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Convention citoyenne pour le climat : le gouvernement attend les conclusion de sa nouvelle illusion
©IAN LANGSDON / POOL / AFP

Société civile

Dimanche 21 juin, à l’issue de sa septième session de travail, la convention citoyenne pour le climat (composée de 150 citoyens tirés au sort) rendra ses conclusions. A quoi peut-on s'attendre de la part de l'exécutif quant au respect ou non de ces propositions ?

Maxime Tandonnet

Maxime Tandonnet

Maxime Tandonnet est essayiste et auteur de nombreux ouvrages historiques, dont Histoire des présidents de la République Perrin 2013, et  André Tardieu, l'Incompris, Perrin 2019. 

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Atlantico.fr :  La convention citoyenne pour le climat, représentée par 150 membres de la société civile, s'apprête à adopter ce week-end des propositions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Dans la mesure où le rapport ne semble pas prendre en compte le financement et le coût économique des propositions, à quoi peut-on s'attendre de la part de l'exécutif quant au respect ou non de ces propositions ?

Maxime Tandonnet : Dans le contexte actuel d’effondrement de la croissance, d’explosion des faillites, des déficits et du chômage l’aggravation des problèmes sociaux et de la pauvreté, il est peu probable que la mise en œuvre concrète de ce programme soit au cœur des priorités immédiates du gouvernement. Le fait que ces dispositions ne soient pas financées ne va pas changer grand-chose. Dans la politique française actuelle, tout n’est plus que communication, postures, effets d’annonce. La question du climat et de l’environnement trouvera donc tout son intérêt sur le plan de l’image et de la manipulation politique. L’essentiel sera de faire croire qu’il se passe quelque chose de nouveau. Mais cela n’a rien à voir avec des mesures concrètes. Il s’agira de récupérer les idées pour en faire des promesses et des chimères qui permettront de gagner des points de popularité et éventuellement les futures élections, mais c’est tout. Le réel, comme toujours, n’a aucune importance dans ce schéma. Tout ce qui compte, c’est le jeu des apparences et des illusions dans un objectif d’image. 

Leur adoption pourrait passer non seulement par la voie parlementaire, mais aussi par référendum pour certaines propositions, notamment en ce qui concerne d'éventuelles modifications constitutionnelles en débat (l'inscription de la lutte contre le réchauffement climatique dans la loi fondamentale etc.) Quelle pertinence aurait un référendum en une telle situation ?

D’abord le changement constitutionnel serait dérisoire. Une constitution a pour objectif de définir les quelques grands principes d’une communauté politique et les règles du jeu du pouvoir. Elle ne doit pas servir comme outil de propagande. Sinon, si chaque majorité la nourrit de ses thèmes de prédilection, elle deviendra un pot-pourri totalement illisible et dont la portée sera banalisée et relativisée. C’est encore un signe d’impuissance et de refus de l’action authentique. Quand on ne sait pas que faire ni comment faire, il ne reste plus qu’à inscrire dans la Constitution… C’est comme l’idée d’inscrire l’équilibre budgétaire dans la Constitution. On est incapable de faire, alors on constitutionalise. Quant à un référendum sur le climat, ce serait une très mauvaise idée. Un référendum doit servir à trancher sur un sujet de société crucial pour la nation. Sauver l’environnement, sauver le climat, tout le monde est pour évidemment. Pourquoi pas un référendum contre la pauvreté, contre la maladie, contre la violence, contre la souffrance ? Une telle initiative apparaîtrait comme une manœuvre politique et ne susciterait qu’une abstention gigantesque.   

Comment s'assurer que le gouvernement s'engage concrètement dans une transition écologique efficace et que les propositions soient réellement écoutées et mises en oeuvre ?

Il faudrait dire la vérité et en finir avec toute forme de démagogie ou de manipulation sur l’environnement, par exemple en disant clairement qu’il n’y a pas de pire conséquence pour l’environnement que la substitution des énergies fossiles au nucléaire comme l’a fait l’Allemagne. L’utilisation du charbon est l’une des grandes sources de pollution. On a besoin de vérité et de transparence plutôt que d’idéologie dans ce domaine. Il faudrait dire aussi la vérité sur le rapport coût avantages des éoliennes et leur impact sur les paysages. Pourquoi tout ceci est-il tabou ? Ces sujets doivent être traités en dehors de tout calcul politicien, engageant le pays sur plusieurs décennies par-delà les majorités et les alternances dans le cadre de programmes pluriannuels et consensuels. En outre, un pays isolé comme la France ne détient pas seul la solution. La part de la France dans l’industrie mondiale est aujourd’hui de moins de 10%. La sauvegarde du climat est un enjeu planétaire. S’il faut montrer l’exemple, il faut aussi et surtout convaincre et entraîner les partenaires européens et les grandes nations industrielles notamment la Chine et les Etats-Unis.

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