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Hollande, Sarkozy et leur crédibilité sur la dette : les Français votent sceptiques
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Sondage Atlantico/Ifop

Sondage exclusif ATLANTICO/IFOP, François Hollande légèrement plus crédible que Nicolas Sarkozy sur la dette, pour la première fois. Mais un Français sur deux ne fait confiance ni à l'un ni à l'autre.

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’Ifop.

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Atlantico : Quelles conclusions principales tirez-vous de cette étude consacrée à la crédibilité comparée de François Hollande et de Nicolas Sarkozy sur le thème de la dette ?

Jérôme Fourquet : Dans une situation de crise très profonde et de grande incertitude pour les Français, alors que la question de la dette et de la bonne gestion des finances publiques s’est invitée dans le début de la campagne présidentielle, un Français sur deux (49%) ne fait ni confiance au Président en place ni en son concurrent le plus sérieux.

Les Français ne semblent donc pas être convaincus ni par la politique menée jusque-là par Nicolas Sarkozy, ni par les propositions de François Hollande. Cela peut aussi illustrer le fait qu’une bonne partie de nos concitoyens, comme dans d’autres pays européens, pense que les Etats ne sont pas capables seuls aujourd’hui d’arriver à des budgets équilibrés et qu’il faudra qu’il y ait une tutelle européenne plus conséquente.

Enfin, soulignons que cette défiance populaire est restée stable depuis le mois d’août : par conséquent, ni la primaire socialiste, ni les différentes rencontres entre dirigeants européens n’ont pu atténuer ce scepticisme et cette défiance.

Parmi les deux personnalités suivantes, à qui faites-vous le plus confiance pour réduire la dette et les déficits publics si elle était élue président de la République en 2012 ?

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[1] Sondage Ifop pour Sud Ouest Dimanche réalisée du 2 au 5 août 2011 par questionnaire auto-administré en ligne auprès d’un échantillon de 1001 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

Depuis août dernier, la tendance semble être légèrement à la hausse pour François Hollande et à la baisse pour Nicolas Sarkozy…

Soyons prudents. Nous nous trouvons là dans les marges d’erreur de l’étude. Malgré tout, ce que l’on peut dire c’est que les dernières semaines ont permis à la fois au gouvernement (via les rencontres internationales) et au candidat du Parti socialiste (par la primaire) d’exposer leurs positions et d’argumenter sur les propositions des autres. Pourtant, à un ou deux points près, le rapport de forces entre Nicolas Sarkozy et François Hollande ne change pas, tout comme ne varie pas la défiance à leur égard.

François Hollande n’a donc pas bénéficié d’un « effet primaire » consécutif à sa forte médiatisation ?

Non. Mais Nicolas Sarkozy a lui aussi était médiatisé car il se trouve à la manœuvre du pays.  Encore une fois, restons prudents sur l’écart entre Sarkozy et Hollande, leur score est à peu près équivalent.

Par contre, la thématique de bonne gestion des finances publiques est historiquement plutôt favorable à la droite. Or, cette étude montre qu’aujourd’hui la droite incarnée par Nicolas Sarkozy n’a pas d’avance sur François Hollande, sur ce thème qui pourrait être primordiale lors de la présidentielle.

Ce bon score du candidat socialiste est-il lié à la récente primaire où il a bénéficié d’un important coup de projecteur ou s’agit-il d’un phénomène plus profond ?

Nous verrons dans les semaines à venir. L’intervention télévisée de Nicolas Sarkozy de ce jeudi soir sera en ce sens primordiale pour voir s’il parvient à convaincre l’opinion et à reprendre l’ascendant sur son opposant.

En août 2011, lorsque nous avions interrogé notre panel, Nicolas Sarkozy bénéficiait sur le thème de la dette d’une avance plus large sur Martine Aubry que sur François Hollande. Aujourd’hui il apparaît, au regard des résultats de cette étude, que François Hollande bénéficie  en matière de gestion des finances publiques d’une crédibilité équivalente à celle de Nicolas Sarkozy, alors qu’il n’est pas au pouvoir. Son inexpérience ministérielle et internationale semble donc pour l’instant ne pas lui causer du tort. Sur ce sujet, il devrait donc être un adversaire coriace pour Nicolas Sarkozy, en tout cas plus coriace que ne l’aurait été Martine Aubry.

