Débat législatives sur BFM : Attal et Tondelier convergent dans le vide, Bardella masque ses faiblesses économiques<!-- --> | Atlantico.fr
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Gabriel Attal, Jordan Bardella et Marine Tondelier ont été interrogés sur BFMTV, mercredi 3 juillet 2024
Gabriel Attal, Jordan Bardella et Marine Tondelier ont été interrogés sur BFMTV, mercredi 3 juillet 2024
©JULIEN DE ROSA / LUDOVIC MARIN / ZAKARIA ABDELKAFI / AFP

Débat

Le débat du 3 juillet sur BFM, prévu initialement entre les représentants des trois blocs, s’est transformé en une succession de trois interviews d’une heure à la suite du refus de Jordan Bardella d’un débat à trois avec Marine Tondelier.

Jean-Luc Demarty

Jean-Luc Demarty est ancien Directeur Général du Commerce Extérieur de la Commission Européenne (2011-2019), ancien Directeur Général Adjoint et Directeur Général de l'Agriculture de la Commission Européenne (2000-2010) et ancien Conseiller au cabinet de Jacques Delors (1981-1984; 1988-1995).

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Finalement la formule retenue a probablement été plus profonde qu’un débat superficiel où chacun est à la recherche de la punch-line. Il faut en être reconnaissant à la grande qualité des quatre journalistes.

Gabriel Attal a peiné à justifier les désistements en faveur de LFI. Il a développé à nouveau sa rhétorique des dernières 48h : le RN est seul en mesure de gagner une majorité absolue, ce qui n’est plus le cas pour LFI avec le Nouveau Front Populaire ; en outre Ensemble et Horizons se sont déjà abstenus de présenter des candidats dans 60 circonscriptions au premier tour. Il a fait une distinction peu convaincante entre désistements et consignes de vote que les électeurs n’acceptent plus. A l’appui de son propos il s’est habilement tourné vers le public en trouvant un spectateur pour approuver cette affirmation d’un signe de tête.

Le concept d’Assemblée plurielle n’est apparu guère crédible. Même si les derniers sondages laissent apparaître que le total des élus RN et LFI pourrait, à la surprise générale, être inférieur à la majorité absolue, on ne voit pas très bien comment une majorité allant des socialistes à LR pourrait fonctionner. De ce point de vue Gabriel Attal a fait comme si Ensemble et Horizons pouvaient encore rassembler autour de leur seul programme, malgré les conditions plutôt provocantes déjà affichées par François Ruffin et Johanna Rolland : impôt sur la fortune et surtout abandon de la réforme des retraites. On peut comprendre que Gabriel Attal n’ait pas souhaité dévoiler sa stratégie de négociation maintenant, mais il aurait pu afficher quelques principes généraux comme l’absence de dégradation des finances publiques et/ou de l’attractivité et de la compétitivité de la France. François Hollande, excluant l’économie, a posé trois conditions politiques habiles : l’instauration de la proportionnelle, la loi sur la fin de vie et la loi de décentralisation. La proportionnelle pourrait en effet être un des éléments de la résolution de la crise politique.

Pour le reste Gabriel Attal a déployé son grand talent habituel de communication, de maîtrise des dossiers et d’argumentation sur son programme. Néanmoins l’absence de l’élimination de l’excuse de minorité à partir de 16 ans, mentionnée lors des débats précédents, a été remarquée.

Marine Tondelier, personnalité sympathique, a été d’une faiblesse affligeante. Elle n’a pas exclu une coalition, mais avec un nombre significatif de conditions supplémentaires non spécifiées. Elle n’a pas condamné clairement le scandaleux clip « no passaran » de rappeurs antisémites appelant au viol et au meurtre, en invoquant leur statut d’artiste et les spécificités du monde du rap. S’agissant des OQTF, sa seule préoccupation est le caractère soi-disant inhumain de leur exécution.

Sa prestation sur les questions économiques a été effrayante d’ignorance du fonctionnement des mécanismes économiques de base. Bien entendu on a eu droit à l’évocation du chiffrage du programme du NFP et de son soutien par 300 économistes qu’on devrait qualifier d’atterrants. Pour Marine Tondelier l’endettement n’est pas un problème s’il sert à financer la justice sociale. Les 14 tranches d’impôt sur le revenu et le taux marginal à 90 % et même 100 % avec la CSG sont une bonne mesure. Si elle incite à moins travailler, il faut s’en réjouir. La logique de la décroissance est à l’œuvre.

Jordan Bardella a montré son aisance désormais habituelle dans les débats, mais avec une plus grande sérénité. Il a déroulé de manière convaincante ses mesures relatives à l’immigration et à la sécurité. Il a réussi à décoller le sparadrap de la double nationalité. Il a trouvé la bonne réponse de l’exclusion immédiate aux propos inacceptables de certains des candidats RN. Il a habilement contre-attaqué en invoquant la mansuétude appliquée par d’autres partis et par les médias à leur égard.

Par contre Jordan Bardella reste faible sur les questions économiques. Quelques exemples sont parlants. Il a évoqué l’économie de 10 à 15 Euros sur un plein de carburant de 50 Euros qu’entrainerait la baisse de la TVA. Une simple règle de trois dont la maîtrise par Jordan Bardella n’est pas certaine permet de calculer une économie de 6 Euros. Pour Jordan Bardella l’abrogation de la réforme des retraites va entrainer une augmentation du taux d’emploi, alors que l’effet opposé est certain. Il nie le risque d’effet d’aubaine de l’exonération de charges de l’augmentation de 10 % des bas salaires. Jordan Bardella a eu la chance de ne pas être interrogé sur le financement de l’ensemble de ces mesures dont le coût est d’une cinquantaine de milliards d’Euros en année pleine, surtout si on y ajoute la réapparition surprise de la baisse de la TVA sur les produits de première nécessité. Toutefois l’aisance de Jordan Bardella et son sens de la répartie lui ont permis de masquer partiellement ses insuffisances économiques.

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