Covid-19 : l’heure de la pandémie des vaccinés a sonné <!-- --> | Atlantico.fr
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Une membre du personnel soignant vaccine une femme contre la Covid-19. Le variant Omicron soulève de nombreuses questions sur la protection vaccinale.
Une membre du personnel soignant vaccine une femme contre la Covid-19. Le variant Omicron soulève de nombreuses questions sur la protection vaccinale.
©jody amiet / AFP

Efficacité vaccinale

Si l’efficacité des vaccins, renforcés des boosters, n’est absolument pas remise en cause pour protéger des formes graves, la baisse rapide des défenses immunitaires post injection et les nombreux trous dans la raquette de la stratégie sanitaire gouvernementale réservent aux vaccinés un hiver nettement moins insouciant que celui qu’ils espéraient.

Claude-Alexandre Gustave

Claude-Alexandre Gustave

Claude-Alexandre Gustave est Biologiste médical, ancien Assistant Hospitalo-Universitaire en microbiologie et ancien Assistant Spécialiste en immunologie. 

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Atlantico : Que sait-on actuellement de la circulation du variant Omicron ?

Claude-Alexandre Gustave : Nous avons peu d'informations sur la circulation du variant Omicron en France. Le dernier bulletin de Santé Publique France indiquait 59 cas confirmés au 9 décembre, alors que le tracker de l’université d’Oxford montre que 7% des séquences françaises étaient associées à Omicron. Ce qui est certain c’est que c’est une circulation active. On voit à l’étranger qu’il progresse très vite. Le temps de doublement aux Etats-Unis et en Afrique du Sud est de 2 jours. C’est-à-dire une croissance des cas de 350% par semaine. C’est 1,5 jours en Angleterre. Si cette tendance se maintient, il sera majoritaire dans quelques semaines. Il n’est pas certain qu’il va remplacer le variant Delta ou cohabiter avec lui. Omicron a une très forte transmissibilité qui se confirme sur plusieurs continents. Ce simple fait va peser sur les hôpitaux. La virulence a un impact linéaire, elle ne change pas le nombre de cas totaux, la transmissibilité a un impact exponentiel sur les cas. Nous n’avons pas encore de données fiables sur la virulence. Ce qu’on voit, c’est que l’Afrique du Sud a vu ses hospitalisations multipliées par 5, et que chez les jeunes, très peu vaccinés, l’impact du variant est majeur. Il y a plus de jeunes à l’hôpital en une semaine avec Omicron que ce qu’il y avait de plus de 40 ans avec Delta. Il y a aussi une forte hospitalisation des moins de 5 ans. Il faut rappeler qu’en Afrique du Sud, 70 % de la population a contracté le virus. Ma crainte est qu’actuellement avec Delta, les hôpitaux ont déjà du mal à encaisser la vague. Pourtant le variant est bien couvert par le vaccin. L’efficacité est supérieure à 90% sur les formes sévères. Et en France, pratiquement 90% des adultes sont vaccinés. Or les données sur Omicron montrent un très fort échappement immunitaire in vitro. Nous n’avons pas de données robustes de l’efficacité vaccinale, simplement de l’efficacité des anticorps in vitro contre ce variant. Plus le virus circule, plus il y aura mécaniquement de formes graves à l’hôpital et ça va coincer.

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Est-ce que l’on s’achemine vers une « épidémie de vaccinés » contaminés ou faisant des formes graves ?

La contamination est déjà là avec Delta. En Europe, on ne le voit pas car on ne mesure la circulation du virus qu’avec les tests de dépistages (sans symptômes pour une occasion spécifique) et les tests de diagnostics (chez les malades) qu’on a fait disparaître car l’efficacité vaccinale protégeait des formes symptomatiques et sévères. En France, on a le sentiment que le virus s’effondre, au Royaume-Uni on voit que ce n’est pas le cas car il y a des enquêtes épidémiologiques. Evidemment, avec et sans vaccin, le résultat n’est pas le même sur les formes sévères.

