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Le philosophe grec Diogène assis dans son humble logis à Athènes. Les chiens qui l'entourent sont emblématiques du cynisme.
Le philosophe grec Diogène assis dans son humble logis à Athènes. Les chiens qui l'entourent sont emblématiques du cynisme.
©Walters Art Museum / DR

Atlantico Litterati

Diogène de Sinope dit "Le Cynique" (403-320 av J.-C.) fut une figure Nietzschéenne avant l’heure. Les textes rassemblés et retraduits pour la première fois par le traducteur, poète et préfacier Nicolas Waquet le prouvent assez (cf. Diogène "Le Cynique" fut un philosophe aux réparties cinglantes, très moderne car refusant la langue de bois. A lire ou relire dans "Diogène Le Cynique, Pensées et anecdotes", Editions Payot-Rivages, 7 euros et 20 cents en vente toutes librairies à partir du 10 novembre).

Annick Geille

Annick Geille

Annick GEILLE est écrivain, critique littéraire et journaliste. Auteure de onze romans, dont "Un amour de Sagan" -publié jusqu’en Chine- autofiction qui relate  sa vie entre Françoise Sagan et  Bernard Frank, elle publia un essai sur  les métamorphoses des hommes après  le féminisme : « Le Nouvel Homme » (Lattès). Sélectionnée Goncourt et distinguée par le prix du Premier Roman pour « Portrait d’un amour coupable » (Grasset), elle obtint ensuite le "Prix Alfred Née" de l'Académie française pour « Une femme amoureuse » (Grasset/Le Livre de Poche).

Elle fonda et dirigea  vingt années durant divers hebdomadaires et mensuels pour le groupe « Hachette- Filipacchi- Media » - tels le mensuel Playboy-France, l’hebdomadaire Pariscope  et «  F Magazine, »- mensuel féministe racheté au groupe Servan-Schreiber, qu’Annick Geille reformula et dirigea cinq ans, aux côtés  de Robert Doisneau, qui réalisait toutes les photos. Après avoir travaillé trois ans au Figaro- Littéraire aux côtés d’Angelo Rinaldi, de l’Académie Française, elle dirigea "La Sélection des meilleurs livres de la période" pour le « Magazine des Livres », qui devint  Le Salon Littéraire en ligne-, tout en rédigeant chaque mois une critique littéraire pour le mensuel -papier "Service Littéraire".

Annick Geille  remet  depuis quelques années à Atlantico -premier quotidien en ligne de France-une chronique vouée à  la littérature et à ceux qui la font : «  Litterati ».

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1) Extrait de la préface par Nicolas Waquet 

« (…)Si Diogène attaque le vice à la racine, démolit à tour de bras la faiblesse et la pusillanimité, il vante et encourage la résistance aux tentations, la force et la noblesse d’âme. Les êtres qui en sont doués appartiennent d’après lui à une aristocratie morale que l’on retrouvera également sous la plume de Nietzsche, comme nombre d’autres points. A la différence du peuple, du vulgaire, qui aime la paix et la facilité l’homme noble et généreux -au sens classique du terme- aime la guerre et la lutte. Cet individu bien né voit les choses en face et sait faire front, car il se distingue autant par sa naissance que par le courage dont il témoigne à chaque instant de sa vie physique et psychique. Aussi affronte-t-il les adversaires les plus redoutables qui soient : les souffrances continuelles qui torturent l’âme. Pour en triompher soutient encore notre penseur, il faut observer une ascèse à la fois morale et corporelle. Il faut renoncer à l’agréable, au confort intellectuel et matériel, vaincre l’inertie, chercher la vérité tout en vivant à la dure, comme Diogène lui-même, en plein air.(…)

2) Extrait des « Pensées et anecdotes » de Diogène Le Cynique

« Un jour que Platon avait invité des amis de chez Denys -lors de ses trois voyages en Sicile, Platon avait voulu convertir à la philosophie Denys l’Ancien -vers 387 av. J-C. puis son fils Denys Le Jeune en 367 et 361 av. J.-C.-, tyrans de la colonie grecque de Syracuse-Diogène marcha sur ses tapis et lança : « Je piétine la vanité de Platon ». Mais ce dernier rétorqua : «  C’est là Diogène que transpire ton orgueil, quand tu donnes l’impression de ne pas être orgueilleux ! ». D’autres rapportent que Diogène déclara : « Je piétine l’orgueil de Platon ». Ce à quoi celui-ci répondit : « Oui, avec un autre genre d’orgueil, Diogène. »

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Notre homme lui demanda une autre fois du vin puis des figues sèches. Platon lui en envoya une pleine jarre. Diogène lui dit alors « Toi, si on te demandait combien font deux plus deux, dirais-tu que ça fait vingt ? Ainsi tu ne sais pas donner ce qu’on te demande et tu ne réponds pas non plus aux questions qu’on te pose. » Diogène tenait vraiment Platon pour un moulin à paroles et le raillait pour ce trait.

A la question de savoir où il voyait en Grèce des hommes de bien, Diogène répondait « Des hommes ? Nulle part. Mais je vois de bons garçons à Sparte. » Un jour qu’il parlait sérieusement sans attirer personne, Diogène se mit à débiter des âneries et une foule de gens se massèrent aussitôt autour de lui. Le philosophe leur reprocha le sérieux avec lequel ils accouraient écouter des sottises et fustigea leur nonchalance lorsqu’on parlait de choses sérieuses . Il disait que les hommes rivalisent pour creuser la terre et se donner des coups de pied, mais qu’aucun n’en fait autant pour devenir quelqu’un de bien. Il s’étonnait aussi de voir les critiques se pencher sur les défauts d’Ulysse en ignorant les leurs, les musiciens accorder les cordes de leur lyre sans faire de même pour les dispositions de leur âme, les astrologues fixer les yeux de la lune et le soleil sans regarder ce qui se passe à leurs pieds, les orateurs s’appliquer à parler de justice sans la pratiquer du tout, les avares blâmer  l’argent alors qu’ils en sont fous. Il condamnait aussi les gens qui portent les justes au pinacle parce qu’ils sont au-dessus des richesses tandis qu’eux-mêmes envient les plus nantis. Le spectacle des hommes qui sacrifient aux dieux pour leur santé et festoient au détriment de celle-ci au beau milieu du sacrifice mettait Diogène hors de lui. L’attitude des esclaves qui ne chapardent pas quelques bons plats dont leurs maîtres se gavent sous leurs yeux ne le surprenait pas moins ».

Copyright Diogène Le Cynique /Pensées et anecdotes/ Rivages Poche /La petite Bibliothèque

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