la réserver aux liens du sang.

Sans préjuger de l’intérêt du débat (C’est inutile ici. Nous avons tous, sur un sujet aussi intime et passionnel, notre propre opinion), c’est plus de solutions pragmatiques que des centaines de milliers de Français ont besoin dans l’immédiat. L’argument du député UMP Hervé Mariton qui met en avant que la grande majorité des enfants vivent en France avec leurs deux parents et que la famille est donc "moins abîmée" que la gauche ne voudrait le faire croire ne rend en rien moins réelles les réalités quotidiennes des enfants de couples divorcés, pas plus que l’augmentation constante, année après année, de la proportion des mariages qui finissent mal.

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