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De 1929 à 2007 : quelles différences entre les grandes crises économiques ?
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Banqueroute

Mokhtar Lakehal revient sur les causes et les conséquences de deux plus grandes crises mondiales des 100 dernières années. Extrait de "Le grand livre de l'économie" (1/2).

Mokhtar Lakehal

Mokhtar Lakehal

Mokhtar Lakehal est Docteur d'Etat et professeur en sciences économiques. Il a collaboré à des revues et journaux français et étrangers, créé en 1984 le Laboratoire de recherches en sciences économiques et sociales (LARMISES) et publié six dictionnaires et près d'une cinquantaine d'ouvrages d'économie, de sociologie, d'histoire et de politique. Il a enseigné dans de nombreux établissements d'enseignement supérieur dont l'Institut d'études politiques de Paris (Sciences-Po), l'université de Paris III-Sorbonne-Nouvelle et l'université de Paris Est-Créteil (UPEC).

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Crise de 1929 – La crise de 1929 est une crise de surproduction selon les économistes classiques, elle serait une crise de sous-consommation selon John M. Keynes. Le jeudi 24 octobre 1929 éclate une crise de confiance boursière appelée « krach financier », « krach boursier », « jeudi noir », « Black Friday », « dépression », « récession », etc. Une série d’événements et de phénomènes apparaîtront tout au long de la période 1929-1936, avec plus ou moins de gravité dans les pays concernés (États-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, France…). Chute de la production. Accroissement brutal du chômage dès les premières années de la dépression. Apparition, selon les lieux, soit d’un phénomène d’inflation (Allemagne), soit d’un phénomène de déflation (provoquée en France). Baisse rapide du pouvoir d’achat et pauvreté généralisée chez les salariés américains, 2 années seulement après le krach boursier de Wall Street (octobre 1929). Disparition et faillite de 20 % des banques américaines. Déclin du commerce extérieur et recours au protectionnisme. Chute de l’investissement. Absence de solidarité nationale et internationale institutionnalisée. Absorption de toutes les épargnes des foyers modestes. Développement impressionnant de la masse des chômeurs tombés dans la pauvreté absolue : 1/4 de la population active américaine de 1933. Agents de maîtrises et cadres sont, à leur tour, rapidement victimes des conséquences de la dépression. Nombreuses disparitions d’entreprises industrielles et commerciales. Ralentissement net des gains de productivité dans certaines branches industrielles et commerciales.

Mais les formes d’organisation du travail demeurent. En France, on a estimé que le fort taux de productivité industrielle comparé au conservatisme social des années 1920 est une cause essentielle de la crise (les classes moyennes renouvelaient leur voiture tous les 24 ans !).

Crise de 2007 – Le capitalisme américain tombe en crise dès juillet 2007. Cette « crise des subprimes » entraînera, en octobre 2008, une crise de confiance entre  les banques. Celle-ci se traduira, en novembre 2008, par une crise durable de liquidités, laquelle bloque les mécanismes économiques dans les grands pays industrialisés, au point de provoquer une crise économique, confirmant la situation de récession, avec une perspective de dépression bien plus grave et plus étendue que la crise de 1929. Les Américains ont attendu fin novembre 2008 pour annoncer officiellement au monde que leur économie était en récession depuis une année. Pour les voeux de 2012, plusieurs dirigeants occidentaux ont annoncé à leurs peuples une perspective sombre due à cette crise qui se prolonge. Les germes de cette crise sont observés dès les années 1970.

En 1970, Wall Street introduit une nouvelle pratique et un nouveau terme, « la titrisation » des créances. Un commerce des « titres » de créances va alors se développer. Il attirera des opérateurs, à la recherche de rendements rapides et élevés, qui croiront à l’idée que le marché s’autorégule, l’intervention des pouvoirs publics étant considérée comme plus nuisible que vertueuse. Cette nouvelle liberté conquise par les opérateurs les conduit à pratiquer sur une large échelle les prêts à taux d’intérêts variables, en promettant à chaque débiteur qu’il fera beaucoup d’économie de fonds, ceci en tablant sur la perspective heureuse que son revenu augmentera bien plus vite que les montants mensuels de ses traites.

L’opérateur aura la possibilité de vendre le titre (la créance) à un autre opérateur qui pourra, lui aussi, le revendre à un troisième et ainsi de suite. Peut-on prêter en masse sans contrepartie réelle ? Oui, puisque c’est bien ce qui s’est passé avec les subprimes et les produits dérivés. Plus un titre est risqué, plus le niveau de rentabilité doit être élevé. Beaucoup d’argent en perspective à gagner, ce qui a conduit les banques à sortir de leur rôle qui est celui de financer l’économie. Elles se sont impliquées massivement (avec l’argent de leurs clients) dans des placements hasardeux, c’est-à-dire des achats fréquents de titres émis par des institutions et États dans l’impossibilité d’honorer toutes leurs échéances. La crise financière entraîne une crise économique : les banques qui ont perdu en créances douteuses et en valeur de leur capital (chute des cours) disposent de moins de liquidités pour financer l’économie nationale (notamment les PME et les ménages). Les États surendettés ne pouvaient faire le travail de leurs banques (prêter pour relancer l’économie) ou se substituer à elles (distribuer des aides aux PME victimes d’une crise de trésorerie et aux ménages pour éviter la chute de la consommation), parce que leurs déficits budgétaires ont largement dépassé le niveau supportable. Dix-huit sommets européens en 2011 n’ont pas endigué cette crise qui tend à se transformer en récession à partir du troisième trimestre.

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Extrait de "Le grand livre de l'économie", Eyrolles (20 septembre 2012)

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