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Coup de chaud sur l’Arctique mais froid record en Sibérie ou en Amérique du Nord : des scientifiques pensent avoir détecté un nouveau schéma climatique là pour durer
©Reuters

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Le pôle nord connaît un réchauffement particulièrement important, en ces périodes de fêtes, pour la deuxième année consécutive. Une situation inquiétante tant elle est révélatrice de la dérégulation climatique mondiale.

Myriam Maestroni

Myriam Maestroni

Myriam Maestroni est présidente d'Economie d'Energie et de la Fondation E5T. Elle a remporté le Women's Award de La Tribune dans la catégorie "Green Business". Elle a accompli toute sa carrière dans le secteur de l'énergie. Après huit années à la tête de Primagaz France, elle a crée Ede, la société Economie d'énergie. 

Elle est l'auteure de plusieurs ouvrages majeurs: Intelligence émotionnelle (2008, Maxima), Mutations énergétiques (Gallimard, 2008) ou Comprendre le nouveau monde de l'énergie (Maxima, 2013), Understanding the new energy World 2.0 (Dow éditions). 

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Atlantico : Plusieurs chercheurs mettent en garde contre la hausse des températures dans l'Arctique, certains modèles de projection prévoyant une hausse des températures pour cette période des fêtes de 20 à 30 degrés par rapport aux normales de saison. Qu'est-ce qui explique ce phénomène ?

Myriam Maestroni : On assiste clairement à un réchauffement climatique généralisé. L'année la plus chaude sur Terre était 2014, avant d'être battue par 2015. Et pourtant, les prévisions laissent à penser que 2016 va exploser tous les records en matière de température. Mois après mois, les niveaux de température sont systématiquement dépassés. Actuellement, et par comparaison avec l'ère préindustrielle, nous avons gagné 1.2 degrés environ. Bien évidemment, 2016 aura été impactée par le phénomène El Niño, lequel renforce indéniablement la tendance, mais celle-ci s'observe au-delà de ce seul élément. Et elle s'observe dans le temps, durablement.

Cet été, par exemple, la concentration annuelle moyenne de CO2 mesurée à Mauna Loa (Hawaï) a franchi le cap pourtant très symbolique des 400 ppm (parties pour million, unité de mesure du taux de CO2 dans l'atmosphère). C'est, rappelons-le, le principal gaz à effet de serre. Lesquels sont en partie non négligeable responsables du réchauffement climatique.

Le réchauffement climatique est un phénomène universel qui touche évidemment l'Arctique. Malheureusement, le phénomène de réchauffement y est encore plus spectaculaire qu'ailleurs. C'est dû à la fonte des glaces qui, en plus d'augmenter le niveau des eaux, contribue aussi à les réchauffer. Cette problématique a été abordée pendant la Cop 21. Le 5ème rapport du GIEC, rendu en 2014 établissait le caractère indéniable du changement climatique. Il établissait également le fait que le changement climatique relevait à 95% de l'activité humaine. C'est la principale cause de la concentration des gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Ce rapport notait déjà les écarts de température et permet de mesurer l'accélération du réchauffement. En 2014, nous étions à +0.85 °. Nous sommes désormais à + 1.2 °. C'est énorme. La conférence de Paris, rappelons-le, a pour objectif de limiter cette montée d'abord à +2 ° puis à +1.5 °. Nous sommes d'ores et déjà à +1.2 °.

Les réserves de glace dans l'Arctique diminuent. Ce phénomène accélère le réchauffement ainsi que la montée des eaux (+ 19 centimètres entre 1901 et 2010, en moyenne). 

Cette hausse des températures dans l'Arctique a déjà été observée l'année dernière. Assisterions-nous là une tendance durable ? Quelles pourraient être les conséquences de ce réchauffement pérenne de l'Arctique ? 

Comme nous l'expliquions plus tôt, on assiste malheureusement à un consensus sur le réchauffement climatique aujourd'hui. Dans l'Arctique tout spécialement, on constate la fonte du permafrost, le recul des glaciers et la disparition de la banquise. Ce phénomène est, hélas, durable. Il a des conséquences directes sur le niveau des eaux. Dans moins de 100 ans, National Geographic estime que cela engendrera une reconfiguration totale de l'intégralité de nos côtes. Certaines sont évidemment menacés.

Il y a également, évidemment, un impact sur les populations et les écosystèmes locaux. Cependant, au final, ce qui inquiète le plus c'est le rôle de l'Arctique dans le climat mondial. Le Pôle Nord joue un rôle très spécifique dans le climat mondial, que le réchauffement est en train de déréguler complètement. Concrètement, les changements y sont plus intenses qu'ailleurs : les températures ont augmenté presque deux fois plus rapidement dans l'Arctique que dans le reste du monde. Cela se répercute durement sur l'ensemble de la planète, dans la mesure où cela aggrave les effets déjà nocifs du réchauffement climatique global. 

Selon toutes les prévisions, la banquise devrait continuer à disparaître de façon drastique. L'ensemble de la zone Arctique se contracte. Les effets sur la planète sont multiples. On trouve davantage d'eau douce dans les océans, ce qui entraîne une perturbation des courants marins et donc l'Atlantique… Des impacts sur la biodiversité, mais aussi sur les zones boisées, l'aquaculture, etc. Enfin, cela joue aussi sur les évènements climatiques extrêmes, très nombreux dans l'année 2016 (incendies, inondations, tempêtes, etc).

De quels moyens disposons-nous pour lutter contre cette situation ? Dans quelle mesure les décisions prises lors de la Cop 21, par exemple, permettraient-elles d'y remédier ?

Le lien entre le réchauffement climatique et les gaz à effet de serre est désormais clairement établi. La solution passe donc nécessairement par une réduction nécessaire de l'émission de ces gaz. Concrètement, il s'agit de réduire en priorité l'utilisation de combustibles fossiles (responsables en grande partie de l'émission de CO2). C'est l'un des objectifs assumés de la transition énergétique, qui vise à passer des énergies fossiles à l'utilisation de sources d'énergie renouvelable. C'est la première mesure à prendre, qui a été largement débattue à la Cop 21. Des objectifs ont d'ailleurs été donnés à chaque pays, afin qu'ils réduisent leurs émissions de gaz à effet de serre.

Au sein des pays occidentaux, il m'apparaît important de réfléchir à l'efficacité énergétique et à la réduction de notre consommation énergétique. En France et plus généralement en Europe, un logement sur deux est dans une situation de surconsommation énergétique. La consommation énergétique des logements les plus anciens est 6 à 9 fois supérieure à ce qu'elle devrait être. Il y a d'énormes progrès à faire et l'intégralité d'entre nous est concernée. C'est à la fois une problématique liée aux comportements et à d'importants travaux de rénovation énergétique.

Il faudra aussi accompagner les pays les moins avancées énergétiquement parlant qui cherchent à s'équiper. Plus d'un milliard de personnes n'ont pas accès à l'énergie. Il convient d'en optimiser l'accès à l'avenir. Enfin, il faut prévoir des mesures d'interdiction : 85% des ressources fossiles doivent rester dans le sol. Nous n'avons jamais eu autant de signes d'un dérèglement climatique qu'aujourd'hui et pourtant on assiste à une résurgence inquiétante du climatoscepticisme.

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