Parmi les deux personnalités suivantes, à qui faites-vous le plus confiance pour réduire la dette et les déficits publics si elle était élue président de la République en 2012 ?

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Comment analysez-vous les différences de perception entre sympathisants de gauche et de droite ?

83% des sympathisants UMP soutiennent Nicolas Sarkozy, contre seulement 59% des sympathisants de gauche derrière François Hollande. Chez les sympathisants PS, le chiffre passe de 59 à 73% favorable à François Hollande, 4% pour Nicolas Sarkozy et 23% qui ne font confiance ni à l’un ni à l’autre. Nicolas Sarkozy bénéficie donc au final un peu plus du soutien de son propre camp que François Hollande.

Quant aux sympathisants du Front National, on voit bien qu’ils sont en rupture, ce qui correspond tout à fait au discours de Marine Le Pen.

Au-delà du clivage politique, qu’en est-il des divergences de perception entre les différentes catégories socio culturelles ?

Les catégories les plus touchées par la crise – c’est-à-dire les femmes, les jeunes (notamment les actifs de 35-49 ans) et les milieux populaires – sont celles qui sont le plus dans la défiance. Moins politisées que d’autres catégories, elles ne croient en aucun des deux candidats pour régler la question de la dette.

Cela est intéressant pour l’après 2012 : lorsqu’il faudra annoncer des réductions de dépenses publiques (programmes sociaux, subventions, allocations, etc) ou des taxes supplémentaires, il risque d’être compliqué de « faire passer la pilule » auprès des catégories populaires. Les lendemains pourraient donc être difficiles. C’est un élément qui semble avoir été perçu par François Hollande qui se montre très prudent dans les promesses qu’il formule aujourd’hui.

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Une dernière question à propos de François Bayrou : cette étude montre que les électeurs qui ont voté Bayrou en 2007 font plutôt confiance à François Hollande qu’à Nicolas Sarkozy (30% contre 19%, avec 51% qui ne font confiance ni à l’un ni à l’autre pour régler la question de la dette)…

Oui, son électorat de 2007 semble basculer aujourd’hui plutôt à gauche. Si l’on se concentre sur l’électorat du MODEM de 2007, le score est plus proche d’1/3, 1/3, 1/3 cependant.

Mais ce qui est intéressant, c’est que François Bayrou avait mis en 2007 la question de la dette au centre de son discours. Son électorat est donc sans doute sensible à ce thème et il y a effectivement une prime à François Hollande par rapport à Nicolas Sarkozy. Cette prime n’aurait sans doute pas existé si Martine Aubry avait été la candidate socialiste. C’est le résultat du positionnement plus centriste et modéré de François Hollande.

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Ce document présente les résultats d’une étude réalisée par l’Ifop. Elle respecte fidèlement les principes scientifiques et déontologiques de l’enquête par sondage. Les enseignements qu’elle indique reflètent un état de l’opinion à l’instant de sa réalisation et non pas une prédiction.

Aucune publication totale ou partielle ne peut être faite sans l’accord exprès de l’Ifop.

Cette étude a été réalisée par l'Ifop pour Atlantico sur un échantillon de 1006 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d’agglomération.

Les interviews ont eu lieu par questionnaire auto-administré en ligne (CAWI - Computer Assisted Web Interviewing), du 25 au 27 octobre 2011.

PRÉCISION RELATIVE AUX MARGES D’ERREUR

La théorie statistique permet de mesurer l’incertitude à attacher à chaque résultat d’une enquête. Cette incertitude s’exprime par un intervalle de confiance situé de part et d’autre de la valeur observée et dans lequel la vraie valeur a une probabilité déterminée de se trouver. Cette incertitude, communément appelée « marge d’erreur », varie en fonction de la taille de l’échantillon et du pourcentage observé comme le montre le tableau ci-dessous :

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Exemple de lecture du tableau : dans le cas d’un échantillon de 1000 personnes, si le pourcentage mesuré est de 10%, la marge d’erreur est égale à 1,8. Le vrai pourcentage est donc compris entre 8,2% et 11,8%.

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