Crise des coûts de l’énergie : cette proposition grecque malheureusement snobée par le reste de l’Europe<!-- --> | Atlantico.fr
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La centrale à charbon Emile Huchet de Saint-Avold (Moselle) a redémarré fin novembre pour faire face aux tensions sur le marché de l'électricité.
La centrale à charbon Emile Huchet de Saint-Avold (Moselle) a redémarré fin novembre pour faire face aux tensions sur le marché de l'électricité.
©Frederick FLORIN / AFP

Proposition

La Commission européenne défend un grand principe – la transition énergétique – sans penser aux conséquences.

Thierry Bros

Thierry Bros

Thierry Bros est Expert énergie, professeur à Sciences Po Paris et Senior Energy Expert à l'Energy Delta Institute. Il est notamment l'auteur de "After the US shale gas revolution", publié aux Editions Technip et "Géopolitique du gaz russe" aux Editions L’inventaire.

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Atlantico : Que peut-on reprocher à la Commission européenne ?

Thierry Bros : Ce que je reproche à la Commission européenne, c’est qu’elle a défendu un grand principe – la transition énergétique – sans penser aux conséquences. Celle-ci va coûter tres cher. Le prix de l’électricité sur les marches de gros est fixé par le coût marginal de la centrale à gaz donc deux fois le prix du gaz additionné à 0,4 fois le prix du carbone. Si le prix du gaz reste identique et que le prix du carbone augmente, alors le prix de l’électricité va inévitablement augmenter. Donc on savait que même sans augmentation du prix du gaz, le prix de l’électricité allait quand même augmenter. Aujourd’hui, il y a environ 30 ou 40 euros par MWh qui est lié au prix du CO2. Face à l’urgence, il faut changer ce mecanisme.

La proposition grecque est-elle la solution idoine ?

Du côté espagnol, on fait porter la hausse du prix par le contribuable. Au bout d’un moment, les finances publiques ne vont plus supporter un tel poids. Il faut réussir à faire baisser durablement ce prix, et ce pour tout le monde, industriels comme résidentiels.

Il faut trouver un moyen de faire baisser durablement le prix de l'electricité. Et quand je regarde la proposition grecque, qui semble être intelligente, je me dis que c’est possible de changer les choses. Dans l’électricité, il y a deux électrons différents : ceux qui ont la priorité d’accès au réseau et ceux qui ne l’ont pas. Le décarboné a la priorité d’accès sur le réseau, et ne participe donc pas à l’équilibre. Les Grecs proposent donc de sortir tous ces électrons-là du système et ne garder un prix d’équilibre que pour les électrons qui font véritablement l’équilibre, à savoir le charbon, le gaz et les barrages hydroliques. Cela a deux mérites : d’abord, l’électron qui rentre sur le réseau avec priorité d’accès a d’une part cette priorité et d’autre part n’émet pas de CO2 donc le coût du CO2 dans le nucleaire, solaire ou l’éolien est égal à zéro. Ainsi, avec 70 % de décarboné dans votre mix, on va avoir pour les consommateurs un prix pondéré : 70% restera fixe, dépendant uniquement du coût réel de production, et 30% au prix du marché.

Et le nucléaire dans tout ça ? Avec le nucléaire francais, il y a une partie Arenh (46 euros le MWh) et le reste est vendu au prix de marché. La France applique donc déjà une partie de la proposition grecque sans le savoir ! L'idéal pour les Français serait une application de la proposition grecque en mettant le nucléaire avec priorité totale sur le réseau. L'éolien et le solaire seraient en concurrence avec le nucléaire pour les prix fixes. C’est vertueux parce que cela permet aussi de dire que si vous voulez plus de bas carbone, votre facture sera moins volatile. Mais si cela n’est pas fait, c’est en raison de la pression mise par les industriels des renouvelables qui souhaitent bénéficier d'un prix fixe lorsque le prix de marché est faible et du prix de marché lorsque celui-ci est élevé.

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