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Les deux candidats sélectionnés par les Français lors du premier tour se font face lors du débat de l'entre deux-tours.
Les deux candidats sélectionnés par les Français lors du premier tour se font face lors du débat de l'entre deux-tours.
©LUDOVIC MARIN / POOL / AFP

Rendez-vous dans les urnes

A la faveur d’une formule choc ou du comportement de l’un des candidats, pas sûr que l’édition 2022 de la joute entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron ait convaincu les indécis (-abstentionnistes du premier tour, électeurs de Jean-Luc Mélenchon du premier tour), amateurs de «  punchlines ».

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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C’est un exercice obligé. Décisif, même, d’après les politologues qui aiment rappeler les « punchlines » de Valéry Giscard d’Estaing et de François Mitterrand qui ont pu faire pencher la balance en 1974 et 1981. Le débat de l’entre deux tours de l’élection présidentielle serait ce moment clef où les indécis se décident, où les plus hésitants (- très nombreux cette année), se forgent leur choix pour le deuxième tour de l’élection présidentielle. A la faveur d’une formule choc ou du comportement de l’un des candidats. Pas sûr que l’édition 2022 de la joute entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron a rempli cet office, et convaincu ces indécis (-abstentionnistes du premier tour, électeurs de Jean-Luc Mélenchon du premier tour), amateurs de «  punchlines »,  qui sont dans la nature, se déplaceront dimanche plutôt que « d’aller à la pêche dimanche», comme on disait jadis. 

Le débat qui a opposé la candidate du Rassemblement National au président sortant n’avait rien à voir avec le combat de boxe d’il y a cinq ans. Marine Le Pen, qui s’était préparée avec soin à l’exercice, a « tenu la route », et s’est montrée beaucoup plus coriace qu’en 2017. Elle n’a pas perdu son calme, est restée droite dans son fauteuil. Face à elle, Emmanuel Macron, qui était manifestement contrarié par la position assise prolongée, n’est jamais resté impassible ; il a souvent affiché un regard condescendant, et s’est montré offensif à l’égard de son adversaire. Ainsi, à propos des relations avec la Russie, Emmanuel Macron a lancé : « Vous dépendez du pouvoir, vous dépendez de M. Poutine.… Vous ne parlez pas à d'autres dirigeants, vous parlez à votre banquier quand vous parlez de la Russie, c'est ça le problème », a-t-il déclaré, en référence à l’emprunt contracté auprès d’une banque russe par le Front National. « Les banques françaises ne prêtent pas d’argent au Rassemblement National », a répliqué Marine Le Pen qui en a profité pour rappeler que Emmanuel Macron n’a pas tenu sa promesse de mettre en place une Banque de la Démocratie. 

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Parmi quelques phrases qui resteront dans les annales, on retiendra cet échange sur l’écologie, Emmanuel Macron reprochant à Marine Le Pen d’être « climato-sceptique », et elle lui rétorquant qu’il est «  climato-hypocrite », car il instaure d’après elle une écologie punitive avec les interdictions de chaudières au fuel , ou l’incitation à l’achat de véhicules électriques, plus couteux que les voitures à essence ou diesel.. Quant au pourvoir d’achat préoccupation numéro des Français, Emmanuel Macron a défendu le bouclier énergétique, la politique d’attribution de chèques à « ceux qui en ont besoin… pas vous, pas moi », plutôt que d’instaurer une baisse de la TVA, comme le préconise Marine Le Pen. Il a pris l’ascendant lorsqu’il a expliqué que ce n’est pas l’Etat mais les patrons qui décrètent les augmentations de salaires. Marine Le Pen est revenue sur l’interdiction du port du voile en public :« Vous allez créer la guerre civile avec le voile … », a pointé le président candidat qui a insisté sur la liberté de s’habiller comme on l’entend. Il accuse son adversaire de vouloir faire sortir la France de l’Union Européenne ; elle affirme vouloir seulement modifier son mode de fonctionnement. L’électeur saura-t-il faire la différence ? Les deux adversaires ont aussi une lecture diamétralement opposée de la lecture de la Constitution à propos de l’usage du référendum que Marine Le Pen entend utiliser pour modifier la loi fondamentale . Cependant à aucun moment le débat ne s’est réellement envenimé. Et du coup, jamais on a pu se dire : « ça y est, elle ou il a renversé la table ». Car on a aussi baillé au cours de cet échange prolongé. Comme il se doit les entourages se sont démultipliés sur les ondes et antennes à l’issue du débat pour vanter les mérites de leur champion respectif Le Rassemblement National a publié un communique expliquant que Marine Le Pen est « la Présidente que les Français attendent », tandis que les porte-paroles de la REM , Gabriel Attal, Aurore, Bergé, Christophe Castaner, dramatisent l’enjeu de dimanche prochain. D’après un sondage à chaud réalisé par l’institut Elabe 59% des Français ont trouvé Emmanuel Macron plus convaincant de Marine Le Pen alors que 39% d’entre eux considèrent que c’est l’inverse. D’après une autre enquête du CEVIPOF, 79%  des personnes interrogées sont certaines ou presque certaines d’aller voter dimanche prochain, -cinq points de moins qu’en 2017,où le taux de participation était déjà inférieur à celui de 2012, qui était inférieur à celui de 2007. Il y a incontestablement une copie à revoir, celui du fonctionnement de la démocratie en France .

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