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Cristiano Ronaldo mérite-t-il d'être le joueur le plus détesté de la Coupe du monde de football ?
©Reuters

Bonnes feuilles

Antoine Grynbaum et Marco Martins s'intéressent à la star mal-aimée mais fascinante du football mondial et analysent son parcours sportif et ses influences. Extrait de "Cristiano Ronaldo, orgueil, gloire, et préjugés", publié chez Solar (2/2).

Marco Martins

Marco Martins

Marco Martins, journaliste portugais spécialiste du football lusitanien, travaille pour RFI et Radio Alfa et comme correspondant en France de Record, l’un des plus grands quotidiens sportifs portugais.
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Antoine Grynbaum

Antoine Grynbaum

Antoine Grynbaum est journaliste sportif indépendant et commentateur de matchs de football. Il a déjà publié Foot et politique, les liaisons dangereuses et La Face cachée du sport aux éditions Gawsewitch.

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Un peu plus approfondie, l’analyse de Nuno Farinha, journaliste à Record, l’autre grand quotidien sportif portugais : « La principale caractéristique de Cristiano Ronaldo, c’est qu’il ne laisse personne indifférent. On l’aime ou on le déteste. Ce résultat, c’est le fruit d’une personnalité arrogante ou hautaine pour ceux qui ne le connaissent pas bien. Cristiano donne l’impression que personne ne lui est supérieur. Il a une grande qualité technique sans aucun doute, mais je pense que le produit fi ni “Cristiano Ronaldo” est le résultat d’une énorme confi ance en lui*. » Beaucoup de personnes que nous avons rencontrées et qui le côtoient nous l’ont souvent répété : « Dans le privé, il est complètement différent de l’image qu’il donne en public. C’est un type sympa, un bon coéquipier. En tant qu’homme, il est très agréable avec, de temps en temps, des excès liés à son statut de star. L’image qu’il renvoie est une carapace pour se protéger, parce qu’il est souvent critiqué. Il n’est peut-être pas forcément facile à gérer au quotidien. Il est vrai que ce côté ego surdimensionné peut parfois donner l’impression d’une grande fi erté. » Ramón Calderón, ancien président du Real et qui l’a fait venir à Madrid, résume parfaitement les choses dans So Foot : « Ronaldo a raison de se considérer comme le plus beau et le plus fort, parce qu’il l’est. Mais le dire ne le rend pas aimable, surtout en Espagne où le péché capital, c’est l’envie. » L’une de ses anciennes petites amies, Nereida Gallardo, y va, elle, un peu plus fort : « Ronaldo est égocentrique. Il se prend pour Dieu sur Terre. Là, ce n’est plus un melon qu’il a, mais une pastèque. Dans sa maison, toute la décoration tourne autour de lui. Ses initiales brodées en cristaux Swarovski sont partout : sur les pieds de table, les serviettes de bain, les coussins. À chaque fois qu’il m’offrait des bijoux, il gravait toujours ses initiales dessus ! Chez lui, toute la vaisselle est siglée CR7. »

Il faut avouer que le Portugais fait tout pour être détesté. Petit fl orilège. Quand Forbes a estimé sa fortune à 160 millions de dollars, sa réponse fut : « Ce qu’a écrit ce journal est faux, ma fortune s’élève à 245 millions », rapporte So Foot. Ou encore : « C’est parce que je suis riche, beau et que je suis un grand joueur qu’on me siffl e. Les gens sont jaloux de moi. Je ne vois aucune autre explication. » Régis Dupont, journaliste à L’Équipe, ayant écrit de nombreux articles sur Ronaldo, est plus nuancé : « Il a une image assez fausse. Les gens pensent que c’est un insociable, qu’il ne pense à personne si ce n’est à lui. C’est vrai, mais comme tous les champions. Pour être à ce niveau-là, il faut être égocentrique. Mais ça ne l’empêche pas d’être agréable, poli, gentil avec les gens. Il ne faut pas oublier qu’il fait vivre toute sa tribu, sa famille et ses amis. Chez lui, il a un cuisinier, un ami d’enfance. Le musée Ronaldo à Madère, c’est pour occuper son frère [directeur du musée], pour le sortir de ses démons, de la toxicomanie. C’est Ronaldo qui a fi nancé les carrières de ses deux soeurs, l’une est chanteuse et l’autre travaille dans la mode. Sa mère est tout le temps à Madrid et s’occupe de Cristiano Júnior, le fi ls de Cristiano. Ronaldo est très proche de sa famille. L’image qu’il dégage ne correspond pas tout à fait à la réalité*. » La plupart de ses coéquipiers, que ce soit en club ou en sélection, apprécient Ronaldo malgré son ego démesuré. Pour Mark Ogden, journaliste sportif anglais au Telegraph et qui a interrogé Ronaldo plusieurs fois à l’époque où il évoluait à Manchester, « le Portugais a toujours été traité avec affection à United. Les gens garderont en mémoire son sens de l’humour, le respect qu’il a vis-à-vis de tous et surtout son éthique, son team spirit. Je me souviens d’une conférence de presse à Port Elizabeth, lors de la Coupe du monde 2010, après un match entre le Portugal et la Côte d’Ivoire. À un moment, le représentant de la Fifa avait lancé : “Plus de questions, c’est terminé.” Mais Ronaldo nous avait reconnus, nous les reporters anglais, et avait répondu : “C’est bon, je les connais, ils sont de Manchester”… Et il avait accepté de s’entretenir avec nous. C’est dire à quel point c’est un mec bien* ». Un autre exemple beaucoup plus profond : quelques jours avant d’être sacré Ballon d’or pour la deuxième fois de sa carrière, le Portugais invitera un jeune supporter du Real atteint d’un cancer lors d’un match entre le Real et le Celta Vigo. Ronaldo sait se montrer généreux.

Sur le plan familial, il a dû se libérer assez rapidement de la présence de son père, celui qui l’a appelé Ronaldo en hommage à Ronald Reagan, Ronaldo son deuxième prénom, Cristiano Ronaldo dos Santos Aveiro. Le Portugais conserve un souvenir très douloureux de son déracinement, à douze ans, quand il a quitté l’île de Madère pour Lisbonne et le Sporting Portugal, à 1 000 kilomètres de son cocon. Dernier d’une famille de quatre enfants, il en est devenu le chef après le décès de son père en 2005. D’ailleurs, le Portugais s’entendra toujours très bien avec des managers paternalistes. László Bölöni, l’entraîneur qui l’a lancé chez les professionnels au Sporting en 2002, avait été invité par Ronaldo quand il a reçu son premier Ballon d’or en 2008. Il existe une relation très forte entre les deux hommes… Ronaldo conserve de très bonnes relations également avec Aurélio Pereira, son formateur à Lisbonne, Ferguson à Manchester, Scolari avec la sélection portugaise… Tout cela est en partie lié à son histoire, son père alcoolique, des repères familiaux un peu lâches. Évidemment, dans ces cas-là, un entraîneur un peu protecteur, à l’instar de ce que fut Guy Roux à Auxerre de longues années durant, était la meilleure des choses pour l’enfant de Madère.

Extrait de "Cristiano Ronaldo, orgueil, gloire, et préjugés", d'Antoine Grynbaum et Marco Martins, publié chez Solar, 2014. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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