Sauf qu’avec Omicron, la protection vaccinale deviendrait moindre voire nulle...

Nulle c’est peu probable. Les gens vont continuer à bénéficier d’une protection résiduelle au moins contre les formes graves. De manière contre-intuitive, la protection contre les formes graves est celle qui nécessite le moins d’anticorps puisque ce sont ceux des tissus profonds. C’est pour se protéger des formes peu graves qu’il faut beaucoup d’anticorps et c’est surtout cela qui va s’effondrer. Les gens vont recommencer à avoir des symptômes type état grippal, perte d’odorat, etc. La réduction de la transmission, déjà fortement réduite avec Delta, va s’effondrer avec Omicron. La protection contre les formes sévères devrait mieux résister. Il est à noter que la protection vaccinale résiste mieux pour ceux qui ont été infectés par le virus avant de se faire vacciner, selon les données sud-africaines.  Contre les formes sévères, selon les données préliminaires, l’efficacité n’est plus que de 65 à 69%. Il y aura donc nécessairement une perte d’efficacité face à Omicron.

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L’hiver qui s’annonce est donc celui d’une vigilance renforcée, d’une troisième dose et de mesures collectives et individuelles renforcées ?

Le gouvernement reste sur une stratégie 100% vaccinale. C’est évidemment indispensable, mais cela ne suffira pas. On manque de recul sur les données sud-africaines et on ne sait pas ce que cela va donner en Europe. Il n’y a plus vraiment de marge de manœuvre sur les mesures de restriction auprès des populations donc il faut aller vers des mesures de prévention. La priorité sera donc de déployer la vaccination le plus vite possible. Il ne faut surtout pas oublier les non-vaccinés, d’abord, puis les doses de rappel. Après cela, il faut des mesures de prévention. La priorité va à une réelle aération des lieux clos, avec une vraie circulation de l’air afin d’évacuer les aérosols potentiellement contaminés. On peut le monitorer avec un capteur de CO2 (à conserver en dessous de 700 ppm). Cela changerait fortement le cours de l’épidémie et c’est assez léger à appliquer. Cela ne peut pas s’appliquer partout, notamment dans les commerces et les transports. Pour cela, il faut renforcer l’utilisation des masques FFP2 qui permettent d’éviter d’aspirer des aérosols plutôt que les masques chirurgicaux qui empêchent juste la diffusion de ses propres aérosols. Pour les lieux à risque, il faut agir sans fermer. Il faut penser sur le long terme. Pour l’école, l’INSERM l’a redit hier, il faut des tests itératifs, pas les quelques milliers que propose Blanquer. Surtout qu’un cas symptomatique chez les enfants est très rare, donc on rate énormément de chaînes de contaminations. Les tests itératifs compensent le manque de sensibilité des tests antigéniques par la répétition. Tant qu’on ne contrôlera pas l’école, on ne contrôlera pas l’épidémie. Le virus circule massivement à l’école, le taux de positivité y est à 19%. Si l’école n’est pas sécurisée, les adultes, même respectueux des gestes barrières, finiront contaminés par leurs enfants. Il faudrait aussi remettre en place le télétravail pour ceux qui le peuvent, en effet cela protège aussi ceux qui ne peuvent pas faire de télétravail et qui doivent se rendre au bureau en utilisant les transports en commun. Ces mesures ne sont pas suffisantes seules mais elles se cumulent. Mais les appels sur le sujet restent lettre morte et rien n’est fait. On sait depuis juin, notamment grâce à Israël, qu’il faudra une troisième dose. Ce qui est rageant c’est que l’on dispose de tous les outils pour contrôler l’épidémie et on va quand même dans le mur. Communiquer sur le vaccin comme étant le Graal était une erreur. L’OMS l’avait dit avant même le début de la vaccination, une stratégie uniquement vaccinale ne peut pas fonctionner. On a eu des mois pour mettre en place le contact tracing et on ne l’a pas fait, TousAntiCovid ne marche pas. On fait du Stop and go plutôt que du préventif et à un moment ça ne fonctionnera plus.

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