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Corée du Nord, expansionnisme chinois, sur-armement japonais : 2018 ou l’année du déclenchement d’une 3ème guerre mondiale depuis l’Asie ?
©Reuters/KCNA KCNA

Poudrière

La Corée du Nord dirigée par un Kim Jong Un toujours plus fanatique d'un côté, et les États-Unis de Trump de l'autre... La situation semble s'envenimer en Asie du Sud-est, sans compter que la Chine, le Japon, et la Corée du Sud se retrouve partie prenante du bras de fer.

Jean-Vincent Brisset

Jean-Vincent Brisset

Le Général de brigade aérienne Jean-Vincent Brisset est chercheur associé à l’IRIS. Diplômé de l'Ecole supérieure de Guerre aérienne, il a écrit plusieurs ouvrages sur la Chine, et participe à la rubrique défense dans L’Année stratégique.

Il est l'auteur de Manuel de l'outil militaire, aux éditions Armand Colin (avril 2012)

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Atlantico : Alors que la Corée du Nord poursuit ses tests nucléaires et de missiles intercontinentaux, et que le Japon et les États-Unis de Donald Trump semblent se préparer à une riposte, voire une offensive, peut-on parler de risque de troisième guerre mondiale ?

Jean-Vincent Brisset : Je ne crois pas, parce que d'une part la Corée du Nord est loin du territoire américain, et d'autre part elle n'a pas encore les moyens d'atteindre ce territoire. Si la Corée du Nord a des armes nucléaires, elles se dénombrent sur les doigts d'une main. Dans le pire des cas ça serait peut-être une, deux ou trois armes nucléaires au maximum qui seraient capables d'atteindre le sol américain. Une telle attaque serait tout d'abord sur le plan international une justification de toutes les sanctions qui ont été prises jusqu'à maintenant, et ensuite cela justifierait une riposte tout à fait violente de la part des États-Unis.

En fait, l'essentiel des changements en Corée du Nord ont eu lieu sous la présidence Obama, où personne n'a rien fait pour contrer la montée en puissance de la Corée du Nord au nom de la patience stratégique. Il n'y a pas eu grand chose avec Bush Jr., les dernières vraies actions remontent à l'administration Clinton.

Est-ce que le Japon ou les États-Unis sont capables de prendre l'initiative de frappes militaires sur la Corée du Nord ?

Le Japon comme les USA ont effectivement cette possibilité, mais ont-ils intérêt à agir ? Contrairement à ce que l'on entend, les choses se ralentissent plutôt côté nord-coréen. Il y a bien des tests d'arme, mais qui sont des résultats de programmes engagés avant l'époque actuelle. Il faut noter que la Corée du Nord a aussi perdu le peu de soutien qu'elle avait de la Chine, ce qui est un vrai changement.

Quant à Trump, c'est sûr que la manière dont il se conduit n'est pas conforme à ce qui est enseigné à Sciences Po. Mais si on juge la situation à tête reposée, il n'y a pas eu de grosses actions nord-coréennes depuis quelques mois maintenant, et la Corée du Nord se positionne pour faire un moratoire sur son développement nucléaire, comme a pu le faire le Pakistan. Au final, si on laisse faire pour la Corée du Nord, on se retrouve dans une situation où l'on peut apaiser beaucoup les choses. Si le régime nord-coréen se perpétue, cela arrange grandement la Chine, et même les États-Unis, qui pourraient un peu lâchement fermer les yeux.

Alors que l'ONU vient de voter une nouvelle vague de sanctions contre la Corée du Nord, pensez-vous que cela aura un impact réel sur la situation ?

La Chine s'est encore donné quelques semaines pour appliquer les sanctions. L'administration Trump a obtenu que la Chine décide d'énormément de sanctions par rapport à ce qui avait été obtenu précédemmment. Jusqu'à maintenant la Chine annoncait qu'elle allait mettre en place des sanctions, mais ne le faisait pas vraiment. C'est un changement très net. Dans les faits, il n'y plus d'alliance entre la Corée du Nord et la Chine, car cette dernière ne se porterait pas à son aide en cas d'attaque militaire. Et même les relations d'entraides sont en train de disparaître entre les deux pays. Donc la situation bouge...Et je pense que ça serait très bien si ça s'arrêtait là. L'idée d'un moratoire sur le nucléaire m'intéresse car elle permettrait de sortir par le haut – quoiqu'un peu lâchement – de cette situation. De là à parler de probabilité, avec la Corée du Nord d'un côté, et l'Amérique telle qu'elle est en ce moment, ça me paraît difficile. Ce qui serait intéressant si cela fonctionne, s'il y a une sortie de crise, c'est que cela acterait la mort d'un système où la direction du monde est assurée par des gens qui ont une formation de type Science Po. Pour moi c'est là où se situerait le vrai changement.

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